GRAN
TORINO
De
et avec Clint Eastwood
Etats
Unis
2008
Drame
social
Synopsis :
Walt
Kowalski, un américain dont les ascendants étaient d’origine polonaise, vient
de perdre son épouse…
Le
film commence par l’enterrement de cette dernière…
Walt
mène une vie paisible et taciturne, ponctuée entre visites chez son ami barbier
et sirotant des canettes de bières installé devant chez lui avec sa chienne,
fidèle animal de compagnie…
Mais
bientôt son petit quotidien sans histoires va se retrouver perturbé avec ses
voisins asiatiques…
Le
jeune fils de cette famille étant agressé, Kowalski (excédé) prend parti pour
lui et le défend face à ses agresseurs, ceux-ci prennent la fuite !
Le
lendemain, toute la famille apporte des offrandes à Kowalski qu’ils considèrent
comme un héros…
Dans
un premier temps Kowalski va refuser ces cadeaux…
Puis
il va se prendre d’affection pour la jeune fille et son frère issus de cette
famille asiatique et tenter de réinsérer le jeune en l’aidant à rentrer sur un
chantier tenu par un de ses amis…
Jusqu’au
jour où tout bascule !
Mon
avis :
D’une
noirceur extrême proche des plus grandes tragédies modernes, « Gran
Torino » est un film superbe et implacable, Eastwood arrive à émouvoir et
entrelacer le spectateur face à une intrigue humaniste mais au final très amer,
proche du mythe du « martyr » et de l’ange repenti et salvateur,
déchu de sa vie et de la signification qu’il essayait de donner à son
existence…
Magistralement
interprété et exempt du moindre voyeurisme, « Gran Torino » est d’une
justesse de propos sidérante, bien interprété avec une galerie de personnages
cosmopolite et parfois désorientée, le personnage d’Eastwood servant de
régulateur dans tout ce melting pot, du moins essayant de ramener de l’ordre à
tout ce chaos ambiant (certains y ont vu un parallèle amoindri avec Dirty
Harry, personnage antérieur mythique de Clint)…
Un
sacré coup de vieux tout de même ! car en plus de la vieillesse, Kowalski
est malade (probablement un cancer des poumons) et crache du sang, fumant
clopes sur clopes …
Dénigré
par son propre fils, Walt reporte (in)consciemment son affection sur les jeunes
asiatiques, n’hésitant pas à s’intégrer/intégrer leur domicile lors d’un repas
pantagruélique, ceci entérinant le côté fusionnel qu’il a pour ces derniers,
les considérant un peu comme ses propres enfants, par un côté empathique appuyé
subtilement…
Le
final n’en est que plus bouleversant et déstabilisant, transcendant le sauveur
en martyr (certains y ont vu la mort du Christ, tombant du ciel à la terre les
bras en croix, le sang coulant sur les mains) mais je crois qu’Eastwood a voulu
par là amener une dimension mystique au métrage, amenant presqu’un aspect
nihiliste à son œuvre, ôtant le côté banal de l’histoire pour en faire un
authentique chef d’œuvre du genre, lyrique et dramaturgique…
On
en sort bouleversés et hagards !
« Gran
Torino » est l’un des témoignages sincères et émouvants d’un dinosaure du
cinéma américain, dernier des mythes hollywoodiens encore en activité à l’issue
implacable et inoubliable !
Par
un torrent de spiritualité et d’émotivité, Eastwood déverse une leçon de
tolérance et de vie par le biais du film, particulièrement abouti dans sa
démarche et le propos de « Gran Torino » est à mille lieues du cinéma
contemporain habituel, codifié par des grandiloquences et des exubérances.
Une
grande intelligence et une pudeur absolues l’amène au rang de mythe
cinématographique, érigeant Eastwood au panthéon des réalisateurs/acteurs d’outre
Atlantique.
Sans
concession mais à la mise en scène effilée, « Gran Torino » restera
gravé dans l’esprit de tous ceux qui l’auront vu…
Note :
9.5/10
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