mercredi 26 juillet 2017

Blueberry, l'expérience secrète de Jan Kounen, 2004

BLUEBERRY, L’EXPERIENCE SECRETE
de Jan Kounen
2004
France/Mexique
avec Vincent Cassel, Juliette Lewis, Michael Madsen, Ernst Borgnine, Tchéky Karyo, Vahina Giocante
124 minutes
Western fantastique
Produit par Thomas Langmann et Ariel Zeitoun
Synopsis :
Palomito, un village mexicain, à l’époque du far west, à la fin du dix- neuvième siècle…
Le jeune Mike Blueberry a une aventure avec Madeleine, une prostituée, après leurs ébats, Wally Blount, un chasseur de prime, entre dans la chambre et cherche à chasser Mike, un incendie se propage et Madeleine est tuée, ce traumatisme hantera éternellement Mike Blueberry…
Blueberry, devenu adulte, est le marshall de la ville, il doit faire respecter la loi et gère les bagarres entre des contrevenants le plus souvent alcoolisés…
Mike rencontre les indiens Chiricahuas, ces derniers lui font découvrir le chamanisme et Blueberry consomme des substances psychotropes…
Il rencontre Maria Sullivan, une jeune femme qui vient de perdre son père…
C’est alors que Mike Blueberry retrouve Wally Blount et fait le lien entre lui et Madeleine par le petit nom prononcé par la prostituée lors de la rixe qui l’opposa à Blount…
Fou de rage et n’écoutant que sa hargne, Blueberry s’empare du colt qui avait servi à tuer Madeleine et doit se contrôler pour ne pas tuer Wally Blount tout de suite…
Mike Blueberry continue à abuser des drogues des Indiens et du Chaman, cela lui provoque des tas d’hallucinations lors de trips démentiels…
Il doit dissuader les chasseurs de primes de piller un endroit sacré situé sur une montagne…
Dans un fleuve, Mike Blueberry se retrouve nu avec Maria Sullivan,  ils s’embrassent (on ne sait pas si cela est réel ou une hallucination) ; près du fleuve se trouve le trésor du Chaman…
Wally Blount arrive sur les lieux !
Mon avis :
Avec une maestria indubitable à l’identique niveau technique de son précédent métrage « Dobermann », Jan Kounen signe avec ce « Blueberry, l’expérience secrète » un western fantastique complètement hallucinogène, il crée un cinéma basé sur le chamanisme et l’usage de psychotropes propres à cette doctrine, le résultat est saisissant mais pourra en déconcerter plus d’un…
Vincent Cassel a mis ses tripes et son talent pour incarner le marshall et son personnage colle bien avec l’ambiance du film, un peu fofolle et rapide, les plans sont effectués de façon frénétique, exactement comme si on vivait un trip causé par des drogues…
Les survols aériens sont magnifiques et décuplent l’attraction et le pouvoir attractif du film, on plonge dans un univers onirique de toute beauté et l’aigle peut à la fois servir de symbolique soit pour la vie soit pour un long voyage vers la mort, à ce titre, Kounen met en parallèle, par des images subliminales, le transfert vie/mort grâce à une technique de couleurs et d’ellipses fantasmagoriques très élaborées…
Juliette Lewis tient un rôle solide et crédible mais c’est Michael Madsen qui dame le pion à tous les autres comédiens, son personnage avec un côté Tarantinesque qui lui colle la peau et dont il ne peut se dépêtrer est incroyable dans le film, un pire salopard habité par son personnage qui foudroie le propos du film avec un charisme de folie, c’est lui l’intérêt du film au niveau des personnages, il est inoubliable !
La présence anecdotique d’Ernst Borgnine fait figure de caméo et d’hommage aux autres grands classiques westerns des années cinquante/soixante mais le propos de Kounen reste avant tout de mettre en exergue l’aspect chamanique et traditionnel aux Indiens, bien plus qu’une trame scénaristique classique de vengeance…
Malgré un tourbillon d’images, « Blueberry, l’expérience secrète » est paradoxalement doté d’une mise en scène très méthodique avec un flashback qui nous ramène au tout début du film et qui s’imbrique dans la continuité de l’intrigue de façon très fluide, Kounen emploie une technique narrative proche de la perfection sur ce coup- là, on sent bien l’influence des grands cinéastes et la volonté de ces derniers à offrir au spectateur un spectacle de qualité…
Tentative extrêmement réussie et habile dans sa conception tout comme dans son scénario, « Blueberry, l’expérience secrète » est une très grande réussite, à mi-chemin entre western de genre populaire et essai expérimental, il convient de le visionner religieusement et l’aura dégagée est indéniable, on passe un moment magique et dépaysant…
Très recommandable !

