VINCENT,
FRANCOIS, PAUL ET LES AUTRES
de Claude
Sautet
1974
France/Italie
avec
Yves Montand, Serge Reggiani, Michel Piccoli, Umberto Orsini, Gérard Depardieu,
Stéphane Audran, Marie Dubois, Pierre Maguelon, Myriam Boyer, Ludmila Mikael
118
minutes
Chronique
de mœurs
Synopsis :
La France
dans le milieu des années soixante-dix…
Le
film narre par des chassés croisés la vie de tous les jours pour des amis de
longue date qui se retrouvent le weekend dans une maison de campagne, ils
aiment bien boire et bien manger et vivent les turpitudes des quinquagénaires,
notamment via des cassures ou des problèmes de couples, ce qui rend leur
existence plus difficile mais l’amitié, la vraie, est toujours là et chacun se
remonte le moral comme il peut, prenant une part d’empathie pour l’autre, celui
qui est en souffrance, qu’elle soit amoureuse ou financière…
Vincent
est un directeur d’une usine séparé de Catherine, sa femme, il vit avec Marie
et son entreprise est sur le point de faire faillite ; François, médecin
de profession, fait partie de la bande de copains mais sa femme Lucie ne l’aime
plus, François donne des coups d’éclats et des engueulades mémorables lors de
repas animés…
Jean
Lavallée, un jeune homme employé de Vincent s’entraine car il prépare un match
de boxe ; Paul est écrivain et prend plaisir à retrouver ses amis lors d’escapades
ou lors de soirées dans des restaurants gastronomiques, mais reste tout de même,
par la force de l’âge, dans des moments de mélancolie…
Lorsque
Vincent, dans un bar, est atteint d’une crise cardiaque et s’écroule, ses amis
relativisent leurs problèmes et mettent de l’eau dans leur vin, ils se soudent
pour aider Vincent, qui se remet petit à petit ; le film dresse un
portrait d’une grande finesse sur l’amitié et ses valeurs et sur les difficultés
pour faire perdurer un couple…
Claude
Sautet nous raconte des tranches de vies avec un grand réalisme et sens de l’humain
rarement développé au cinéma…
Mon
avis :
Claude
Sautet délivre un cinéma bien propre à lui et reconnaissable entre mille, il a
la grâce pour nous conter des tranches de vie bien ancrées dans la société,
notamment celle des années soixante-dix et il excelle dans la manière de narrer
tous ces moments que rencontrent les personnages qu’il met en scène ; il a
le don pour nous rendre proches des protagonistes et l’empathie est immédiate
grâce à une direction d’acteurs sans faille et doté d’un très grand
professionnalisme, on pourrait penser son cinéma ennuyeux et bien, pas du tout ;
Claude Sautet parvient grâce à son talent à faire s’intéresser le spectateur
aux personnages et aux situations qu’ils vivent, Sautet déroule la vie de façon
fluide et très réaliste et ne s’embarrasse pas du moindre voyeurisme ni de la
moindre violence, cela donne un rendu extraordinaire que peu d’autres metteurs
en scène savent reproduire au cinéma…
Immense
chef d’œuvre et pan énorme dans la filmographie de Claude Sautet, « Vincent,
François, Paul et les autres » est un métrage très touchant, brillant qui
nous donne le témoignage de ce que vivaient les gens à l’époque d’alors ;
il y a à la fois une opulence (nous sommes en 1974) et aussi un déclin (l’entreprise
de Vincent pris à la gorge financièrement qui ne peut pérenniser et va devoir
fermer), les rapports amoureux sont très compliqués et les couples s’entrechoquent,
se déchirent…. Ce qui rend malheureux les êtres devenus seuls, « Vincent,
François, Paul et les autres » dresse un portrait de la difficulté à
rester seul mais le point positif c’est la camaraderie et l’absence de conjoint
se comble par la présence des amis fidèles et loyaux, certains passages sont
même bouleversants devant la détresse amoureuse de Vincent qui envoie valser
son bureau (extraordinaire Yves Montand), Piccoli donne des scènes mémorables
(lorsqu’il coupe le gigot et que tout part en live dans une engueulade pas piquée
des hannetons)…
Les
personnages féminins ne sont pas en reste et Claude Sautet ne se polarise pas
uniquement sur les hommes, les femmes ont également leur place dans l’intrigue
(Marie Dubois, Stéphane Audran et Ludmila Mikael sont superbes et incarnent à
merveille la féminité)…
« Vincent,
François, Paul et les autres » est aussi l’occasion de voir Gérard
Depardieu jeune et il a déjà la prestance et la présence d’un grand acteur ;
à noter l’apparition fugace (deux plans séquences) de Pierre « Terrasson
des Brigades du tigre » Maguelon qui fait une étude de transaction avec
Vincent/Yves Montand…
« Vincent,
François, Paul et les autres » respire le bonheur des années soixante-dix
et apporte une fraîcheur indéniable au cinéma de l’époque, c’est aussi une
leçon de mise en scène avec un passage hallucinant entre Piccoli et sa femme
avec une tridimensionnalité de miroirs hyper balaise au niveau de la technique,
Claude Sautet maitrise autant le visuel que le narratif et l’effet provoqué est
bluffant…
Pur
chef d’œuvre et figurant parmi les meilleurs films de son auteur, « Vincent,
François, Paul et les autres » est un film absolument à visionner pour
tout cinéphile, tout public, c’est une œuvre juste, émouvante, attachante et
fidèle à la réalité, Claude Sautet donne un aspect sensationnel à des petites
choses de la vie, il transcende le quotidien avec sa caméra pour restituer la
magie du septième art et nous bouleverse par son sens de l’humain et par la
justesse avec laquelle il donne corps aux âmes des personnages qu’il emploie…
Fantastique
et lumineux, « Vincent, François, Paul et les autres » n’a pas pris une
ride et les situations qu’il développe sont toujours d’actualité, je dirais
même qu’elles sont éternelles…
Un
film immense…
Note :
10/10
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