mardi 7 novembre 2017

Le moulin des supplices de Giorgio Ferroni, 1960

LE MOULIN DES SUPPLICES
de Giorgio Ferroni
1960
France/Italie
avec Dany Carrel, Pierre Brice, Scilla Gabel, Wolfgang Preiss, Liana Orfei
Fantastique gothique
96 minutes
DVD édité chez Neopublishing
aka Mill of the stone women
Synopsis :
Pays Bas, sur une petite île proche de Rotterdam…
Un jeune homme prénommé Hans part rencontrer le sculpteur Whal afin d’étudier une monographie sur les carillons, l’homme vit dans un moulin, dans ce lieu singulier, il y a également un manège avec des statues de cire, qui fait office de musée…
L’accueil est austère et Hans dispose de six jours seulement pour mener à bien sa tâche, Whal lui fournit des croquis et, parallèlement, Hans étudie avec son ami Ralf et sa petite copine Liselotte…
Un jour, Hans découvre que Whal a une fille nommée Elfie, la jeune femme a un corps superbe et envoûte Hans par sa beauté, celui-ci tombe irrémédiablement fou amoureux d’elle !
Elfie souffre, en fait, d’une grande pathologie proche de la névrose et de la schizophrénie ; Elle est « soignée » par le docteur Bohlem, un « ami » de Whal, mais celui-ci est en fait un charlatan et un ancien détenu de prison que Whal a pu faire sortir de l’incarcération en échange de ses services médicaux sur Elfie…
Très vite, Elfie communique sa pathologie à Hans qui commence à devenir névrotique lui aussi ; Liselotte et Ralf parviennent à ramener Hans à la raison après quelques jours de repos…
Ce n’est que quand Annelore, la chanteuse du cabaret qu’a l’habitude de fréquenter Hans, est kidnappée que Hans commence à se douter de quelques chose de très grave….
Elfie souffre d’une maladie du sang incurable et Bohlem, avec la complicité de Whal, pratique des transfusions sauvages sur des jeunes femmes qui servent de cobayes pour maintenir Elfie en vie…
Ralf et Hans vont chez Liselotte, cette dernière a disparu et n’est pas rentrée de la nuit !
Mon avis :
Prémices du genre gothique avec « Le masque du démon » tourné la même année, « Le moulin des supplices » est un film exemplaire que ce soit pour son scénario ou pour le découpage des plans, c’est un pur régal et surtout une histoire inventive, originale et d’une folle habileté puisque l’action se déroule dans un moulin, les décors ont une part très importante, tout comme pour les œuvres de Bava et le film emprunte déjà les codes bavaiens sans les plagier à aucun moment…
Comment ne pas tomber sous le charme d’Elfie (Scilla Gabel), elle est dotée d’une sexualité incendiaire avec sa poitrine à damner un sein, le personnage en lui-même est féminisé à l’extrême et cette pathologie qu’a la jeune femme dans le film ne fait que rehausser les pulsions que le spectateur (tout comme Hans) a pour elle…
On a rarement vu une femme aussi sexuée dans le panorama du métrage gothique transalpin !
Il y a même un côté « Frankenstein » avec le professeur Bohlem, bras droit de Whal et ancien taulard pratiquant des expérimentations douteuses de transfusions sanguines sur de frêles jeunes femmes (postulat vu également dans l’excellent « Sang du vampire » de Henry Cass sorti un an auparavant), par ailleurs Ferroni pousse le bouchon encore plus loin dans la perversité puisqu’on apprend, de fil en aiguille, que Bohlem est amoureux d’Elfie et veut en faire sa femme, ce qui sera source de discorde avec Whal !
La direction d’acteurs et l’interprétation sont excellentes avec nombre de monologues ciselés au millimètre et pourvus d’une grande intensité, les comédiens font ressentir la sensation d’effroi et de morbidité qui règne dans l’atmosphère de ce moulin, sorte de château maudit comme dans nombre de productions italiennes futures qui allaient reprendre ce canevas de la demeure à l’identique du film de Ferroni…
Ferroni a un talent absolu et même s’il n’a pas tourné pléthore de métrages, son passif de documentaliste y est pour beaucoup dans la qualité et la précision de sa mise en scène…
Et puis il ne faut pas oublier qu’on est seulement en 1960 ( !), « Le moulin des supplices » ose une grande modernité et instaure un climat inédit jusqu’alors dans le cinéma fantastique ou d’horreur, les visages de ces poupées de cire hanteront à jamais la mémoire de nombreux cinéphiles, Giorgio Ferroni signe ici un pur chef d’œuvre du film glauque et bizarre, il imprègne sa marque de fabrique et « Le moulin des supplices » fera incontestablement date, ce film marque d’une pierre blanche le style du gothique…
Atteinte d’une pathologie proche de son héroïne, l’ambiance atmosphérique a de quoi fasciner, tout comme les paysages extérieurs qui permettent un peu de « souffler » face au baroque intérieur du moulin…
Respirant quelque chose de malsain qui amplifie la peur qu’il provoque, « Le moulin des supplices » baigne dans l’épouvante de manière insolite, il est impératif de le visionner pour le public qui se dit fanatique de films gothiques ; si l’on devait retenir dix films gothiques dans l’entité du septième art, « Le moulin des supplices » figurerait dans cette prestigieuse liste des lauréats…
Un supplice pour les belles torturées, un délice pour le spectateur !

Note : 10/10







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire