mercredi 26 février 2014

VITAL REMAINS, Evil death Brutal dark Metal

VITAL REMAINS
Evil death/Brutal dark metal
Formé par son initiateur ultra charismatique, Jeff Gruslin, un colosse à l’esprit satanique bien trempé, Vital Remains est un groupe d’evil death metal qui voit le jour à la fin des années 80 et qui peut se considérer avec fierté comme le plus grand combo de métal satanique avec bien sûr, son homologue, Deicide…
Après un album rapidement devenu culte (« Let us pray »), Vital remains enchaîne sur une démarche plus « dark metal » voire atmosphérique en 1995 avec le fabuleux « Into cold darkness » et ses intros lunaires lancinantes, qui préfigureront Cradle of Filth, mais avec une touche bien plus underground !
Arrive leur meilleur disque à ce jour, le monumental « Forever Undergound » (le titre veut tout dire et résume bien le caractère du groupe) produit chez Osmose records en 1997 qui contient des titres ultra calibrés d’une durée de 9 minutes en moyenne ( !) ce qui rajoute à la gageure entamée par les membres du groupe (ils sont trois !), Gruslin ayant quitté Vital remains…
Des morceaux comme « Battle ground » ou « I am God », au carrefour du black, du thrash et du death, rejoignent la plaque tournante des influences à la old Deicide mais avec un style précurseur et parfaitement ancré dans l’originalité de Vital remains, qui se démarque des styles précédents pour (re)créer et régénérer le sien !
Et ça barde !
Les albums suivants confirment la lancée perçante de Vital remains avec le fabuleux « Dawn of the apocalypse » en 1999 et « Dechristianize » en 2001, toujours avec cette précision d’exécution et cette symbiose « brutalité/soli de guitares impeccables digne du heavy metal » et l’arrivée de Glen Benton (le vocaliste de Deicide) qui va tout chambouler sur le plan du chant et enfoncer le clou dans le bras du Christ, pour employer une métaphore taillée sur mesure !
Leurs textes parlent pratiquement toujours du Christ, de la rédemption, de la souffrance, de la religion et de l’anti-religion, les titres de leurs chansons contenant sans arrêt le mot « God » ou le mot « Satan »…
Fers de lance de leur catégorie et le prouvant une ultime fois en 2007 avec le chef d’œuvre « Icons of evil », Vital remains s’est provisoirement mis en stand by, on souhaite de tout cœur qu’ils reviennent sur la scène death car ils nous manquent !
LET US PRAY : 8/10
INTO COLD DARKNESS : 10/10
FOREVER UNDERGROUND : 10/10
DAWN OF THE APOCALYPSE : 9/10
DECHRISTIANIZE : 9/10
HORRORS OF HELL (Compilation) : 7/10

