THE KING
OF NEW YORK
d'Abel
Ferrara
Etats Unis
1990
avec Christopher Walken, Lawrence Fishburne,
Wesley Snipes
97 minutes
Polar atmosphérique
Synopsis :
Malfrat de très grande envergure, Frank White
sort de prison après y avoir purgé une longue peine...
Il a été trahi par divers trafiquants et
commence par faire un ménage par le vide en abattant méthodiquement tous ceux
qui ont pris la part du gâteau lorsqu'il était incarcéré...
Frank White ne fait pas l'unanimité au sein
de la pègre new yorkaise et plusieurs de ses acolytes sont arrêtés par la
police, qui jure de le mettre hors d'état de nuire par la même occasion...
White copine avec des trafiquants de cocaïne
hyper violents et semble ne voir qu'une seule issue à son rêve fou et
mégalomane : financer un hôpital local risquant de fermer pour cause de
faillite...
Il se voit même déjà maire de la ville !
Mais il se retrouvera rattrapé par son lourd
passé et les fusillades reprendront de plus belle !
Mon avis :
Abel Ferrara a déjà prouvé par le passé et
par le biais d'une filmographie prolixe qu'il s'attachait aux personnages
barrés ou hors des normes habituelles...
"The King of New York" ne déroge
donc pas à la règle et on assiste à un spectacle édifiant et sans fioritures
sur le crime organisé qui ne ménage pas les effets sanglants tout en refusant
de céder à la facilité...
Il y a une véritable recherche technique dans
le film, qui se vit de l'intérieur, un peu comme en apesanteur, avec une
variation de séquences planantes voire oniriques (comme l'avion qui décolle au
dessus de l'hôtel ou la fusillade nocturne finale retranchée dans les quartiers
pauvres de New York)...
Walken n'a pas besoin d'en faire des tonnes,
son regard ou sa prestance suffisent largement à faire de lui un personnage
ultra charismatique, Ferrara le sait et exploite l'aura de son comédien avec le
plus grand aplomb et la meilleure direction d'acteur qu'il soit, adaptant
chaque plan en conséquence...
"The King of New York" est un polar
à part, avec certes des fusillades et des gunfights, mais dégageant une classe,
un cisèlement dans les enchaînements rarement vu pour un film de gangsters, on
peut considérer qu'il s'agit d'une des oeuvres les plus travaillées de Ferrara,
il s'est particulièrement appliqué à rendre une atmosphère singulière, tentant
de briser les conventions pour au final réussir son pari prodigieusement...
Crépusculaire, brutal et en même temps
délicieusement raffiné, le métrage se savoure de façon langoureuse et on devine
une compassion de Ferrara pour Frank White, on a l'impression qu'il filme une
divinité ou un surhomme que rien ne semble ébranler et qui passe à chaque fois
entre les mailles du filet, tel un poisson au sein d'une rivière peuplée de
piranhas...
La dimension d'opposition frontale entre les
forces de l'ordre et la pègre est quelque peu ambigu car les crapules ne sont
pas toujours du côté que l'on pourrait croire, les flics outrepassant leurs
pouvoirs et pratiquant la self justice via moult tabassages aussi intempestifs
qu'injustifiés...
Un très grand crû Ferrara qui apporta
beaucoup au renouveau du polar en transition entre les années 80 et 90...
A voir absolument...
Note : 9/10
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