LA
FEMME TATOUEE
de
Yoichi Takabayashi
Japon
1981
avec
Masayo Utsunomiya, Yuhsuke
Etude
de moeurs
109
minutes
Synopsis
:
Kyoto,
Japon, au début des années 80...
Un
créateur de kimonos a une obsession récurrente : le tatouage sur des jeunes
femmes....
Il
pratique lui même ce "rite" et l'inculque même à son fils, en fin
d'adolescence...
Dès
qu'il voit une femme, même une prostituée rencontrée dans un bordel de la
ville, il ne peut s'empêcher de l'"imaginer" tatouée, ce qui pousse
sa libido au summum...
Sa
pratique de tatouage est, par ailleurs, extrêmement douloureuse, puisqu'il
enfonce le bout de son stylet sous la peau de la femme, lui injectant la
peinture petit à petit...
Un
livre de notes va être au centre d'une révélation qui va tout bouleverser !
Et
si cet homme n'était pas aussi honnête que l'on pourrait le croire ?
Mon
avis :
Débordant
d'une sensualité exubérante et sobre à la fois, combinant le masochisme et la
beauté de l'acte d'amour, "La femme tatouée" est un bel exemple de
l'originalité du cinéma japonais, multipliant les scènes allégoriques et les
passages intimistes...
Un
érotisme totalement différent de celui connu en Occident et bien propre à la
culture japonaise, le film est le témoignage et la transmission filmique des
coutumes du pays du soleil levant et pourra rebuter les plus fermés d'entre
nous, tant son approche demeure singulière, son rythme très lent et sa
dynamique hyper axée sur le contemplatif...
Ici
aucune vulgarité mais bel et bien un raffinement et une intensité que seul
pouvait retranscrire un cinéaste doué et à la recherche de la perfection : tout
est dosé au gramme près afin de susciter une émotion chez le spectateur via des
séquences très charnelles qui immiscent et immergent le spectateur mais sans
aucun voyeurisme ou propos salace, Takabayashi ayant su récréer son univers sur
pellicule à merveille et exploitant le jeu d'acteur de ses comédiennes d'une
beauté surréelle et gracile...
Les
parties du corps de ces dernières sont d'ailleurs des leviers pour entraîner la
dynamique érotique où s'articulent des thématiques comme la domination, la
souffrance et la frustration sexuelle...
La
métaphore de la neige pousse au summum la qualité d'un film qui n'en était pas
exempte mais renforce ainsi la pathologie du personnage principal, obnubilé par
ses doutes et surtout par sa déviance, déformation d'une vie sexuelle perturbée
allant même le pousser au mensonge voire à la mythomanie... jusqu'à la
révélation finale !
Très
rare et parfaitement réalisé, "La femme tatouée" est un monument du
cinéma érotique japonais, genre peu décliné dans ce pays, ce qui mérite une
attention certaine et qui déflorera la rétine des aficionados habitués à ce
genre mais pas dans cette mise en images !
Cette
dimension exotique fait par conséquent gage de la plus grande dignité d'intérêt
et impose un style parfaitement réalisé et qui pourra diversifier les
connaissances des cinéphiles les plus ouverts, d'autant plus que la renommée de
"la Femme tatouée" n'est plus à prouver, le film ayant fait un tabac
à sa sortie, il y a de cela 33 ans !
Note
: 9/10
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