AUX YEUX DES VIVANTS
de Julien Maury et Alexandre Bustillo
France
2014
avec Béatrice Dalle, Anne Marivin, Francis
Renaud, Chloé Coulloud, Nicolas Giraud
produit notamment par Metaluna et Jean Pierre
Putters
Slasher d'auteur(s)
90 minutes
Synopsis :
France, années 2010, la journée
d'Halloween...
Suite à une violente dispute, Isaac Faucheur
et sa femme Jeanne en viennent aux mains...
La jeune femme, enceinte, assène de violents
coups à son époux et tente de tuer leur fils de quatre ans, lourdement
handicapé...
Jeanne se plante un couteau dans le ventre et
Isaac, blessé, s'enfuit avec son fils !
Quatre années plus tard, un petit village de
province...
Dan, Tom et Victor, trois jeunes collégiens
quittent prématurément leur classe à quelques heures de leurs vacances d'été,
ils font l'école buissonnière et partent en pleine cambrousse...
De fil en aiguille, ils se retrouvent dans un
endroit qui abrite des studios de cinéma désaffectés, Ils croient apercevoir un
monstre à l'apparence humaine qui les intrigue !
La gendarmerie parvient à les retrouver...
De retour au bercail, tout semblerait
reprendre un cours normal...
La baby sitter d'un des jeunes est décimée
subitement par quelqu'un qui s'est introduit dans la maison, une longue traque
s'amorce : qui en veut autant aux jeunes garçons ?
Mon avis :
Pour leur troisième film, le duo de choc
Bustillo/Maury frappe très fort en déclinant les codes du slasher tout en les
rénovant de façon fulgurante et peu outrancière, contrairement à ses précédents
homologues qui ne reculaient en rien dans la surenchère...
Malgré un début de métrage peu crédible
(genre Isaac parvient à monter les escaliers jusqu'à la chambre après les coups
de batte de base ball que Béatrice Dalle lui a asséné !), on se laisse très
vite prendre au jeu et la réalisation, fluide et intelligente, sauve les
meubles pour insérer le spectateur dans une histoire qui tient la route,
ponctuée de trouvailles (les masques de clowns, le portable qui appelle le
téléphone fixe, la caméra de veille de la chambre du bébé...) et de passages
cathartiques bien sentis...
Les gamins fuyards semblent être une cible
idéale et Bustillo et Maury évitent les clichés pour nous les rendre attachants
(mention spéciale à la direction d'acteurs, juste et efficiente), les seconds
rôles sont précis et ne dévient pas des modèles slasheriens habituels (la baby
sitter, le couple et leurs enfants en bas âge, la femme jouée par Béatrice
Dalle, à la fois psychotique et dégénérée, symbole du délitement familial)...
"Aux yeux des vivants" se regarde un
peu comme une version hexagonale de "La nuit des masques" de
Carpenter et il n'est pas rare de voir des clins d'oeil à tout un pan du cinéma
de genre que semblent affectionner Bustillo et Maury, réals convaincus et
convaincants qui frappent et savent frapper là où il faut et au bon moment pour
faire ressentir la douleur de façon viscérale (la scène du bras dans le plâtre,
la tige en fer dans le dos, autant de moments d'effroi qui provoquent le choc
tant attendu !)...
Le final et la toute dernière phrase justifient
le titre du film et laissent un goût âpre, renvoyant "Aux yeux des
vivants" dans la catégorie des ovnis que compte le septième art hexagonal,
au même titre que "Frontière(s)" de Xavier Gens ou même
"Martyrs" de Pascal Laugier...
A la fois universel et personnel, "Aux
yeux des vivants" peut rebuter par son approche iconoclaste et bizarre
mais il est indéniable que le film possède des qualités qui lui sont propres et
parvient à régaler les cinéphiles les plus ouverts, friands de violence et de
sensations fortes...
Au final, une grande réussite qui assène un
grand coup de pied à tous les films français sortis dans la fourmilière
formatée, et, de plus, une initiative très louable de la part de Metaluna et
Jean Pierre Putters de revigorer un genre souvent dénigré dans le panorama
actuel...
"Aux yeux des vivants" même s'il
n'est pas parfait, est très courageux et se doit d'être salué dignement comme
une tentative intéressante et originale...
Note : 8.5/10
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