ICONS OF EVIL : 9.5/10 






dimanche 23 février 2014

37,2 le matin de Jean Jacques Beineix, 1986

37,2 LE MATIN
aka Betty Blue
de Jean Jacques Beineix
France
1986
avec Béatrice Dalle, Jean Hugues Anglade, Gérard Darmon, Consuelo de Haviland, Clémentine Célarié, Dominique Besnehard, Vincent Lindon
121 minutes (version courte)
Drame passionnel
Synopsis :
Zorg et Betty se sont rencontrés il y a quelques semaines, leur amour est passionnel et passionné, ils font l'amour chaque soir intensément...
N'ayant plus nulle part où loger, Betty décide d'emménager avec Zorg, elle débarque inopinément chez lui...
De fil en aiguille, elle incendie le bungalow de Zorg...
Ils finissent par atterrir chez une amie, dans la capitale...
A ses heures perdues, Zorg est écrivain...
Persuadée qu'il est un génie de la plume, Betty retape à la machine tous ses textes et les poste aux éditeurs parisiens, espérant qu'ils retiendront l'attention de ces derniers...
Embauchés à la pizzeria du petit ami de leur copine, Zorg et Betty doivent faire face à une clientèle pas toujours facile, Betty, dans un accès de démence, blesse avec une fourchette une habituée...
Partis en province suite à un décès familial, le couple reprend le magasin de pianos de leur ami...
Un jour, Betty est persuadée qu'elle attend un bébé, à cause d'une erreur de contraception avec son stérilet...
Zorg est heureux et jubile de devenir père !
Un courrier de l'hôpital, suite à des tests sanguins, infirme la grossesse de Betty...
Tout bascule...
Mon avis :
En véritable prodige du cinéma populaire hexagonal, Beineix a su capter tous les tenants et aboutissants d'une histoire d'amour fou via des personnages très attachants, le tout renforcé par une interprétation époustouflante, que ce soit les acteurs de premier ou de second rang...
"37,2 le matin" regorge de trouvailles scénaristiques et se suit avec la plus grande passion, reliant l'émotivité, le dramaturgique et la folie passionnelle pour atteindre une empathie régulée par une histoire contée avec habileté et brio, se démarquant de tout ce qui a été vu jusqu'alors...
Pléthore de scènes de sexe et paradoxalement une grande pudeur car nullement de voyeurisme, Beineix utilise le sexe comme levier à son histoire d'amour afin d'amplifier l'aspect charnel d'un amour fou qui se conjugue avec le drame et l'intensité de la personne de Betty, tour à tour attachante et mélancolique, jusqu'à un dénouement très impressionnant et à la limite du fantastique...
Anglade est sidérant de calme et de zénitude, semblant être pour la "paix des ménages" alors qu'à contrario, Betty est un tourbillon, une boule d'énergie, un vrai électron libre gravitant autour de Zorg, à la fois démuni et envoûté, MAIS follement amoureux jusqu'au bout des ongles, n'arrivant plus à contrôler un emballement amoureux qui poussera jusqu'aux extrêmes, jusqu'à l'extrême, issue déchirante que seul lui aurait pu présager...
La beauté du film est à la fois dans les regards, dans les situations et le "ressenti", le spectateur VIT les scènes avec les acteurs, et s'imprègne d'une narration exemplaire où Beineix ne fait pas que survoler son postulat mais y intègre quelque chose de presque MAGIQUE qui contient tous les éléments pour propulser son oeuvre vers le génie...
Irradiant la pellicule par son charisme foudroyant, Béatrice Dalle parvient avec une splendeur déconcertante à redonner ses lettres de noblesse à la femme "écorchée vive", très peu d'actrices sont arrivées à un tel niveau...
28 années plus tard, "37,2 le matin" est désormais érigé au rang de classique absolu du cinéma français et aura bouleversé toute une génération de cinéphiles, Beineix ayant tutoyé la grâce comme peu de réalisateurs parviennent à le faire dans leur carrière...
Note : 10/10

dédié à Philippe Marsaudon






dimanche 16 février 2014

Last house on dead end street de Roger Watkins, 1977

LAST HOUSE ON DEAD END STREET
de Roger Watkins
Etats Unis
1977
avec Roger Watkins, Ken Fisher, Kathy Curtin, Pat Canestro
Gore underground
78 minutes
DVD édité chez Neopublishing
Synopsis :
Etats Unis, années 70...
Après avoir purgé une peine de prison d'un an et demi pour trafic de stupéfiants, un voyou d'une vingtaine d'années retrouve ses anciens contacts d'avant son incarcération...
Il est mandaté par un homme riche et pervers qui filme chez lui des gens mettant en scène des situations pornographiques et sadomasochistes...
Le délinquant s'introduit chez la femme de celui ci et la viole, malgré qu'elle soit un peu consentante, y voyant une situation perverse pouvant déstabiliser son époux...
Un tournant va s'opérer puisqu'un chef opérateur de profession et quelques gens désaxés sont recrutés pour tourner un "snuff movie" qui va virer à l'homicide, sous l'égide du délinquant !
Persécutant des gens pris au hasard, il va pousser les mutilations à leur paroxysme sur ses victimes dans un catharsis éprouvant, dans lequel il semble trouver une jouissance et un exutoire...
Mon avis :
Improbable, glauque, obscène, expérimental... Les superlatifs sont légion pour essayer de définir "Last house on dead end street" !
Partant d'un postulat simpliste voire rudimentaire, le métrage finit par partir en vrille totalement pour axer son schéma scénaristique sur un gore outrancier et vomitif, proche du snuff movie radical, mais toujours avec cette patte déstabilisante qui fait qu'il s'adresse aux plus aguerris des cinéphiles...
Hurlements stridents, corps démembrés, distorsions soniques en guise d'accompagnement musical confèrent à rendre insoutenables certaines séquences même si on se doute bien que c'est du chiqué...
Ce Lucifer avec son masque en terre cuite apposé sur la tête, ces succubes nymphomanes qui n'arrêtent pas de ricaner lors de rites criminels atroces, on se demande devant quoi on a atterri tant la singularité du métrage s'avère probante et revendiquée...
Un zeste d'"Orange mécanique", une pincée pré "Cannibal Holocaust", un acteur principal illuminé qui n'est pas sans rappeler Charles Manson, secouez tout ça et la réputation énigmatique de "Last house on dead end street" a fini de s'établir, érigeant l'oeuvre au rang de légende filmique, au film que tout amateur d'extrême grindhouse se doit d'avoir vu !
Repoussant les limites de la bienséance, Watkins va très loin (trop loin ?) dans sa surenchère d'effets chocs et la pathologie inhérente au film ne fait que peu de doutes, il a essayé de faire le métrage le plus atroce du monde et il y parvient presque, malgré de petites maladresses comme des SFX peu crédibles (je n'imagine même pas ce que cela aurait donné avec un Savini aux manettes des effets gore !)...
Ceci étant, "Last house on dead end street" dévoile une facette d'un genre rarement visité dans le cinéma horrifique et possède le mérite de sa franchise, un peu un "Peace and love" à l'envers où tout est permis, le tout bien ancré dans son époque hippie et baba cool mais désaxé et anxiogène...
Un must du genre à visionner impérativement mais en ayant le coeur bien accroché !

