POSSESSION
D’Andrzej Zulawski
Avec Isabelle Adjani, Sam Neill
France/Allemagne
1981
118 minutes
Drame fantastique
Synopsis :
Anna, une jeune femme brune au corps superbe
et à la personnalité ténébreuse et énigmatique, vit à Berlin à l’époque où le
mur existait encore…
Son mari rentre après un long voyage
professionnel, l’accueil est glacial !
Soupçonnant sa femme de schizophrénie et
d’infidélité, le mari fait engager un détective afin de percer le mystère de la
névrose obsessionnelle qui s’est emparée d’Anna…
L’agence n’a plus de nouvelles du détective…
Le mari se lie d’amitié avec l’institutrice
de son fils (qui ressemble étrangement comme deux gouttes d’eau à Anna !),
un garçonnet d’une huitaine d’années…
Puis tout part en vrille, c’est le chaos le
plus total ! aussi bien dans le couple que dans l’environnement, Anna se
mutile avec un couteau électrique, pique des crises de folie proche du
délirium…
En fait Anna entreprend une liaison amoureuse
avec une créature, un monstre visqueux et tentaculaire !
Est-ce son imaginaire ou la réalité ?
Devant l’impossibilité à décoder ce mal être
qui ronge la jeune femme, son époux va envisager le pire !
L’enfer est proche et il sera ponctué par une
folie brutale et foudroyante pour tout le monde !
Mon avis :
« Possession » est un IMMENSE CHOC
aussi bien sur le plan visuel que narratif !
Une plongée ultra glauque dans l’enfer
labyrinthique de la schizophrénie ponctuée de passages terribles car emplis de
folie névrotique, d’angoisse lancinante décuplée par une brutalité et une
sauvagerie absolue et inédite au cinéma !
Zulawski se sert de l’environnement qui
entoure ses personnages comme d’un levier dans le désordre mental et l’absence
de cohérence psychanalytique, multipliant les plans chocs (souvent gores et
horribles à regarder !) afin d’y inclure une mise en scène brillante,
exploitant les peurs de chacun et détournant le bon sens et la réalité pour
arriver à une alchimie onirique, ou plutôt cauchemardesque ! (ici ce n’est
pas « Alice au pays des Merveilles » mais « Anna dans le dédale
de la démence » !)…
Certes, ce spectacle visuel et viscéral
pourra déconcerter et déstabiliser les trois quarts des spectateurs lambda, car
ici RIEN N’EST CONFORME OU CONFORMISTE avec ce que l’on connait du cinéma,
c’est ce qui fait la singularité du métrage, balayant les conventions établies
et opérant sur un terrain miné, marchant sur des œufs à chaque minute et ne
reculant devant aucune trouvaille pour appuyer son propos, déjà totalement
barré voire hermétique !
Et ADJANI !
Alors là, elle est au summum de ce qu’une
actrice peut donner dans un rôle !
ELLE DONNE TOUT !
Ses tripes, son talent, elle rend crédible à
tous points de vue une psychose passant par le corps d’une frêle jeune femme,
atteinte de démence au dernier degré et piquant des crises ! (la scène du
métro est extraordinaire, elle y exécute une transe, proche d’une
« danse » macabre et infernale !)…
La séquence du couteau électrique où Anna
découpe la viande et la hache rappelle un peu la symbolique de la viande morte
putride comme celle d’un cadavre prêt à partir « ad patres » et fait
croître l’angoisse chez le spectateur de manière soutenue et tétanique…
Le « monstre » difforme élaboré par
Carlo Rambaldi (décédé il y a peu de temps) est une nouvelle fois complètement
inédit et son côté crasseux, poisseux et baroque, végétant dans l’appartement
d’un immeuble-taudis aux papiers peints dégueulasses fait infléchir à 360
degrés la sensation de confort pour augmenter l’anxiogènéité d’un film
sacrément culotté et unique en son genre !
Adjani y interprète deux rôles, celui d’Anna
et celui de l’institutrice, et trouve sa composition la plus aboutie, elle est
sensationnelle !
Sam Neill est excellent également, je ne vois
pas ce qu’il y aurait à redire au niveau de la direction des comédiens …
Zulawki assène un énorme coup de massue à son
public et grave à jamais une pierre angulaire dans le panorama du cinéma
fantastique, par un appui graphique et une atmosphère schizoïde et déjantée qui
fera date, n’en doutons pas…
A voir absolument et en étant bien accroché à
son fauteuil !
Note : 10/10