PERDUES
DANS NEW YORK
de Jean
Rollin
1991
France
avec
Natalie Perrey, Melissa, Marie-Laurence, Adeline Abitbol, Catherine Herengt,
Catherine Lesret, Sophie Maret, Catherine Rival
52
minutes
Film
fantastique expérimental
DVD
édité chez LCJ
aka Lost in New York
Synopsis :
Une
ville provinciale française, au début des années quatre-vingt dix…
Marie,
une fillette, sort du porche d’une église et marche vers le cimetière ;
elle aperçoit Michelle, une autre petite fille, très vite elles sympathisent ;
Marie emmène Michelle dans une vieille bâtisse et lui fait découvrir un livre
et ce qui semble être une amulette africaine…
Cet
objet, à priori anodin, a pour pouvoir de faire voyager dans le temps et dans l’espace
tous ceux qui le possèdent…
Et l’effet
ne se fait pas attendre, Marie et Michelle se retrouvent à vingt- trois ans,
perdues en plein New York ; Marie est agressée sur le toit d’une tour mais
blesse son assaillante de coups de couteau, le film suit les errances des deux
jeunes femmes…
Puis
nous les retrouvons en femmes âgées sur le bord d’une plage…
Mélissa,
une danseuse noire, effectue des mouvements tribaux, alors que Marie et
Michelle redeviennent de nouveau des petites filles…
L’issue
du film nous les montre pénétrant dans le creux d’une falaise d’où il semble qu’il
s’agisse d’un voyage sans retour…
Mon
avis :
Délaissant
temporairement les films vampiriques qui firent sa renommée au niveau mondial,
Jean Rollin s’essaie au film de « mondes parallèles » avec ce très
faiblard « Perdues dans New York », histoire sans fil conducteur ni
logique, actrices récitant leur texte sans conviction (propre à tous les films
de Rollin), effets spéciaux grotesques (la scène de la lacération est nulle et
non avenue) ; le seul intérêt de « Perdues dans New York » reste
la voix off de Rollin en récitant tout le long du film qui apporte une
attention, sans quoi le film serait complètement soporifique…
Cependant,
les fans purs et durs de Rollin et de son style cinématographique reconnaitront
bien là la patte du Maitre et les habitués à ses délires accepteront facilement
de s’immiscer et de s’immerger dans ce dédale insolite et très bizarre, succession
de scènes atypiques dont seul Rollin et ses initiés connaissent les codes et
qui pourra éventuellement les fasciner, quant aux autres, ils trouveront « Perdues
à New York » beaucoup trop hermétique et auront beaucoup de mal à s’intégrer
dans les propos de Rollin, à cause d’une grande confusion sémantique et un
style trop personnel…
Rollin
est un peu comme les femmes qu’il filme : à la rue, et la tonicité de ses
précédents films (« La nuit des traquées », « Les raisins de la
mort » et même « Le viol du vampire ») a disparu pour laisser
place à un portnawak anémié sans dynamisme qui se suit à la va-comme je te
pousse, sans cohérence (le scénar est, de l’aveu de Rollin dans les bonus du
DVD, écrit à « l’automatique », ce qui veut dire que Rollin avait
deux scènes en tête, au départ, et qu’il a intégré le corps du film pour se
coller sur ces deux fameuses scènes, le résultat est, dès lors, peu probant !)…
Comme
pour tous ses films, Rollin se lâche dans ce qui lui fait plaisir, son cinéma
est très personnel, pour des fois on adhère à cent pour cent, pour d’autres, on
s’ennuie ferme…
Mais
Rollin est un artisan du ciné bis et il parvient à rebondir lorsqu’on suit sa
filmographie ; dans ses récents films « La nuit des horloges »
et « Les deux orphelines vampires » sont de grandes réussites, donc
il faut juger Rollin sur la globalité de son œuvre et non sur quelques films…
« Perdues
dans New -York » est l’un de ses moins bons métrages, peut- être parce qu’il
a omis de se mettre à la place du spectateur et qu’il s’est enfermé dans son
kiff des mondes parallèles, mais ce concept s’avère très casse-gueule car pas
grand monde n’est habitué à ce type de procédé scénaristique sauf si l’intrigue
tient en haleine or, ici, ce n’est pas le cas, on subit les plans séquences
plus qu’autre chose…
L’expérimentation
de Rollin l’enferme vite dans un piège dû aux moyens très faibles dont il
dispose, non pas qu’il ait bâclé son film mais il ne l’a pas assez doté de
trouvailles qui le rendraient intéressant et surtout « regardable »
pour le public ; ici seuls les « intégristes » du cinéma de
Rollin arriveront à apprécier « Perdues dans New – York »…
La
durée de cinquante-deux minutes aurait peut- être pu être rallongée mais il
fallait que Rollin booste et fasse rebondir son intrigue, ce qu’il n’a pas fait
et c’est dommage…
Hormis
Mélissa, la danseuse noire, et l’agresseur de Marie, Rollin aurait pu emprunter
des personnages du bestiaire fantastique et les intégrer dans le film ; il
a préféré s’arrêter sur un final proche de celui de « La vampire nue »
avec une voix off énigmatique qui laisse faire travailler l’imagination du
spectateur, c’est son choix et nous le respectons…
Un
Rollin très mineur réservé surtout à ses adorateurs qui veulent avoir visionné
l’intégralité de sa filmographie…
Note :
4/10
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