LES
VALSEUSES
de Bertrand
Blier
1974
France
avec
Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Jeanne Moreau, Miou-miou, Thierry Lhermite,
Brigitte Fossey, Isabelle Huppert, Gérard Jugnot
Comédie
atypique
117
minutes
Synopsis :
France,
un petit village de la Drôme, début des années soixante-dix…
Jean-Claude
et Pierrot sont deux petites frappes, deux voyous qui accumulent les larcins,
ils harcèlent des femmes rencontrées au hasard dans la rue et volent des
voitures pour effectuer des virées sans aucun but ni objectif précis…
Un
soir, ils « empruntent » la Citroën DS d’un gérant de salon de
coiffure ; dès qu’ils restituent la voiture, le patron menace de leur
tirer dessus avec un revolver ; Marie-Ange, une employée du salon, les
défend, Pierrot est blessé aux testicules lors d’un tir, Jean-Claude l’emmène
clandestinement au domicile d’un médecin, qui le soigne…
Marie-Ange,
malheureuse sexuellement, suit les deux gaillards dans leurs périples; Pierrot
et Jean-Claude font la rencontre d’une jeune femme dans le wagon désert d’un
train, Pierrot pratique une tétée avec elle ; puis les deux hommes s’introduisent
dans un pavillon et fouillent les affaires des occupants absents, ils y
trouvent des dessous et hument frénétiquement une petite culotte d’une dénommée
Jacqueline, ils identifient son nom par rapport à des ronds de serviettes…
C’est
alors que Jean Claude a l’idée folle de guetter les sorties à une prison de
femmes ; en sort Jeanne Pirolle, une quinquagénaire, Jean-Claude la trouve
très jolie et lui dit, d’abord réticente, Jeanne accepte l’argent de
Jean-Claude, elle est emmenée dans un restaurant, puis à l’hôtel où une séance
de triolisme a lieu…
Le
fils de Jeanne, Jacques, est retrouvé par Jean-Claude et Pierrot ; ces
derniers l’emmènent dans une maison de campagne où vit Marie-Ange, celle-ci
leur sert une potée…
Un
événement bienheureux va bouleverser le quotidien de Marie-Ange !
Mon
avis :
Suscitant
un immense tollé (justifié) de la part des ligues chrétiennes et bien pensantes
à sa sortie, « Les valseuses » est un film incroyable qui alla
révolutionner le cinéma français de l’époque ; proche du fantastique, le
film est pourvu de nombreuses scènes de sexe, il narre l’odyssée de deux marginaux,
Jean-Claude (Depardieu) et Pierrot (Dewaere), de manière totalement
décomplexée, les pérégrinations sont en roue libre et pourtant Bertrand Blier
calcule tout !; le spectateur est alors pris dans un tourbillon
quasi-incessant de séquences cultes et qui feront date, après le visionnage des
« Valseuses » on est obligé de repenser à ce à quoi on vient d’assister :
tout est resté gravé, intact et le film nous hante pour l’éternité, c’est ce
qui fait sa force, l’immensité déployée par ce film, c’est de la folie !
Aussi
bien au niveau du jeu des acteurs que de la mise en scène, du culot de certains
plans et de l’atmosphère démentielle qui règne tout le long, c’est prodigieux
et parfaitement inclassable…
A la
fois road movie, film érotique excessif, drame, comédie, « Les valseuses »
sidère également par sa modernité et son aspect « flower power »
totalement assumé, la musique de Grapelli, les décors, les scènes nocturnes et
des répliques cultes font le reste et la magie opère, gravitant dans un métrage
totalement barré…
Illogique
si on y prête attention (le train emmène Jean-Claude et Pierrot à plusieurs
centaines de kilomètres de distance de leur lieu de départ et pourtant ils parviennent
à retourner Marie-Ange (Miou-Miou)), « Les valseuses » est un
périple, une odyssée qui semble n’avoir aucune fin ni aucune finalité, le
hasard des rencontres et des situations sert de terreau à Jean-Claude et
Pierrot pour provoquer leurs accès de folie vrombissante, Blier sait y faire
pour fasciner le spectateur et y parvient aisément…
Il
est indéniable que « Les valseuses » est un film outrancier, mais à
ne surtout pas prendre au premier degré, Blier est très intelligent et laisse
travailler l’imagination du spectateur, il lui pose ses conditions cinématographiques,
établit un style qui lui est propre, après à chacun de percevoir le film comme
il l’entend, il est parfois difficile à appréhender (le suicide atroce de
Jeanne Moreau, le dépucelage de Jacqueline –Isabelle Huppert-, l’agression au
début) mais il est certain que « Les valseuses » ne laissera personne
indifférent…
Quarante-trois
ans après, l’impact est toujours présent et le culot déployé par Blier explose
tous les autres cinéastes, personne depuis n’aura atteint un tel niveau dans le
brisement des codes, dans la manière de raconter une histoire…
L’occasion
de revoir Patrick Dewaere, acteur mythique, et d’apprécier le jeu de Depardieu,
égal à lui-même, bref, « Les valseuses » est un classique de la
comédie décalée, ceci étant il est à voir avec beaucoup de précautions et à
réserver à un public adulte et averti (une interdiction aux moins de dix- huit
ans à sa sortie est totalement juste)…
Une
leçon de cinéma encore inégalée…
Note :
10/10 (chef d’œuvre absolu)
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