Note : 9.5/10





samedi 22 juillet 2017

La chasse aux morts-vivants de Romolo Guerrieri, 1984

LA CHASSE AUX MORTS VIVANTS
de Romolo Guerrieri
1984
Italie
avec Woody Strode, Margit Evelyn Newton, Marina Costa, William Mang, Harrison Muller
94 minutes
Nanar post apocalyptique/anticipation
Edité en VHS chez UGC vidéo
Produit par Cannon films
Inédit en DVD en France
aka Final executor
aka L’ultimo guerriero
Synopsis :
Après qu’une catastrophe nucléaire planétaire ait décimé la population terrestre, dans le futur…
Alan, un ancien ingénieur et son épouse sont considérés par des chasseurs de primes comme des « irradiés », c'est-à-dire qu’ils sont dangereux et qu’ils doivent être éliminés…
Les « purs » sont en fait des gens cruels qui organisent des « chasses » sur les quelques survivants, seul Alan sait que le cataclysme nucléaire n’est plus dangereux et que l’effet qu’il a produit est caduque, les séquelles de ce dernier ayant par conséquent disparu…
Erasmus et Edra, les coordinateurs des chasses, participent au viol et à la mort de la femme d’Alan, ce dernier est laissé pour mort après une fusillade…
Alan est retrouvé in extremis puis secouru par un homme noir, ancien policier ; celui-ci va le remettre d’aplomb et l’entrainer au combat, lui faisant traverser des murs de flammes et se frayer un passage sous des fils barbelés…
Alan, devenu excellent lutteur et armé d’un revolver avec seulement une balle, retrouve la trace des meurtriers de sa femme…
Avec détermination, il va tous les éliminer un par un, ceux-ci sont reclus dans un manoir…
Alan jure coûte que coûte d’avoir la peau d’Erasmus, il élabore un plan méthodique et machiavélique !
Mon avis :
Dans la mouvance des films italiens qui surfaient sans honte sur la vague de « Mad Max 2 », « La chasse aux morts vivants » est peut être l’un des plus mauvais de ces ersatz, tout est complètement à la rue, que ce soit les décors hideux ou la direction des acteurs, Guerrieri nous a pondu un pur nanar difficile à gober et qu’aucune scène ne parvient à justifier, un quelconque intérêt n’est donc suscité au spectateur qui se doit de prendre ça à la rigolade sous peine de s’ennuyer ferme…
Guerrieri ose tout et réalise avec « Final executor » tout ce qu’il ne faut pas faire dans un film, il prend les spectateurs pour des buses dans des combats avec bruitages de bourre –pifs à la Bud Spencer/Terence Hill ; Erasmus a une tête à claques et on retrouve Margit Evelyn Newton (l’inoubliable Lia Rousseau de « Hell of living dead » de Mattei) ici dans un second rôle de chaudasse particulièrement dégradant pour l’actrice, eu égard à son pédigrée…
Tout vole vraiment au ras du gazon dans cette « Chasse aux morts – vivants », le pauvre Woody Strode semble perdu et est ici uniquement pour cachetonner, il réapparait à la fin, d’on ne sait où, même le pire des tacherons n’aurait pas osé humilier un acteur de la sorte…
Certaines failles du scénario sont énormes comme des crevasses comme le combat au sabre entre Alan et Erasmus, où Alan, plaqué au sol et à la merci de son assaillant, finit par sortir un flingue de sa poche ( !) et tuer Erasmus : mais WTF ! pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant ?
« La chasse aux morts-vivants » c’est ça en permanence, un joyeux foutoir avec des séquences qui s’imbriquent les unes aux autres sans réel lien, un métrage consternant de débilité avec des poursuites motorisées où les motos s’attendent pour rentrer dans le cadre de la caméra ! (faux raccord visible comme le nez sur la figure à la quinzième minute !), il vaut mieux prendre tout cela à la rigolade et au niveau des ficelles de scénario grosses comme des câbles de téléphériques, on est servis ! « Final executor » fait passer « Les guerriers du Bronx » pour « Citizen Kane » !
Le titre est de plus mensonger puisqu’aucun zombie à l’horizon dans le film, les distributeurs ont sans doute voulu appâter le chaland mais il y a tromperie sur la marchandise…
Bref, mieux vaut se retaper un bon petit « Virus cannibale » ou même un « 2019 après la chute de New York » là au moins, le propos des réalisateurs est sincère et on reçoit ce à quoi on s’attend, pas comme pour cette « Chasse aux morts – vivants » fauchée et décrédibilisée par une réalisation anémiée et molle du genou…
Dès qu’on a fini le visionnage du film avec cette philosophie à dix centimes déblatérée par le père Strode (« la détermination est la base de tout ! » BHL sors de ce corps !), c’est là qu’on comprend pourquoi aucun éditeur ne s’est aventuré à sortir « La chasse aux morts –vivants » en DVD dans l’hexagone…
Très rehaussé et surestimé (il n’est pas donné en VHS sur priceminister !), « Final executor » est cependant un film rare mais franchement dispensable ; de mémoire il était passé sur la défunte « 5 » mais jamais passé à la télévision même sur le câble ou le satellite…
Un ratage total, un bâclage, Guerrieri ne s’est vraiment pas foulé et « La chasse aux morts-vivants » est une purge cinématographique sans intérêt !

