samedi 21 avril 2012

GRAN TORINO, Clint Eastwood, 2008


GRAN TORINO

De et avec Clint Eastwood

Etats Unis

2008

Drame social

Synopsis :

Walt Kowalski, un américain dont les ascendants étaient d’origine polonaise, vient de perdre son épouse…

Le film commence par l’enterrement de cette dernière…

Walt mène une vie paisible et taciturne, ponctuée entre visites chez son ami barbier et sirotant des canettes de bières installé devant chez lui avec sa chienne, fidèle animal de compagnie…

Mais bientôt son petit quotidien sans histoires va se retrouver perturbé avec ses voisins asiatiques…

Le jeune fils de cette famille étant agressé, Kowalski (excédé) prend parti pour lui et le défend face à ses agresseurs, ceux-ci prennent la fuite !

Le lendemain, toute la famille apporte des offrandes à Kowalski qu’ils considèrent comme un héros…

Dans un premier temps Kowalski va refuser ces cadeaux…

Puis il va se prendre d’affection pour la jeune fille et son frère issus de cette famille asiatique et tenter de réinsérer le jeune en l’aidant à rentrer sur un chantier tenu par un de ses amis…

Jusqu’au jour où tout bascule !

Mon avis :

D’une noirceur extrême proche des plus grandes tragédies modernes, « Gran Torino » est un film superbe et implacable, Eastwood arrive à émouvoir et entrelacer le spectateur face à une intrigue humaniste mais au final très amer, proche du mythe du « martyr » et de l’ange repenti et salvateur, déchu de sa vie et de la signification qu’il essayait de donner à son existence…

Magistralement interprété et exempt du moindre voyeurisme, « Gran Torino » est d’une justesse de propos sidérante, bien interprété avec une galerie de personnages cosmopolite et parfois désorientée, le personnage d’Eastwood servant de régulateur dans tout ce melting pot, du moins essayant de ramener de l’ordre à tout ce chaos ambiant (certains y ont vu un parallèle amoindri avec Dirty Harry, personnage antérieur mythique de Clint)…

Un sacré coup de vieux tout de même ! car en plus de la vieillesse, Kowalski est malade (probablement un cancer des poumons) et crache du sang, fumant clopes sur clopes …

Dénigré par son propre fils, Walt reporte (in)consciemment son affection sur les jeunes asiatiques, n’hésitant pas à s’intégrer/intégrer leur domicile lors d’un repas pantagruélique, ceci entérinant le côté fusionnel qu’il a pour ces derniers, les considérant un peu comme ses propres enfants, par un côté empathique appuyé subtilement…

Le final n’en est que plus bouleversant et déstabilisant, transcendant le sauveur en martyr (certains y ont vu la mort du Christ, tombant du ciel à la terre les bras en croix, le sang coulant sur les mains) mais je crois qu’Eastwood a voulu par là amener une dimension mystique au métrage, amenant presqu’un aspect nihiliste à son œuvre, ôtant le côté banal de l’histoire pour en faire un authentique chef d’œuvre du genre, lyrique et dramaturgique…

On en sort bouleversés et hagards !

« Gran Torino » est l’un des témoignages sincères et émouvants d’un dinosaure du cinéma américain, dernier des mythes hollywoodiens encore en activité à l’issue implacable et inoubliable !

Par un torrent de spiritualité et d’émotivité, Eastwood déverse une leçon de tolérance et de vie par le biais du film, particulièrement abouti dans sa démarche et le propos de « Gran Torino » est à mille lieues du cinéma contemporain habituel, codifié par des grandiloquences et des exubérances.

Une grande intelligence et une pudeur absolues l’amène au rang de mythe cinématographique, érigeant Eastwood au panthéon des réalisateurs/acteurs d’outre Atlantique.

Sans concession mais à la mise en scène effilée, « Gran Torino » restera gravé dans l’esprit de tous ceux qui l’auront vu…

Note : 9.5/10





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