LE JOUR SE LEVE
de Marcel Carné
1939
France
avec Jean Gabin, Arletty, Bernard Blier,
Jules Berry, Jacqueline Laurent
Etude de moeurs/Drame
91 minutes
titre anglosaxon : Daybreak
dialogues de Jacques Prévert
décors d'Alexandre Trauner
édité en blu ray chez Studio Canal
Restauration effectuée par les studios Eclair
Synopsis :
Boulogne Billancourt, 1939...
François, un ouvrier, abat Valentin, un
dresseur de chiens, la police n'arrive pas à le neutraliser...
Barricadé dans son modeste appartement,
François, avant l'assaut, se remémore les raisons qui l'ont conduit à cet acte
délictueux...
Françoise, la fille de Valentin, fleuriste,
est tombé éperdument amoureuse de lui mais son père ne le voyait pas d'un bon
oeil...
Clara, saltimbanque, assistante de Valentin,
noue elle aussi une relation amoureuse avec François...
Sous les yeux de la foule, rassemblée dans la
rue, François éructe de sa fenêtre...
L'amour impossible se conjuguant avec la mort
et la malveillance, François se retrouve bientôt pris au piège, des artificiers
passant par les toits pour lui envoyer des gaz lacrymogènes...
Assistant impuissante à ce spectacle navrant,
Françoise s'évanouit...
Mon avis :
Faisant preuve d'une grande modernité dans
ses cadrages et dans la construction de ses plans, "Le jour se lève"
est un chef d'oeuvre absolu du cinéma français, tourné pendant et sous le
contrôle du régime de Vichy (qui censura plusieurs scènes), il remporte
l'adhésion du spectateur par le biais du jeu gracile des acteurs et la beauté à
la fois crépusculaire et illuminante des deux comédiennes principales, Arletty
et Jacqueline Laurent, symbolisant la lumière vénéneuse et salvatrice en même
temps pour un Gabin/François qui ne demande qu'à les rendre heureuses, tiraillé
par un Jules Berry odieux et irascible, malveillant et autoritariste...
Carné fait preuve d'une rigueur de traitement
sidérante avec des séquences anthologiques magnifiées par les dialogues de
Prévert (le passage du regard de Gabin qui illumine sa rencontre avec
Françoise, le fait qu'ils soient tous deux orphelins, les animaux touchants
lors du spectacle, la solidarité inoxydable des collègues de François),
plusieurs thématiques humaines sont développées dans un métrage riche, empli de
rebondissements et doté de qualités graphiques inouïes pour l'époque...
Les décors majestueux sont utilisés à très
bon escient pour renforcer la sensation d'enfermement/étouffement qui coince
Gabin, en panne de feu, et devant fumer cigarette sur cigarette, allumant sa
zibiche avec le mégot de la précédente...
ON RESSENT le film, on le VIT littéralement
avec ses méandres, son dédale de situations qui aboutit à un dénouement funeste
et bouleversant, Carné a su tout capter magnifiquement en bénéficiant de la
collaboration de Prévert, pointure de la poésie à la fois emprunte de réalisme
et de tragique, mélangeant les surexpositions du visage de Gabin sur un
environnement en même temps glacial et chaleureux...
C'est tout ce qui fait la charme du
"Jour se lève", la pénétration graphique d'endroits à priori anodins
qui vont s'imprégner et faire emboîter une histoire de folle passion,
transcendée par cette quête d'amour absolu menant à la mort...
Ce monument du film français a pu obtenir un
travail de restauration fabuleux de la part des laboratoires Eclair et tout
devient surprenant à la rétine du spectateur tant le rendu est fascinant...
Fluide et envoûtant, "Le jour se
lève" est un classique qui fait figure de révolution pour son époque et
qui n'a rien perdu de sa verve, son charme opérant inexorablement, encore
aujourd'hui...
Dédicacé à Pierre Jean Gabriel Bertrand, Frédéric
Nury, Pierre Delafoy, Abel et Lucienne Bourdais, Louis et Marie Claude
Note : 10/10
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