Note : 4/10





dimanche 16 juillet 2017

Les valseuses de Bertrand Blier, 1974

LES VALSEUSES
de Bertrand Blier
1974
France
avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Jeanne Moreau, Miou-miou, Thierry Lhermite, Brigitte Fossey, Isabelle Huppert, Gérard Jugnot
Comédie atypique
117 minutes
Synopsis :
France, un petit village de la Drôme, début des années soixante-dix…
Jean-Claude et Pierrot sont deux petites frappes, deux voyous qui accumulent les larcins, ils harcèlent des femmes rencontrées au hasard dans la rue et volent des voitures pour effectuer des virées sans aucun but ni objectif précis…
Un soir, ils « empruntent » la Citroën DS d’un gérant de salon de coiffure ; dès qu’ils restituent la voiture, le patron menace de leur tirer dessus avec un revolver ; Marie-Ange, une employée du salon, les défend, Pierrot est blessé aux testicules lors d’un tir, Jean-Claude l’emmène clandestinement au domicile d’un médecin, qui le soigne…
Marie-Ange, malheureuse sexuellement, suit les deux gaillards dans leurs périples; Pierrot et Jean-Claude font la rencontre d’une jeune femme dans le wagon désert d’un train, Pierrot pratique une tétée avec elle ; puis les deux hommes s’introduisent dans un pavillon et fouillent les affaires des occupants absents, ils y trouvent des dessous et hument frénétiquement une petite culotte d’une dénommée Jacqueline, ils identifient son nom par rapport à des ronds de serviettes…
C’est alors que Jean Claude a l’idée folle de guetter les sorties à une prison de femmes ; en sort Jeanne Pirolle, une quinquagénaire, Jean-Claude la trouve très jolie et lui dit, d’abord réticente, Jeanne accepte l’argent de Jean-Claude, elle est emmenée dans un restaurant, puis à l’hôtel où une séance de triolisme a lieu…
Le fils de Jeanne, Jacques, est retrouvé par Jean-Claude et Pierrot ; ces derniers l’emmènent dans une maison de campagne où vit Marie-Ange, celle-ci leur sert une potée…
Un événement bienheureux va bouleverser le quotidien de Marie-Ange !
Mon avis :
Suscitant un immense tollé (justifié) de la part des ligues chrétiennes et bien pensantes à sa sortie, « Les valseuses » est un film incroyable qui alla révolutionner le cinéma français de l’époque ; proche du fantastique, le film est pourvu de nombreuses scènes de sexe, il narre l’odyssée de deux marginaux, Jean-Claude (Depardieu) et Pierrot (Dewaere), de manière totalement décomplexée, les pérégrinations sont en roue libre et pourtant Bertrand Blier calcule tout !; le spectateur est alors pris dans un tourbillon quasi-incessant de séquences cultes et qui feront date, après le visionnage des « Valseuses » on est obligé de repenser à ce à quoi on vient d’assister : tout est resté gravé, intact et le film nous hante pour l’éternité, c’est ce qui fait sa force, l’immensité déployée par ce film, c’est de la folie !
Aussi bien au niveau du jeu des acteurs que de la mise en scène, du culot de certains plans et de l’atmosphère démentielle qui règne tout le long, c’est prodigieux et parfaitement inclassable…
A la fois road movie, film érotique excessif, drame, comédie, « Les valseuses » sidère également par sa modernité et son aspect « flower power » totalement assumé, la musique de Grapelli, les décors, les scènes nocturnes et des répliques cultes font le reste et la magie opère, gravitant dans un métrage totalement barré…
Illogique si on y prête attention (le train emmène Jean-Claude et Pierrot à plusieurs centaines de kilomètres de distance de leur lieu de départ et pourtant ils parviennent à retourner Marie-Ange (Miou-Miou)), « Les valseuses » est un périple, une odyssée qui semble n’avoir aucune fin ni aucune finalité, le hasard des rencontres et des situations sert de terreau à Jean-Claude et Pierrot pour provoquer leurs accès de folie vrombissante, Blier sait y faire pour fasciner le spectateur et y parvient aisément…
Il est indéniable que « Les valseuses » est un film outrancier, mais à ne surtout pas prendre au premier degré, Blier est très intelligent et laisse travailler l’imagination du spectateur, il lui pose ses conditions cinématographiques, établit un style qui lui est propre, après à chacun de percevoir le film comme il l’entend, il est parfois difficile à appréhender (le suicide atroce de Jeanne Moreau, le dépucelage de Jacqueline –Isabelle Huppert-, l’agression au début) mais il est certain que « Les valseuses » ne laissera personne indifférent…
Quarante-trois ans après, l’impact est toujours présent et le culot déployé par Blier explose tous les autres cinéastes, personne depuis n’aura atteint un tel niveau dans le brisement des codes, dans la manière de raconter une histoire…
L’occasion de revoir Patrick Dewaere, acteur mythique, et d’apprécier le jeu de Depardieu, égal à lui-même, bref, « Les valseuses » est un classique de la comédie décalée, ceci étant il est à voir avec beaucoup de précautions et à réserver à un public adulte et averti (une interdiction aux moins de dix- huit ans à sa sortie est totalement juste)…
Une leçon de cinéma encore inégalée…

