LES
FILLES DU BOTANISTE
de Dai
Sijie
France/Canada
2006
Avec
Mylène Jampanoï, Li Xiaoran, Nguyen Nhu Quynh, Ling Dong Fu, Nguyen Van Quanq
Etude
de mœurs/drame
94
minutes
Synopsis :
République
populaire de Chine, durant les années 80…
Li Min,
une jeune étudiante qui vit dans un orphelinat part effectuer un stage de
quelques mois chez le célèbre professeur botaniste Monsieur Chen…
Sa
maison se situe sur un petit ilot où l’on doit accéder par bateau, à la rame…
Dès
son arrivée, Li Min fait la connaissance d’An, la fille du botaniste, ce
dernier s’avère acariâtre et colérique lors d’erreurs de Li Min ; en même
temps des liens affectifs se tissent entre les deux jeunes femmes…
Alors
que ces liens se prononcent de manière plus forte (elles effectuent des jeux
saphiques), Dan, le fils de Chen, officier militaire revient du Tibet et tombe
amoureux de Li Min, cette dernière refusant ses avances…
Li
Min et An élaborent un stratagème : Li épousera Dan pour voir en cachette
An, celui-ci étant souvent en déplacement…
Lors
de la lune de miel, Dan s’aperçoit que Li Min a été déflorée…
Fou
de rage, il la bat et lui attache les poignets à une corde !
Mon
avis :
Bénéficiant
d’une mise en scène très soignée, « Les filles du botaniste » est un
excellent film loin des autres productions formatées d’EuropaCorp et qui traite
de manière courageuse un sujet plutôt rare au cinéma (l’homosexualité
féminine), transposant huit années avant « La vie d’Adèle » d’Abdellatif
Kechiche la relation compliquée entre deux jeunes femmes, ici dans la Chine des
années 80 alors totalitaire et réfractaire à tout manquement aux conventions
établies, en l’occurrence les rapports sexuels entre personnes de même sexe…
Ici
pas de récurrence sur le graveleux mais bien une réelle pudeur qui s’articule
plus avec la sensualité et le « jeu érotique » des actrices via des
plans furtifs dénudés et dénués de la moindre vulgarité…
Le
charme de Mylène Jampanoï et de Li Xiaoran opère instantanément, baigné dans de
somptueux paysages naturels très bien mis en valeur, le caractère irascible du
père symbolise l’autorité et le diktat, comme la politique chinoise de l’époque
où rares peuvent être les transgressions surtout lorsqu’elles s’éloignent des
règlementations…
La
quête du gynseng, la vision de la petite île où les plans de corps qui se
reflètent sur l’eau (maintes fois utilisés même dans le cinéma italien) donnent
un atout graphique considérable aux « Filles du botaniste » et l’ensemble
se suit avec le plus grand intérêt et l’empathie fonctionne totalement envers
les deux jeunes filles, il n’est d’ailleurs pas exclu de verser quelques larmes
lors de l’issue du métrage, que je vous laisse découvrir…
Il s’agit
ici d’une approche originale à mi-chemin entre film grand public et film d’auteur
et qui marque avant tout par son côté apaisant et nature, sans tomber dans le
schématisme car le scénario est parfaitement élaboré, faisant la part belle à
la culture chinoise et ses traditions (la scène du mariage, le rite du repas,
les travaux dans la serre…).
Sans
être le film du siècle, « Les filles du botaniste » procure de
multiples sensations, à l’instar d’autres films sensitifs comme « L’odeur
de la papaye verte » ou « L’empire des sens », et délivre une
autre vision des coproductions sino-européennes s’axant sur l’érotisme sensoriel et viscéral…
Une
grande réussite…
Note :
9/10
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