LE GRAND
SILENCE
aka The
great silence
aka Il Grande Silenzio
Italie
1968
avec Jean Louis Trintignant, Klaus Kinski,
Vonetta Mac Gee
Western atypique
Synopsis :
Tigrero, un tueur à gages sans foi ni loi,
fait régner la terreur dans une contrée de l'Utah enneigée...
La veuve d'un défunt habitant le village
souhaiterait engager quelqu'un pour venger la mort de son mari innocent et tué
supposément par Tigrero et ses acolytes...
Comme venu de nulle part, un mystérieux muet
débarque au milieu de tout ça...
Après une brève aventure avec la jeune fille,
il va se retrouver au centre d'une vaste cabale, tout le monde veut la peau de
ce pistolero !
Une lutte sans merci est dès lors engagée...
Mon avis :
Magnifié par une neige omniprésente, "Le
Grand silence" est à la fois un western crépusculaire voire nihiliste (si
l'on se réfère à la fin du montage européen, totalement noire et pessimiste) et
un film d'action non exempt de scènes de fusillades qui firent la gloire de
toute une culture instaurée par Sergio Leone (d'ailleurs c'est Ennio Morricone
qui y signe ici un magnifique score)...
Le personnage de Tigrero incarné par Kinski
aurait presque pu être le héros principal tant il cristallise émotionnellement
le paysage, et Trintignant est lunaire et monolithique, semblant arriver sur
l'écran comme hypnotisé, électron gravitant autour d'un ruisseau de violences
où s'enchevêtrent les personnes les plus viles, il symbolise presque (n'ayons
pas peur de le dire !) le Christ ou le Messie, comme salvateur de gens opprimés
face à des oppresseurs corrupteurs corrompus...
Exempt de la moindre once d'humour, "Le
Grand silence" dépayse par son aspect hors normes et s'imbrique comme clef
de voûte d'un genre moribond arrivé en plein chant du cygne (à peu près à
l'instar de "Django" du même réalisateur)...
N'omettant cependant aucunement d'y intégrer
un sacré sadisme comme à son accoutumée et digne représentant d'un certain
cinéma latin, Corbucci y met les coudées franches au niveau violence et la
neige semble encore plus amplifier le côté morbide en instaurant un climat de
non sécurisation...
Les pauvres villageois sont tous abattus avec
un aplomb presque génocidaire qui n'est pas sans rappeler la fascination qu'ont
les brigands pour leur chef Tigrero, tout comme les SS avec Hitler, donc je
vous préviens, le film ne rigole pas du tout !
"Le Grand silence" comporte de très
belles vues de montagne et se suit avec le plus grand plaisir, exerçant une
fascination certaine car tout y semble presque onirique ou hors du temps...
Corbucci s'est particulièrement appliqué et
sa mise en scène ne fait pas défaut eu égard à une direction d'acteurs
excellente et des fusillades rythmées où les bruits des colts crépitent comme
toujours en vrillant l'air et le paysage, les morts se comptant à la pelle !
Il faut faire un passage dans ce "Grand
silence" pour comprendre une partie du western italien et reconnaître le
talent d'artisans aussi honnêtes que passionnés et surtout prêts à partager
leur passion...
Une bombe !
Note : 10/10
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