Note : 10/10 (chef d’œuvre absolu)





mardi 11 juillet 2017

Opération dragon de Robert Clouse, 1973

OPERATION DRAGON
de Robert Clouse
1973
Etats-Unis/Hong Kong
avec Bruce Lee, John Saxon, Jim Kelly, Bolo Yeung, Ahna Capri, Angela Mao, Sammo Hung, Jackie Chan
Action/Karaté
98 minutes
Musique de Lalo Schifrin
aka Enter the dragon
Budget : 850 000 dollars
Box- office : 4 400 000 entrées
Synopsis :
Une ville et un temple de Hong Kong, début des années soixante-dix…
Lee est un combattant aguerri de la mouvance Shaolin ; il doit se rendre à un immense congrès de guerriers Shaolin sur l’ile d’un richissime homme nommé Han, Williams, un karatéka de couleur noire, doit également se rendre à cette manifestation…
Roper, un policier américain, est missionné par ses supérieurs pour ramener des preuves sur les activités frauduleuses supposées de Han, ce dernier étant soupçonné de trafic d’opium et d’un réseau de prostitution par le biais d’une traite des blanches…
Lorsque Lee se rend sur l’ile, il est informé et comprend que les membres de Han avaient tenté de violer  sa sœur, qui s’est suicidée par hara-kiri…
La fureur de Lee et sa hargne à combattre se trouvent alors décuplées !
Lee s’allie avec Williams et Roper pour mettre hors d’état de nuire Han ; ce dernier possède une armada de plusieurs dizaines de combattants sous ses ordres…
Maintenant que le trafic d’opium est prouvé et sur le point d’être démantelé, Roper arrive à prévenir les autorités, ils envoient plusieurs hélicoptères en direction de l’île…
Han lâche l’intégralité de ses hommes avec pour objectif de tuer Lee !
Lee fait une hécatombe et se retrouve nez à nez avec Han dans une pièce remplie de miroirs…
Mon avis :
« Opération dragon » est un film d’action réussi mais également touchant aux larmes quand on voit l’état dans lequel se trouvait le pauvre Bruce Lee (dont c’était le dernier film, il décéda juste après la sortie sur les écrans en 1974), il est maigre (55 kilos), n’a plus que la peau sur les os –hormis sa musculature – et a un visage et un regard ravagés par la drogue ; et pourtant, il parvient à donner de la crédibilité à son personnage et s’adonne à des combats impeccables qu’il a réglés lui-même au millimètre…
Robert Clouse, un cador des réalisateurs du film d’action et également du Grindhouse, signe ici une mise en scène soignée avec des plans et des trouvailles techniques qui forcent le respect, l’acteur noir Jim Kelly donne un côté un peu « Blaxploitation », productions qui explosèrent à l’époque au cinéma…
La référence à Docteur No de James Bond est nette et évidente et l’on retrouve le gimmick du chat blanc (idem que Ernest Stavros Blomfled dans le segment du célèbre agent secret), les combats sont fabuleux de maitrise et ont dû nécessiter un énorme travail…
Les seconds rôles féminins, membres du lupanar géant de Han, apportent de la fraîcheur et du charme à l’intrigue avec une plus-value exotique et érotique, mais ce n’est pas le but premier de Clouse qui mise quasiment tout sur les combats (on en compte une vingtaine dans le film) et la course de la sœur de Lee face à des assaillants libidineux est particulièrement réussie et novatrice, ce petit bout de femme se bat comme une spécialiste et la séquence est particulièrement tonique malgré son issue dramatique…
Dans l’ensemble, « Opération Dragon » est un film d’arts martiaux très réussi et c’est la première co-production de grande ampleur entre les studios américains et hongkongais, l’alliage de ces deux cultures, le mix de ces deux talents a engendré un film hybride mais très convaincant ; la caméra subjective qui prend la place du combattant qui prend les coups est, par ailleurs, totalement novatrice au septième art ; les décors sont flamboyants et le scénario astucieux, bref vous l’aurez aisément compris, même les cinéphiles qui ne sont pas forcément accros aux films de karaté trouveront leur compte et leur bonheur avec ce jubilatoire « Opération Dragon », dernier rôle au cinéma pour le légendaire Bruce Lee, ce métrage est un peu son chant du cygne, rendons lui hommage avec ce film « pèlerinage », ce génie du film d’action aura insufflé au genre une prestance et un charisme à ce jour inégalés et jamais surpassés, même un demi- siècle plus tard…

Note : 9/10





La planète des hommes perdus d'Antonio Margheriti, 1961

LA PLANETE DES HOMMES PERDUS
d’Antonio Margheriti
1961
Italie
avec Giuliano Gemma, Claude Rains, Bill Carter, Umberto Orsini, Maya Brent, Jacqueline Derval
Science-fiction
99 minutes
aka Planeta degli uomini spenti
DVD édité chez Artus films
Synopsis :
Une ile de la côte italienne, début des années soixante…
La ville de l’archipel abrite une station qui étudie les phénomènes spatiaux grâce à l’aide de nombreux téléscopes ; le professeur Benson est un expert hors pair mais bougon et asocial qui prévoit quasiment avant tous les autres les conséquences catastrophiques de l’arrivée d’un gigantesque météore qui déboule en plein sur la Terre…
Fred Steele et Bob Cole, deux astronautes, sont mandatés pour approcher la météorite et la faire dévier ; Eve Barnett, une femme d’une soixantaine d’années, s’adonne à des séances de spiritisme, elle est considérée comme une sorcière parmi les autres membres de l’équipe…
Dans l’espace, des soucoupes volantes d’extraterrestres compliquent la tâche de Steele et Cole ; ces derniers parviennent tout de même à « visiter » une planète fantôme…
Lorsque le professeur Benson est enfin écouté et reconnu par les scientifiques de la station, toutes ses études et conclusions s’avèrent justes, les autres savants lui vouent alors un culte !
Le météore s’approche de plus en plus du sol terrestre, Steele et Cole, aidés par les conseils éclairés de Benson, réussiront-ils à sauver l’humanité ?
Mon avis :
Spécialiste du cinéma populaire transalpin, Antonio Margheriti est avant tout un artisan passionné qui ne rechigne devant rien pour tourner ses films, fut ce toujours pour le bonheur et le plaisir du spectateur acquis à sa cause depuis fort longtemps ; ici le Maestro réalise son deuxième métrage estampillé SF avec un aspect vintage prégnant qui pourra déconcerter les cinéphiles lambda, les autres se régaleront…
Il y a dans « La planète des hommes perdus » un côté hyper naïf et des effets spéciaux d’une ringardise absolument assumée (les navettes sont immobiles lors du décollage, c’est la caméra qui recule !), c’est un WTF movie de la science- fiction monté et filmé de bric et de broc mais Margheriti l’a doté d’un scénario solide et de protagonistes bien dirigés, du coup on avale tout le film avec une grande délectation dès l’entame sublime ; les décors sont certes cheap mais le charme opère prodigieusement, un peu à l’instar de films comme « Voyage au centre de la terre » d’Henry Levin sorti deux ans plus tôt…
L’histoire est délirante tout comme le visuel employé et les comédiens surjouent parfois (la sorcière et ses tables qui tournent, que vient-elle faire dans le film ?), l’histoire d’amour et le mariage annoncé n’apportent pas grand-chose à l’histoire et les soucoupes volantes ne dévoilent jamais leurs occupants, mais on prend la légèreté du scénario comme un bon verre de vin qui s’est bonifié, enivrant et capiteux, avec une bonne dose de folie ambiante et des dialogues techniques qui font oublier la bidonnerie du postulat…
Margheriti y va frontalement avec un montage serré et des plans assez courts où chacun est à sa place et sait ce qu’il a à dire, il débite les séquences rapidement, créant ainsi une tonicité dont seuls les italiens ont le secret et oubliant les côtés pesants propres aux américains, on est pris dans l’intrigue jusqu’à son dénouement et Margheriti évite de sombrer dans le ridicule car il croit dur comme fer à son entreprise, il sait qu’il s’est fourvoyé loin des stéréotypes mais cela n’a pas l’air de le gêner, faisant son petit bonhomme de chemin, sûr de lui et déterminé…
Une nouvelle fois, Artus films nous offre une pure pépite avec l’édition sublime DVD digipack de cette « Planète des hommes perdus » et un doublage en version française fait pour l’occasion ainsi qu’une image magnifique et un packaging sublime…
Les bonus avec Alain Petit (quelle culture ce Monsieur) sont hyper intéressants et on boit ses paroles de passionné absolu avec régal et attention, c’est du bonheur en barres, Artus films fournit encore et toujours un travail appliqué et sensationnel…
Témoignage d’un genre qui rencontrera son apothéose quelques années plus tard, « La planète des hommes perdus » possède un impact qui s’est atténué de nos jours (les moyens techniques ont considérablement évolué depuis) mais son aspect et sa texture vintage et kitsch en font à coup sûr un must have seen pour tout cinéphile curieux et ouvert…
Très sincère dans son approche et extrêmement sympathique dans l’aura qu’il dégage, « La planète des hommes perdus » est un film qui se suit allègrement et qui, hormis les trucages démodés, laisse une trace indélébile dans l’histoire de la science-fiction italienne des années soixante, les italiens étant fort moins loquaces que leurs homologues d’outre- Atlantique…
Une perle…

Note : 7/10





dimanche 9 juillet 2017

Suicide squad de David Ayer, 2016

SUICIDE SQUAD
de David Ayer
2016
Etats-Unis
avec Will Smith, Margot Robbie, Jared Leto, Cara Delevingne, Joel Kinnaman, Viola Davis, Karen Fukuhara
123 minutes
Teen movie fantastique/film de super héros
Produit par la Warner
Budget :  175 000 000 dollars
Recettes mondiales : 745 600 000 dollars
Synopsis :
Gotham city, années deux mille dix…
Superman, qui protégeait la population, est définitivement reconnu comme mort ; Amanda Waller, la responsable du ministère des armées, qui veille sur la sécurité des habitants, a pour idée de créer le projet Force spéciale X ; ce procédé consiste à faire sortir de prison de dangereux criminels très aguerris pour lutter contre des forces extraterrestres très redoutables qui s’apprêtent à mettre le chaos sur la terre…
Harley Quinn, la femme du Joker, Deadshot, Killer Croc, El Diablo, Slipknot et Katana, sont donc libérés et doivent subir un entrainement avant d’être lâchés sur le terrain…
June Moon, une très jolie brune qui est assistante au ministère des armées tombe amoureuse de Rick Flag ; elle se mute en l’Enchanteresse, une créature démoniaque qui essaye de contrecarrer les plans du Suicide squad…
A l’issue du combat, les membres du Suicide squad, qui devaient être condamnés à la perpétuité, voient raccourcie leur peine de dix ans ; ils atterrissent de nouveau au pénitencier de Belle Reve, mais avec des aménagements de peines (Harley Quinn a droit à une machine à expresso)…
C’est alors que Joker débarque de force dans la prison pour libérer Harley Quinn !
Mon avis :
Totalement néophyte en films de super héros ou en adaptations de comics Marvel ou DC Comics, je dois vous l’avouer je n’y connais RIEN dans les codes à respecter pour ces films lorsqu’ils sont retranscrits au cinéma, d’où une vision beaucoup plus objective de ma part, mon point de vue pour analyser des films comme « Suicide squad » étant comme si je voyais un blockbuster lambda et non en bardant de « références » le film, ce qui changerait totalement mon point de vue si c’était le cas…
Donc et bien, passée cette mise en garde, le film est plutôt pas mal, il y a de bonnes séquences d’action, « Suicide squad » veut plaire et il y arrive sans difficultés, c’est un métrage enjoué et très attrayant qui atteint ses objectifs ; le fait de créer un mix regroupant des héros bad ass pour combattre de méchants aliens tient la route ; ils sont surarmés et l’ensemble est, ma foi, fort distrayant avec des dialogues djeunz qui dynamisent le film (mention à Harley Quinn qui n’arrête pas avec ses répliques) ; quant aux effets spéciaux ils sont plus réussis et moins hideux que pour « Batman V Superman, dawn of justice », le « grand frère » de Suicide squad sorti la même année (2016) et toujours sous la houlette de Snyder…
Les personnages membres du Suicide squad forment à eux seuls une brochette de gueules cassées qu’on envoie au casse-pipe mais leur sens de la solidarité et de la fraternité aura raison des pièges qu’ils devront combattre, lors de combats surréels qui semblent rappeler ceux de David contre Goliath…
Will Smith a un look marrant, quelques kilos en trop, chauve et barbu, et Margot Robbie crêve l’écran en sex symbol instantané, c’est elle la révélation du film…
Le joker est également correctement interprété et rend honneur à ses prédécesseurs avec son côté habituellement déjanté et ses exubérances, dans l’ensemble David Ayer s’en est à peu près bien sorti car ce n’était pas si facile de gérer tout ce melting pot, ce mélange de personnages, Ayer est parvenu à « raccorder » tous les protagonistes pour que « Suicide squad » soit homogène et le résultat, outre son honnêteté, tient bien la route…
« Suicide squad » s’adresse surtout à un public jeune, d’adolescents, ce n’est pas un film débile mais il est plus calibré pour des cinéphiles adeptes de cinoche Mac do, qui, je le répète, ne fait aucun mal tant qu’il n’est pas consommé à outrance et en permanence…
Fort sympathique et léger voire frivole, « Suicide squad » est un film de super héros acidulé qui se suit comme on boit un diabolo grenadine ou comme si on embarquait pour deux heures dans une fête foraine ; très peu de spiritualité mais de l’action pétaradante, on prend plaisir à visionner « Suicide squad » à condition de ne pas être trop exigeant…
Le film fut très mal accueilli à sa sortie et fut considéré comme une trahison par les puristes d’adaptations de comics au cinéma, si l’on passe outre de toute cette polémique, cela permet de le voir de manière ouverte et non en ayant été influencé par tout ce foutoir qu’il a suscité…
Bref, pas le film du siècle mais une œuvre sympathique et mieux au final que le pachydermique « Batman V Superman, dawn of justice » prétentieux et chiant comme la mort, au moins « Suicide squad » démarre en trombe dès les premières minutes et on n’attend pas deux heures pour que l’action se mette en place, rien que pour ça il mérite qu’on s’y attarde…