Note : 9/10





vendredi 14 février 2014

BLACK MASK de Daniel Lee, 1996

BLACK MASK
de Daniel Lee
Hong Kong
1996
avec Jet Li
Produit par Tsui Hark
95 minutes
Action
édité en DVD chez HK Video
Collection dirigée par Christophe Gans
Synopsis :
Hong Kong, milieu des années 90...
Tsui est un mercenaire issu du Squad 701, une unité d'élite clandestine créée artificiellement sur lesquels on a implanté une cellule dans le cerveau pour ne jamais être sensible à la moindre douleur...
Lors d'une opération visant à détruire le Squad 701, ça tourne mal !
Tsui parvient à s'échapper in extremis lors d'une fusillade monstre et, désertant son unité, il reprend une vie incognito en travaillant ni vu ni connu comme bibliothécaire...
Son unique ami est un policier et ses collègues trouvent Tsui étrange...
Lorsqu'un baron de la pègre locale fait régner la terreur, Tsui décide de reprendre du service...
Combattant hors pair et vêtu d'un masque noir sur la tête, sous l'identité de "Black Mask", il n'a plus qu'une seule obsession : mettre hors d'état de nuire ceux qui l'ont trahi !
Mon avis :
Appuyé par une réalisation tonique ne déplorant aucun temps mort, "Black Mask" est une franche réussite du cinéma d'action Hongkongais et le personnage prinicipal est très bien mis en valeur lors de scènes épiques, aussi bien aux gunfights qu'aux arts martiaux, qui valent vraiment le détour...
"Black Mask" reprend la thématique du "Green Hornet" incarné précédemment par Bruce Lee...
On est un peu dans l'archétype de films comme "Kick ass" ou même "Sucker Punch" mâtiné du meilleur de l'actioner asiatique avec des cascades à l'instar du cinéma de John Woo dans sa période pré Hollywood...
Le rythme ne faiblit pas et, avec Tsui Hark aux commandes, le scénario, certes délirant, apporte beaucoup de fraîcheur au genre et n'hésite pas à intégrer l'informatique comme clef de voûte et "outil" des malfrats pour commettre leurs forfaits, ce qui renforce la modernité du métrage...
Niveau castagne, "Black Mask" tient la dragée haute à ses prédécesseurs et l'inventivité certaine des combats, la façon dont ils sont filmés, donne une dimension très bande dessinée via des découpages de plans ciselés et dynamiques...
Jet Li devient alors la coqueluche des acteurs de films d'action hongkongais et sa persévérance le fait accéder au cercle très fermé de cette catégorie, il est méritant et s'implique à 100 % dans son rôle, forgeant même un style différent des autres, il est un peu aux arts martiaux ce que Chow Yun Fat est aux films de gunfights...
Alliant rigueur, précision et jeu d'acteur confirmé, Li renvoie la balle à tout un pan du cinéma asiatique et incarne le renouveau de celui ci, même s'il s'exportera dans des productions pas toujours heureuses par la suite (l'exécrable bessonnade "Baiser mortel du dragon" par exemple)...
Reste un métrage de haut niveau et très agréable à regarder où il est sûr et convenu que vous passerez un bon moment, ce qui est déjà pas si mal !

