L’ILE
NUE
de
Kaneto Shindo
Japon
1960
avec
Nobuko Otowa, Taiji Tonoyama, Masanori Horimoto, Shinji Tanaka
Chronique
de mœurs/Drame
91
minutes
Edité en DVD chez Wild side
Synopsis :
Setonaikai,
un petit archipel du Japon, au début des années 60…
La
vie et le quotidien de Senta, le père de famille, Toyo, la mère et leurs deux
fils, Taro et Jiro…
Les
parents, obligés d’irriguer la terre aride de leurs cultures, font et refont
des ballets incessants pour récupérer l’eau, ils se servent de longues tiges
qui portent les seaux en bois, ce qui s’avère un travail très physique, la mère
pliant sous le poids et s’écroulant de fatigue…
La
pauvre femme sera giflée sans vergogne par son époux et devra reprendre la
marche, un quotidien éprouvant et rude, une survie en somme…
Un
jour, l’un des fils a un grave problème de santé, son frère le retrouve inerte
dans le logement familial !
Mon
avis :
Véritable
classique du cinéma japonais dans le registre intimiste, « L’ile nue »
est une œuvre relativement spéciale voire hermétique mais très aboutie au
niveau plastique et technique…
Constitué
de saynètes presque lunaires, le film décline la vie de tous les jours d’un
couple de paysans voyageant d’un point à l’autre, comme résignés et forcés d’effectuer la même pantomime inexorablement…
L’arrivée
dramatique qui va s’abattre brutalement sur l’un de leurs fils va, par conséquent,
amplifier la douleur qu’ils ressentent et c’est surtout la mère qui va en faire
les frais en explosant de tristesse…
Mais
« L’ile nue » ne se contente pas de retranscrire fluidement leur
désarroi car Kaneto Shindo a moins voulu axer l’exubérance que la pudeur dans
son métrage pour faire apprécier au spectateur des décors fascinants et des
plans soignés esthétiquement, au détriment d’un rythme pesant qui peut rebuter
les cinéphiles peu habitués à la lenteur et à l’aspect répétitif…
On
est plein cinéma d’auteur, sans aucun dialogue, mais avec un jeu des comédiens
authentique et désabusé…
Film
ne ressemblant à aucun autre, « L’île nue » possède la
caractéristique d’être très singulier et reste réservé aux cinéphiles les plus
ouverts et tolérants qui soient, ici les habitués de cinéma moderne n’y
trouveront sans doute pas leur compte…
Restent
aux autres de savourer le charme de la photographie, la sublime musique qui
accompagne les séquences et l’intensité de certains passages (la découverte du
petit garçon, le poulpe sous l’eau, la vision de l’île au crépuscule, le repas…).
Il
est très courageux de la part de Wild side d’avoir fait l’effort de sortir ce film
en DVD et cela sera l’occasion de le découvrir, très rare et aussi intimiste
que d’une spécificité hors du commun…
Ne serait-ce
que pour la richesse graphique qu’il comporte et la magnificence de sa trame
scénaristique, « L’île nue » est à voir, à conserver religieusement
pour tout spectateur en quête d’absolu, de beauté et de plénitude…
Note : 9/10
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