Note : 6/10






jeudi 6 juillet 2017

Perdues dans New York de Jean Rollin, 1991

PERDUES DANS NEW YORK
de Jean Rollin
1991
France
avec Natalie Perrey, Melissa, Marie-Laurence, Adeline Abitbol, Catherine Herengt, Catherine Lesret, Sophie Maret, Catherine Rival
52 minutes
Film fantastique expérimental
DVD édité chez LCJ
aka Lost in New York
Synopsis :
Une ville provinciale française, au début des années quatre-vingt dix…
Marie, une fillette, sort du porche d’une église et marche vers le cimetière ; elle aperçoit Michelle, une autre petite fille, très vite elles sympathisent ; Marie emmène Michelle dans une vieille bâtisse et lui fait découvrir un livre et ce qui semble être une amulette africaine…
Cet objet, à priori anodin, a pour pouvoir de faire voyager dans le temps et dans l’espace tous ceux qui le possèdent…
Et l’effet ne se fait pas attendre, Marie et Michelle se retrouvent à vingt- trois ans, perdues en plein New York ; Marie est agressée sur le toit d’une tour mais blesse son assaillante de coups de couteau, le film suit les errances des deux jeunes femmes…
Puis nous les retrouvons en femmes âgées sur le bord d’une plage…
Mélissa, une danseuse noire, effectue des mouvements tribaux, alors que Marie et Michelle redeviennent de nouveau des petites filles…
L’issue du film nous les montre pénétrant dans le creux d’une falaise d’où il semble qu’il s’agisse d’un voyage sans retour…
Mon avis :
Délaissant temporairement les films vampiriques qui firent sa renommée au niveau mondial, Jean Rollin s’essaie au film de « mondes parallèles » avec ce très faiblard « Perdues dans New York », histoire sans fil conducteur ni logique, actrices récitant leur texte sans conviction (propre à tous les films de Rollin), effets spéciaux grotesques (la scène de la lacération est nulle et non avenue) ; le seul intérêt de « Perdues dans New York » reste la voix off de Rollin en récitant tout le long du film qui apporte une attention, sans quoi le film serait complètement soporifique…
Cependant, les fans purs et durs de Rollin et de son style cinématographique reconnaitront bien là la patte du Maitre et les habitués à ses délires accepteront facilement de s’immiscer et de s’immerger dans ce dédale insolite et très bizarre, succession de scènes atypiques dont seul Rollin et ses initiés connaissent les codes et qui pourra éventuellement les fasciner, quant aux autres, ils trouveront « Perdues à New York » beaucoup trop hermétique et auront beaucoup de mal à s’intégrer dans les propos de Rollin, à cause d’une grande confusion sémantique et un style trop personnel…
Rollin est un peu comme les femmes qu’il filme : à la rue, et la tonicité de ses précédents films (« La nuit des traquées », « Les raisins de la mort » et même « Le viol du vampire ») a disparu pour laisser place à un portnawak anémié sans dynamisme qui se suit à la va-comme je te pousse, sans cohérence (le scénar est, de l’aveu de Rollin dans les bonus du DVD, écrit à « l’automatique », ce qui veut dire que Rollin avait deux scènes en tête, au départ, et qu’il a intégré le corps du film pour se coller sur ces deux fameuses scènes, le résultat est, dès lors, peu probant !)…
Comme pour tous ses films, Rollin se lâche dans ce qui lui fait plaisir, son cinéma est très personnel, pour des fois on adhère à cent pour cent, pour d’autres, on s’ennuie ferme…
Mais Rollin est un artisan du ciné bis et il parvient à rebondir lorsqu’on suit sa filmographie ; dans ses récents films « La nuit des horloges » et « Les deux orphelines vampires » sont de grandes réussites, donc il faut juger Rollin sur la globalité de son œuvre et non sur quelques films…
« Perdues dans New -York » est l’un de ses moins bons métrages, peut- être parce qu’il a omis de se mettre à la place du spectateur et qu’il s’est enfermé dans son kiff des mondes parallèles, mais ce concept s’avère très casse-gueule car pas grand monde n’est habitué à ce type de procédé scénaristique sauf si l’intrigue tient en haleine or, ici, ce n’est pas le cas, on subit les plans séquences plus qu’autre chose…
L’expérimentation de Rollin l’enferme vite dans un piège dû aux moyens très faibles dont il dispose, non pas qu’il ait bâclé son film mais il ne l’a pas assez doté de trouvailles qui le rendraient intéressant et surtout « regardable » pour le public ; ici seuls les « intégristes » du cinéma de Rollin arriveront à apprécier « Perdues dans New – York »…
La durée de cinquante-deux minutes aurait peut- être pu être rallongée mais il fallait que Rollin booste et fasse rebondir son intrigue, ce qu’il n’a pas fait et c’est dommage…
Hormis Mélissa, la danseuse noire, et l’agresseur de Marie, Rollin aurait pu emprunter des personnages du bestiaire fantastique et les intégrer dans le film ; il a préféré s’arrêter sur un final proche de celui de « La vampire nue » avec une voix off énigmatique qui laisse faire travailler l’imagination du spectateur, c’est son choix et nous le respectons…
Un Rollin très mineur réservé surtout à ses adorateurs qui veulent avoir visionné l’intégralité de sa filmographie…

