LE
MOULIN DES SUPPLICES
de Giorgio
Ferroni
1960
France/Italie
avec
Dany Carrel, Pierre Brice, Scilla Gabel, Wolfgang Preiss, Liana Orfei
Fantastique
gothique
96
minutes
DVD
édité chez Neopublishing
aka Mill of the stone women
Synopsis :
Pays
Bas, sur une petite île proche de Rotterdam…
Un
jeune homme prénommé Hans part rencontrer le sculpteur Whal afin d’étudier une
monographie sur les carillons, l’homme vit dans un moulin, dans ce lieu
singulier, il y a également un manège avec des statues de cire, qui fait office
de musée…
L’accueil
est austère et Hans dispose de six jours seulement pour mener à bien sa tâche,
Whal lui fournit des croquis et, parallèlement, Hans étudie avec son ami Ralf
et sa petite copine Liselotte…
Un
jour, Hans découvre que Whal a une fille nommée Elfie, la jeune femme a un
corps superbe et envoûte Hans par sa beauté, celui-ci tombe irrémédiablement
fou amoureux d’elle !
Elfie
souffre, en fait, d’une grande pathologie proche de la névrose et de la
schizophrénie ; Elle est « soignée » par le docteur Bohlem, un « ami »
de Whal, mais celui-ci est en fait un charlatan et un ancien détenu de prison
que Whal a pu faire sortir de l’incarcération en échange de ses services
médicaux sur Elfie…
Très
vite, Elfie communique sa pathologie à Hans qui commence à devenir névrotique
lui aussi ; Liselotte et Ralf parviennent à ramener Hans à la raison après
quelques jours de repos…
Ce n’est
que quand Annelore, la chanteuse du cabaret qu’a l’habitude de fréquenter Hans,
est kidnappée que Hans commence à se douter de quelques chose de très grave….
Elfie
souffre d’une maladie du sang incurable et Bohlem, avec la complicité de Whal,
pratique des transfusions sauvages sur des jeunes femmes qui servent de cobayes
pour maintenir Elfie en vie…
Ralf
et Hans vont chez Liselotte, cette dernière a disparu et n’est pas rentrée de
la nuit !
Mon
avis :
Prémices
du genre gothique avec « Le masque du démon » tourné la même année, « Le
moulin des supplices » est un film exemplaire que ce soit pour son
scénario ou pour le découpage des plans, c’est un pur régal et surtout une
histoire inventive, originale et d’une folle habileté puisque l’action se
déroule dans un moulin, les décors ont une part très importante, tout comme
pour les œuvres de Bava et le film emprunte déjà les codes bavaiens sans les
plagier à aucun moment…
Comment
ne pas tomber sous le charme d’Elfie (Scilla Gabel), elle est dotée d’une
sexualité incendiaire avec sa poitrine à damner un sein, le personnage en
lui-même est féminisé à l’extrême et cette pathologie qu’a la jeune femme dans
le film ne fait que rehausser les pulsions que le spectateur (tout comme Hans)
a pour elle…
On a
rarement vu une femme aussi sexuée dans le panorama du métrage gothique
transalpin !
Il y
a même un côté « Frankenstein » avec le professeur Bohlem, bras droit
de Whal et ancien taulard pratiquant des expérimentations douteuses de
transfusions sanguines sur de frêles jeunes femmes (postulat vu également dans
l’excellent « Sang du vampire » de Henry Cass sorti un an auparavant),
par ailleurs Ferroni pousse le bouchon encore plus loin dans la perversité
puisqu’on apprend, de fil en aiguille, que Bohlem est amoureux d’Elfie et veut
en faire sa femme, ce qui sera source de discorde avec Whal !
La
direction d’acteurs et l’interprétation sont excellentes avec nombre de
monologues ciselés au millimètre et pourvus d’une grande intensité, les
comédiens font ressentir la sensation d’effroi et de morbidité qui règne dans l’atmosphère
de ce moulin, sorte de château maudit comme dans nombre de productions
italiennes futures qui allaient reprendre ce canevas de la demeure à l’identique
du film de Ferroni…
Ferroni
a un talent absolu et même s’il n’a pas tourné pléthore de métrages, son passif
de documentaliste y est pour beaucoup dans la qualité et la précision de sa
mise en scène…
Et
puis il ne faut pas oublier qu’on est seulement en 1960 ( !), « Le
moulin des supplices » ose une grande modernité et instaure un climat
inédit jusqu’alors dans le cinéma fantastique ou d’horreur, les visages de ces
poupées de cire hanteront à jamais la mémoire de nombreux cinéphiles, Giorgio
Ferroni signe ici un pur chef d’œuvre du film glauque et bizarre, il imprègne
sa marque de fabrique et « Le moulin des supplices » fera
incontestablement date, ce film marque d’une pierre blanche le style du
gothique…
Atteinte
d’une pathologie proche de son héroïne, l’ambiance atmosphérique a de quoi
fasciner, tout comme les paysages extérieurs qui permettent un peu de « souffler »
face au baroque intérieur du moulin…
Respirant
quelque chose de malsain qui amplifie la peur qu’il provoque, « Le moulin
des supplices » baigne dans l’épouvante de manière insolite, il est
impératif de le visionner pour le public qui se dit fanatique de films
gothiques ; si l’on devait retenir dix films gothiques dans l’entité du
septième art, « Le moulin des supplices » figurerait dans cette
prestigieuse liste des lauréats…
Un
supplice pour les belles torturées, un délice pour le spectateur !
Note :
10/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire