FONDU
AU NOIR
de Vernon
Zimmermann
1980
Etats
unis
avec
Mickey Rourke, Dennis
Christopher, Gwynne Gilford, Tim Thomerson, Linda Kerridge
Film fantastique/Thriller/Slasher
100
minutes
aka Fade
to black
Synopsis
:
Une
ville des Etats-Unis, au début des années quatre-vingts…
Eric
Binford est un jeune homme qui est fasciné par le cinéma, il passe le plus
clair de son temps à visionner des films, allongé sur son lit et prostré devant
son écran…
La
situation d’Eric fait le désespoir de sa tante Stella, une dame infirme en fauteuil roulant, qui s’occupe
d’Eric depuis le décès de ses parents…
Eric
effectue des petits boulots dans une usine qui produit des bobines de films
pour les studios d’Hollywood proches ; Eric est la cible de railleries de
la part de son collègue moqueur Richie, il fait des paris en rapport avec le
cinéma avec lui, mais Eric est incollable et gagne tout le temps, seulement
Richie refuse de lui donner son gain…
Binford
voue un culte absolu à Marilyn Monroe et vit dans le déni de la mort de l’actrice,
la considérant toujours en vie !
Un
jour, Eric, se trouvant dans une brasserie aperçoit Marilyn O’ Connor, une
jeune femme blonde sosie de Marilyn Monroe, c’est le coup de foudre ! Eric
lui propose un rendez-vous au cinéma le soir même…
Lorsqu’Eric
rentre chez lui, il est tard et Stella lui passe une avoine, dans l’engueulade
sa tante casse le projecteur d’Eric qui lui servait à regarder ses films !
C’en
est trop ! Eric pousse Stella dans un escalier avec son fauteuil roulant
et celle-ci se tue dans la chute !
Eric
opère alors un virage à 180 degrés et plonge dans la schizophrénie, il se fait
appeler Cody Jarrett (en référence au nom du personnage incarné par James
Cagney dans le film « L’enfer est à lui ») et devient un meurtrier,
un tueur en série !
Le
détective Jerry Moriarty, assisté d’une femme policière, traque Eric, mais les
investigations s’avèrent très difficiles, en effet, Eric revêt sans arrêt des
déguisements lors de ses crimes, il reproduit à l’identique les personnages des
films qu’il a vus et passe, par conséquent, inaperçu !
Eric
est pris en stop par un scénariste hollywoodien ; de fil en aiguille, Eric
lui parle d’un projet qu’il a écrit appelé « Alabama et les quarante
voleurs »…
Peu
de temps après, Eric/Cody se rend compte que le producteur lui a volé son idée
de script et ne l’a même pas contacté !
Après
une bonne dizaine de meurtres effectués auparavant, Eric se rend dans les
studios d’Hollywood avec comme unique idée, celle de tuer le producteur !
Mon
avis :
Les
années quatre-vingts virent pondre des déclinaisons de genres cinématographiques,
notamment les films appelés « slashers » qui commencèrent à pulluler
dans le panorama du cinéma américain, certains étaient basiques, d’autres
(comme « The burning » de Tony Maylam) redonnaient une saveur et une
atmosphère peu communes qui rendaient honneur au genre…
Ce « Fondu
au noir » (« Fade to black » outre Atlantique) est hors concours
par rapport aux autres, il fait preuve d’une originalité immense, d’un sens du
détail et d’une rigueur méthodique prodigieuse !
Remarquable
à tous les niveaux, « Fondu au noir » met en scène un serial killer
cinéphile et là, ça change tout !
Le personnage
désaxé d’Eric Binford va, dès le premier meurtre (celui de sa tante) le faire
virer à la schizophrénie puisqu’il reproduit les meurtres qu’il a vus dans les
films qu’il vénère au centimètre près et à la virgule de réplique près !
L’acteur
Dennis Christopher est fabuleux et proprement bluffant, les situations sont
fluides et glauques en même temps, le film passe comme une flèche et on se
régale…
Vernon
Zimmermann signe ici un authentique chef d’œuvre et un démarquage absolu du
film fantastique, « Fondu au noir » est dès lors unique en son genre,
formidablement réalisé et l’empathie que l’on a pour Eric Binford (que l’on
soit cinéphile ou simple spectateur) se créée dès le début du métrage, son
personnage est proche du Norman Bates d’Hitchcock, mais en plus moderne…
Binford
est attachant et le talent de Zimmermann fait qu’on éprouve très peu de peur vis-à-vis
de lui, il a été humilié à maintes reprises et décide de se « venger »,
c’est le juste retour des choses et on éprouverait presque de la compassion par
rapport à ses actes, ce qui est très rare pour un slasher !
Le
scénario est découpé de façon très astucieuse et le film va crescendo dans la
violence, la schizophrénie de Binford va se « dégoupiller » lentement
mais surement dans une mise en scène effilée et singulièrement fascinante...
« Fondu
au noir », outre son aspect atypique et original, est de plus un sommet du
polar avec des investigations, des rebondissements et des décors sublimes (la
fin sur le toit du bâtiment, la ville la nuit…)…
Tous
les cinéphiles mordus de fantastique pourront se reconnaître dans le personnage
d’Eric Binford, il leur parle, il nous parle, et les situations vécues dans le
film sont surement des situations qu’on a tous vécus (les moqueries des
camarades, des collègues), ici Binford se sert du cinéma comme d’une catharsis
pour exulter des pulsions et ses douleurs, le cinéma « l’aide » à
canaliser l’agressivité qu’il a emmagasiné pour exploser lors de ses meurtres…
Zimmermann
signe un film immense qui fera date et qui devint culte pour beaucoup de
cinéphiles ; cette idée géniale d’établir un parallèle réalité/fiction via
le septième art pour amplifier la justification des meurtres est simplement
très forte et surtout inédite au cinéma…
Un
très grand film, qui, par la modernité de son propos, n’a pas trop vieilli…
Note :
9.5/10
Dédicacé
à Bruno