DE
BATTRE MON CŒUR S’EST ARRETE
de Jacques
Audiard
2005
France
avec
Romain Duris, Niels Arestrup, Aure Atika, Emmanuelle Devos, Mélanie Laurent
Drame/film
d’auteur
108
minutes
César
du meilleur film et du meilleur réalisateur
Synopsis :
France,
milieu des années deux mille…
Thomas
Seyr, un jeune homme de vingt- huit ans, travaille dans l’immobilier, il a une
activité véreuse et procède à des magouilles pas toujours très légales ;
il met des dizaines de rats dans des logements pour faire fuir leurs
propriétaires, tabasse des sans- papiers qui occupaient des squatts et Thomas
vit à deux cents à l’heure, avec des virées nocturnes où il rencontre des
prostituées de luxe, l’alcool coule à flots, la coke se sniffe régulièrement et, petit à petit, Thomas se
coupe du monde et de la réalité, il écoute de la musique électro au casque très
souvent et il devient violent et acariâtre…
Thomas
avait commencé à prendre des cours de piano mais a dû arrêter au décès de sa
mère…
Un
midi, Thomas doit déjeuner avec son père, Robert, un sexagénaire ; ce
dernier vient de rencontrer une nouvelle conquête, Chris ; le courant
passe très mal entre Thomas et Chris…, Robert est en très mauvaise posture et a
souvent trainé dans des affaires plus que douteuses (tout comme Thomas, il a
travaillé dans l’immobilier) ; il mandate son fils pour aller casser la
figure à un restaurateur qui ne lui paye plus son loyer ; lors de l’arrivée
de Thomas chez ce restaurateur, ça barde et l’altercation est hyper violente
mais Thomas parvient à soutirer l’argent et à le restituer à son père….
Petit
à petit et l’alcool aidant, Thomas commence à perdre pied avec la réalité ;
il fait l’amour avec Aline, une superbe brune, épouse d’un de ses amis, puis ne
vient plus à ses rendez-vous professionnels !
Jusqu’au
jour où, de manière fortuite, il rencontre un étudiant asiatique qui lui
propose de reprendre des cours de pianos ; Thomas se rend chez une femme
asiatique qui va le rééquilibrer dans ses capacités à jouer du piano…
Thomas
y voit là une rédemption et une revanche par rapport au décès de sa mère et à
tous les moments qu’il a perdus depuis son décès…
L’apprentissage
est chaotique et Thomas a beaucoup de mal, il fait des crises de nerfs lorsqu’il
n’arrive pas à jouer correctement…
C’est
alors que Robert est menacé de mort par un mafieux russe, Minskov, qui ne
plaisante pas du tout ; devant le danger grandissant, Robert fait appel
une nouvelle fois à Thomas…
Thomas
parvient à s’introduire dans un luxueux hôtel où se trouve le mafieux ; ce
dernier est en compagnie d’une magnifique fille…
Thomas
questionne cette fille avec insistance et la suit dans les toilettes de l’hôtel…
Mon
avis :
Remake
du film américain « Fingers » avec Harvey Keitel, « De battre
mon cœur s’est arrêté » (titre en référence à un texte d’une chanson de
Jacques Dutronc) est une nouvelle fois dans la carrière de Jacques Audiard une
immense réussite…
Film
très noir, rude et difficile d’accès, « De battre mon cœur s’est arrêté »
narre le quotidien d’un bo-bo paumé qui vit de magouilles dans le domaine de l’immobilier
et qui est tiraillé entre un père égoïste qui ne le comprend pas et qui gravite
dans une vie violente mais parce qu’il le veut bien ; Thomas a perdu ses
repères depuis le décès de sa mère et n’arrive pas à se raccrocher à la
réalité, il picole, prend de la coke et a une vie sexuelle chaotique…
« De
battre mon cœur s’est arrêté » dresse une galerie de personnages très peu
recommandables et Audiard y va frontalement dans son cinéma, avec des séquences
parfois dures, il ne prend aucun parti-pris mais nous balance des tranches de
vies avec réalisme et authenticité…
Sur
le plan technique, il ya énormément de cadrages en gros plan sur les visages,
ce n’est pas du cinéma ample mais plutôt renfermé sur les personnages, afin de
faire pénétrer le spectateur dans l’inconscient de ces derniers et nous les
rendre familiers…
Romain
Duris (tout comme tous les autres comédiens, Arestrup en tête) est fabuleux,
son personnage est vraiment très très dur à interpréter et il délivre une
composition démentielle…
Au
niveau du charme féminin, on est gâtés avec le trio Emmanuelle Devos/Aure
Atika/Mélanie Laurent (dont c’est un des premiers rôles au cinéma), mais
Jacques Audiard ne s’attarde pas trop sur ces protagonistes, il va plutôt démontrer que les cours de piano
repris par Thomas/Romain Duris sont en fait le levier vers une rédemption pour
le jeune homme, mais il aura un mal fou à remonter la pente…
Un
événement terrible (que je ne vous révèlerai pas) va bouleverser une nouvelle
fois la vie de Thomas et il se verra mandaté d’une mission, d’une vendetta
terrible ; Audiard signe une scène hyper brutale et insensée à la fin qui
marquera à tout jamais tout cinéphile…
La
musique, le piano en l’occurrence, semble être comme une « thérapie »
pour Thomas et c’est souvent le cas pour la majorité des gens dépressifs qui
peuvent y trouver un exutoire face à leurs démons intérieurs ; le chemin d’apprentissage
sera long et douloureux, semé d’embûches mais Thomas, même s’il s’accroche, ne
sera pas tout à fait prêt à atteindre le niveau (très élevé) qu’il souhaitait…
« De
battre mon cœur s’est arrêté » est cependant un film majeur dans le cinéma
français de la moitié des années deux- mille, il entérine le talent de Jacques
Audiard et laisse un souvenir imparable après le visionnage, même si un peu
amer…
La
façon avec laquelle Jacques Audiard filme ses scènes ne ressemble à aucune
autre ; la direction d’acteurs est de très haut niveau, malgré les
réserves sur le côté abrupt du film, il mérite amplement d’être vu…
Du
très grand cinéma, Jacques Audiard rend honneur au film d’auteur et signe ici
un pur chef d’œuvre à voir impérativement !
Note : 8/10
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