Note : 8/10






dimanche 9 février 2014

Malpertuis d'Harry Kümel, 1972

MALPERTUIS
d'Harry Kümel
France/Belgique/Allemagne
1972
avec Orson Welles, Matthieu Carrière, Michel Bouquet, Sylvie Vartan
110 minutes
Fantastique déjanté
Nomination Palme d'or Cannes 1972
Musique de Georges Delerue
Synopsis :
Yann, un jeune matelot débarque d'un port, il est guetté par deux mystérieux hommes...
Il doit se rendre chez son oncle, un vieil homme en fin de vie qui réside dans le domaine de Malpertuis, une gigantesque habitation où s'entremêlent chambres, escaliers et passages secrets...
A peine arrivé sur les lieux, il rencontre sa soeur et se rend compte qu'il y a quelque chose d'anormal au sein de Malpertuis...
Y végètent un taxidermiste, un homme vêtu de haillons qui est obsédé par la lumière et qui se terre sous l'escalier, et bien d'autres personnages plus loufoques les uns que les autres !
Ces derniers ont tous pour point commun qu'ils sont les héritiers de Monsieur Cassave, le fameux oncle de Yann...
Cassave finit par décéder !
La condition sinéquanone pour que ses héritiers jouissent de la somme colossale qu'il leur lègue est qu'ils demeurent à vie à Malpertuis !
Ils ne devront sous aucun prétexte quitter les lieux !
Commence alors pour Yann un long voyage initiatique, une longue quête vers l'absolu qui sera semée de plusieurs cadavres...
Et si la névrose s'était emparée de Yann ?
Mon avis :
"Malpertuis" est l'exemple typique du "film de demeures", le personnage central étant avant tout le lieu, l'architecture de ce manoir gigantesque qui est à la fois un dédale à visiter mais également un labyrinthe pour le spectateur, qui se retrouvera vite "hypnotisé" par la singularité de l'atmosphère du bâtiment et par la bizarrerie de celles et ceux qui y vivent...
On est quelque peu déboussolés par cette maestria mais jamais lassés car on a envie de comprendre et de retenir les tenants et les aboutissants du propos de Kümel, qui parvient à créer une "empathie atypique" via des situations parfois décousues mais toujours captivantes...
L'intérêt du film réside dans la galerie de ces personnages fantômes et Yann semble atteint de schizophrénie hallucinatoire (l'issue du film sonne juste et justifie à elle seule l'ambiguïté du métrage), le propos du film est distanciable par rapport à la manière dont il est perçu par le spectateur, ce qui rajoute du mystère au mystère, de la peur aux situations glauques qui emportent "Malpertuis" vers les sommets du genre fantastique...
Véritable direction d'acteurs tous habités par leurs rôles, Matthieu Carrière, Michel Bouquet et Orson Welles en tête, et solide mise en scène basée non seulement sur l'atmosphérique mais aussi sur une dynamique narrative qui ne faiblit à aucun moment, "Malpertuis" emprunte un style un peu à celui de Mario Bava et certains plans rappellent son "Opération Peur" (l'obsession des escaliers, les sorties dans le parc filmées de façon aérienne, les personnages féminins à la fois sensuels et maléfiques...).
Excessif à certains moments mais à la fois sans trop de surenchère lors des meurtres (Kümel insiste moins sur le voyeurisme que sur la suggestion, ce qui est bienvenu si l'on considère l'ensemble du film), "Malpertuis" est réellement un film à découvrir et à réhabiliter, ne serait ce que pour l'originalité qu'il véhicule et pour l'aspect et l'intelligence sans failles qu'il réserve...
Normalement, les fans de fantastique européen des années 70 devraient y trouver amplement leur compte...

Note : 9/10







jeudi 6 février 2014

La femme tatouée de Yoichi Takabayashi, 1981

LA FEMME TATOUEE
de Yoichi Takabayashi
Japon
1981
avec Masayo Utsunomiya, Yuhsuke
Etude de moeurs
109 minutes
Synopsis :
Kyoto, Japon, au début des années 80...
Un créateur de kimonos a une obsession récurrente : le tatouage sur des jeunes femmes....
Il pratique lui même ce "rite" et l'inculque même à son fils, en fin d'adolescence...
Dès qu'il voit une femme, même une prostituée rencontrée dans un bordel de la ville, il ne peut s'empêcher de l'"imaginer" tatouée, ce qui pousse sa libido au summum...
Sa pratique de tatouage est, par ailleurs, extrêmement douloureuse, puisqu'il enfonce le bout de son stylet sous la peau de la femme, lui injectant la peinture petit à petit...
Un livre de notes va être au centre d'une révélation qui va tout bouleverser !
Et si cet homme n'était pas aussi honnête que l'on pourrait le croire ?
Mon avis :
Débordant d'une sensualité exubérante et sobre à la fois, combinant le masochisme et la beauté de l'acte d'amour, "La femme tatouée" est un bel exemple de l'originalité du cinéma japonais, multipliant les scènes allégoriques et les passages intimistes...
Un érotisme totalement différent de celui connu en Occident et bien propre à la culture japonaise, le film est le témoignage et la transmission filmique des coutumes du pays du soleil levant et pourra rebuter les plus fermés d'entre nous, tant son approche demeure singulière, son rythme très lent et sa dynamique hyper axée sur le contemplatif...
Ici aucune vulgarité mais bel et bien un raffinement et une intensité que seul pouvait retranscrire un cinéaste doué et à la recherche de la perfection : tout est dosé au gramme près afin de susciter une émotion chez le spectateur via des séquences très charnelles qui immiscent et immergent le spectateur mais sans aucun voyeurisme ou propos salace, Takabayashi ayant su récréer son univers sur pellicule à merveille et exploitant le jeu d'acteur de ses comédiennes d'une beauté surréelle et gracile...
Les parties du corps de ces dernières sont d'ailleurs des leviers pour entraîner la dynamique érotique où s'articulent des thématiques comme la domination, la souffrance et la frustration sexuelle...
La métaphore de la neige pousse au summum la qualité d'un film qui n'en était pas exempte mais renforce ainsi la pathologie du personnage principal, obnubilé par ses doutes et surtout par sa déviance, déformation d'une vie sexuelle perturbée allant même le pousser au mensonge voire à la mythomanie... jusqu'à la révélation finale !
Très rare et parfaitement réalisé, "La femme tatouée" est un monument du cinéma érotique japonais, genre peu décliné dans ce pays, ce qui mérite une attention certaine et qui déflorera la rétine des aficionados habitués à ce genre mais pas dans cette mise en images !
Cette dimension exotique fait par conséquent gage de la plus grande dignité d'intérêt et impose un style parfaitement réalisé et qui pourra diversifier les connaissances des cinéphiles les plus ouverts, d'autant plus que la renommée de "la Femme tatouée" n'est plus à prouver, le film ayant fait un tabac à sa sortie, il y a de cela 33 ans !
Note : 9/10






Nid de guêpes de Florent Emilio Siri, 2002

NID DE GUEPES
de Florent Emilio Siri
France
2002
avec Nadia Fares, Samy Naceri, Benoit Magimel
Action
97 minutes
Synopsis :
Villes de Strasbourg et de Colmar, le 14 juillet, en plein été...
Un groupe de malfaiteurs s'apprête à faire un casse dans un gigantesque entrepôt pour dérober des ordinateurs portables...
Parallèlement à cela, un dangereux criminel mafieux albanais doit être transféré pour être jugé à la cour pénale européenne...
Suite à un grave accident de la route, le convoi est dévié... puis attaqué !
Le camion va atterrir de nuit exactement à l'endroit du casse !
Croyant au début à une intervention policière du GIGN, les malfrats tirent dans tous les sens, se défendant comme ils peuvent...
Très vite, ils vont comprendre qu'il s'agit d'autre chose, et devront s'unir avec les militaires, face au gang albanais, surarmés et sans la moindre once de pitié, prêt à tout pour récupérer le terroriste...
Une lutte sans pitié est désormais amorcée !
Mon avis :
A l'instar de films comme "Dobermann" tourné cinq années avant, "Nid de guêpes" fait partie de cette rare race de métrages hexagonaux d'action où tout fonctionne à merveille...
Filmé plein pot et sans la moindre concession, on est pris directement dans le feu de l'action et après une brève présentation des personnages, le film décolle pour ne jamais s'arrêter ni stopper la dynamique entamée...
Peut être le record au niveau des cartouches de flingues vidées, ça flingue sans arrêt et dans tous les coins !
Presqu'un héritage des films de John Woo, en tout cas la multitude d'armes à feu est bel et bien le vecteur représentatif de "Nid de guêpes" au même titre que les protagonistes, tous aussi burnés les uns que les autres (et même Nadia Fares semble masculine, c'est dire !)...
Réussite incontestable au timing précisément imposé, remarquable dans sa peinture de "salopards" et ne faisant pas de quartier, "Nid de guêpes" est un métrage qui envoie le pâté grave, pour parler comme les personnages djeunz...
Aucune baisse de régime n'est à déplorer et Siri prouve son talent qu'il mettra à son firmament dans "Cloclo", ici il élabore déjà le dynamisme de sa mise en scène, fluide et efficiente en même temps...
"Nid de guêpes" est l'exemple parfait du genre de cinéma dont la France a besoin, apportant une fraîcheur au panorama actuel et galvanisant cette effervescence pour transcender au public ce sens de l'action et prouver qu'il n'est pas seulement l'apanage des américains...
Une très grande réussite desservie par des comédiens impliqués et un rythme soutenu du début à la fin...
A voir impérativement, c'est si rare d'avoir des films pareils, ça arrive de temps en temps, ne loupons pas ça !

Note : 8.5/10




dimanche 2 février 2014

Un chien andalou de Luis Bunuel et Salvador Dali, 1929

UN CHIEN ANDALOU
de Luis Bunuel et Salvador Dali
France
1929
16 minutes
avec Pierre Batcheff, Simone Mareuil, Luis Bunuel, Salvador Dali, Jaime Miravilles
Court métrage onirique
Synopsis :
"Un chien andalou" est une succession de saynètes issues de rêves faits par ses auteurs, Bunuel et Dali...
Les deux hommes ont retranscrit sur pellicule leurs propres imaginaires dans un dédale de plans saugrenus et n'ayant aucun rapport entre eux, mêlant des situations baroques et improbables dans la vie de tous les jours...
Un homme tranche l'oeil d'une femme avec un rasoir, une main se retrouve remplie de fourmis, un homme chute à vélo sans raison apparente, un couple se retrouve pris dans le sable d'une plage, des ânes aux yeux ensanglantés sont fixés sur des pianos reliés à une corde qu'un personnage semble tirer pour se rapprocher d'une femme, acculée à un mur...
Il s'agit, avec cette oeuvre, de "capter" le surréalisme de Dali car les pans du métrage font souvent et principalement références aux peintures abstraites du maître...
"Un chien andalou" se vit et se découvre comme une expérience insensée, magique et globalement insolite, loin des stéréotypes du cinéma traditionnel...
Mon avis :
Bourré de métaphores amplifiées par une mise en scène virtuose d'une fluidité absolue, "Un chien andalou" fait référence par le biais d'allégories subliminales à des thématiques visant à critiquer et dénoncer la bourgeoisie de l'époque (on est en plein dans la crise financière de 1929) ou la perception qu'ont les gens de la société (la scène introductive de l'oeil coupé peut renvoyer à la vision déformée puis annihilée brutalement, notamment avec la lune "souillée" par ces nuages noirs, comme sortis des enfers)...
Tout comme la main, "outil" de l'onanisme se retrouve mortifère avec cette invasion inopinée de fourmis, puis sera coupée et retrouvée au sol en pleine rue, titillée par une très jeune femme et son bâton, ou encore le papillon avec la tête de mort, pouvant symboliser la rétrogradation de la vie suite à des événements négatifs ou anxiogènes...
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce film, c'est que chacun pourra, à sa guise, interpréter comme bon lui semblera cette ouverture vers l'inconnu, vers les portes de l'imaginaire et du subconscient : c'est une approche personnelle du cinéma, hors codes et hors conventions que peu de (pratiquement aucun) metteurs en scène n'a eu l'idée de (re)créer au cinéma, ce qui en renforce indéniablement l'intérêt et le niveau de performance...
"Un chien andalou" est un condensé sur un peu plus d'un quart d'heure d'heures entières de "rêves" qui auraient pu se dérouler sur plusieurs heures, tout y est si dense que le temps en est presque occulté, floué et sur quinze minutes on peut en dire beaucoup plus long et fort que sur de longs discours ou diatribes cinématographiques sans relief, ici Bunuel et Dali ont transgressé les éléments basiques pour emboîter sur des récits à l'amplitude onirique poussée à maxima, sans la moindre compassion ni concession de condescendance vis à vis du spectateur, mis dans une posture inconfortable et le forçant à se "masturber le cerveau"...
Techniquement parlant, "Un chien andalou" a révolutionné le septième art et peut se considérer comme archétype artistique grâce à des prises de vues en hauteur et en oblique en même temps, sidérantes pour l'époque !
Un court métrage à voir absolument pour se rendre compte de l'ambition qui peut être donnée à des artistes, proche du génie et totalement atypique, ce qui en renforce l'attractivité et l'attraction sur le spectateur...
Visionnaire, décalé : jamais ces deux adjectifs n'auront trouvé meilleures significations avec "Un chien andalou"...

Note : 10/10