Note : 4/10






samedi 1 juillet 2017

Tokyo Gore Police de Yoshihiro NIshimura, 2008

TOKYO GORE POLICE
de Yoshihiro Nishimura
2008
Japon/Etats unis
avec Yoshihiro Nishimura, Eihi Shiina, Itsuji Itao, Tak Sakaguchi
109 minutes
Fantastique/gore/action
Synopsis :
Japon, ville de Tokyo, dans un futur proche…
Ruka est une policière d’élite, elle a assisté au meurtre de son père, lui aussi membre des forces de l’ordre, alors qu’elle était enfant ; Ruka est prise à partie par de dangereux monstres tueurs appelés les ingénieurs, ces mutants ont la particularité de reconstituer leurs blessures par des armes, comme des tronçonneuses ou des épées tranchantes…
Les combats entre la police et les ingénieurs sont coriaces et ultra sanglants…
Un jour, Ruka est forcée d’infiltrer un réseau de prostitution pour mener à bien son enquête, elle découvre des séances sadomasochistes dans les sous-sols de Tokyo et assiste à des cérémonies déviantes et brutales où de jeunes femmes sont livrées en pâture face à un public de pervers…
Le chef de la police s’avère être devenu lui aussi un ingénieur, il kidnappe une femme monstre qui lui obéit au doigt et à l’œil…
Pour Ruka, c’en est trop, dès qu’elle a connaissance du commanditaire du meurtre de son géniteur, la jeune femme commet un carnage…
Poursuivie par des dizaines d’assaillants ingénieurs, elle dézingue tout ce qui bouge, aussi bien au sabre qu’au pistolet mitrailleur ; rien, ni même ses propres collègues ne peuvent l’arrêter dans sa folie meurtrière…
Tokyo devient un océan d’hémoglobine !
Mon avis :
Coproduction américano-japonaise, « Tokyo Gore Police » est un gigantesque portnawak hyper gore mais qui souffre d’une absence chronique de véritable scénario, il n’y a quasiment pas de fil conducteur dans l’intrigue, ce qui fait qu’au bout du premier quart d’heure, le spectateur est déboussolé…
Nishimura sait filmer et applique sa technique par des plans très rapides et un sens de l’action assez bien restituée, la comédienne héroïne Eihi Shiina a des attributs très sexués qui font l’intérêt du film et donne un certain charisme au personnage de Ruka, mais autrement ce qui gâche « Tokyo Gore Police » c’est ces répétitions intempestives et récurrentes de plans identiques que l’on retrouve au moins cinq fois tout le long, ça devient très pénible, on a une sensation de remplissage à tout prix, c’est fort dommage !
Insolite et déjanté, « Tokyo Gore Police » appartient à la culture « manga » typique du pays du Soleil levant, du coup Nishimura a oublié d’adapter son film à la culture européenne ou occidentale, cela enferme son film dans un hermétisme et seuls les plus surouverts des geeks trouveront un quelconque intérêt à « Tokyo Gore Police », le public lambda sera vite déconcerté voire blasé face à cette débauche d’effets gore, très éloignés de ceux que l’on a l’habitude de voir dans les films américains ou italiens (les SFX sont bricolés avec des bouts de plastique, le sang jaillit de façon irréelle, loin de ce que l’on connaît au cinéma)…
Métrage de gore assumé, « Tokyo Gore Police » a autant de défauts que de qualités et l’outrance qu’il déploie peut s’apparenter à un énorme WTF, le film est en roue libre totale, se contrefichant du qu’en dira t-on, bref ça passe ou ça casse, Nishimura n’a peur de rien et nous balance des plans séquences à l’emporte pièces, sans se soucier de la moindre cohérence…
On pourrait presque qualifier « Tokyo Gore Police » de film gore amateur si les moyens déployés n’étaient pas aussi conséquents…
Quelques curiosités dans le film, il n’y a quasiment jamais de figurants (dans le métro, Ruka est seule, idem dans les scènes nocturnes lorsqu’elle marche en pleine rue), le coup du meurtrier du père de Ruka arrive comme un cheveu dans la soupe et peine à être crédible…
Malgré une bonne volonté affichée et indéniable, de par sa disparité, « Tokyo Gore Police » ne contentera qu’un public de geeks, les fans de gore pur n’y retrouveront pas leurs petits et préfèreront se remater un bon Savini ou un bon Fulci, « Tokyo Gore Police » est inadapté par sa marginalité et adopte un ton beaucoup trop personnel et ancré dans la culture japonaise, cet exotisme peut à la fois le booster comme le desservir…

Note : 6/10