SE
SOUVENIR DES BELLES CHOSES
de Zabou
Breitman
2001
France
avec
Bernard Campan, Isabelle Carré, Bernard Lecoq, Dominique Pinon, Zabou Breitman,
Jean Claude Deret, Anne Le Ny
Drame
110
minutes
Synopsis :
France,
début des années deux mille…
Claire
Poussin, une très belle jeune femme de 32 ans est emmenée par sa sœur Nathalie
pour une consultation dans un centre médico-psychologique appelé « Les
écureuils » ; Claire prétend avoir des troubles graves de la mémoire
depuis qu’elle se serait perdue dans une forêt alors qu’il y avait un orage
terrible, elle dit avoir été recueillie par des pompiers…
Le
docteur Christian Licht, responsable de la clinique, la reçoit et relativise la
pathologie de Claire afin de « rassurer » sa sœur, extrêmement
angoissée et stressée…
Claire
va faire un tour à la cafétéria et Philippe, un homme dépressif, l’aborde ;
Philippe a perdu sa famille lors d’un accident de voiture mais n’arrive pas à
faire le deuil…
Marie
Bjorg, la psychologue, entretient une relation amoureuse avec Christian Licht ;
l’équipe médicale se réunit pour « checker » les pathologies des
patients ; c’est alors que lors d’une sortie au musée, Claire et Philippe
tombent amoureux et s’embrassent…
Le
psychiatre de la clinique « Les écureuils » accepte que Claire soit
hébergée à temps complet afin de soigner sa pathologie, elle peut ainsi voir
Philippe plus souvent…
Petit
à petit, la santé de Claire se dégrade et il devient clair qu’elle est atteinte
de la maladie d’Alzheimer !
Prenant
le taureau par les cornes et chose pour le moins inhabituelle, Licht fait louer un appartement pour que Claire et
Philippe s’y installent…
Lors
de la crémaillère, Claire a une crise, puis ces crises deviennent cycliques,
surtout qu’en plus, Philippe a des terreurs nocturnes où il se met à hurler,
croyant voir les cadavres de sa famille après l’accident de la route…
Pour
aider Claire, Philippe a trouvé un système, avec un magnétophone, il lui dicte
le parcours lorsqu’elle va faire ses courses, afin que la jeune femme ne se
perde pas…
Un
jour, alors que Nathalie avait rendez-vous avec sa sœur, Philippe s’aperçoit
que Claire a disparu !
Mon
avis :
Auréolé
d’une palanquée de récompenses, ce « Se souvenir des belles choses »
est un film uppercut où Zabou Breitman a pris le parti pris très courageux de s’attaquer
à un sujet très difficile qui aurait pu tourner en catastrophe, mais Breitman,
par son talent, s’en sort à merveille, optant pour la retenue et la pudeur pour
nous montrer une histoire d’amour simple entre deux personnes souffrant de
pathologies lourdes…
A ce
titre, l’interprétation est prodigieuse de la part des deux comédiens centraux,
Isabelle Carré joue juste pour un rôle hyper difficile et nous transmet son
empathie de façon instantanée, quant à Bernard Campan, il est méconnaissable, tous
ceux qui l’ont en souvenir de ses facéties avec le trio des Inconnus seront
bluffés par son jeu, il prouve que les rôles à total contre- emploi ne lui font
pas peur et donne une composition magistrale dans son personnage dépressif
souffrant de terreurs nocturnes et du syndrome de Gilles de la Tourette…
La
réalisation de Zabou Breitman est par ailleurs habile et fine, la technique
pour filmer est également recherchée avec des séquences inoubliables comme ces
baisers sous la pluie ou l’escapade d’Isabelle Carré/Claire vue comme une « fugue »
pour s’effacer de la réalité…
Un
ou deux bémols quand même au niveau scénaristique, on ne voit JAMAIS les
patients ou Claire et Philippe prendre de traitements médicamenteux, ce qui n’est
pas réaliste, que ce soit au sein du centre des Ecureuils ou dans l’appartement ;
d’ailleurs l’histoire de l’appartement n’est pas du tout crédible, qui paye le
loyer ? le psychiatre joué par Bernard Le coq décide de leur « offrir »
le logement, chose totalement irréelle et impossible dans la réalité, mais bon,
ces deux détails un peu grossiers ne dénaturent en rien l’aspect bouleversant
du film et il est préférable de les occulter pour prendre pleinement conscience
de l’histoire de ces deux jeunes gens qui se livrent à une love story atypique
dans le cinéma français…
Pour
un premier film, Zabou Breitman a complètement réussi son pari et le film fut
un immense succès, aussi bien au niveau de l’accueil de la critique qu’au
box-office, le film consacre le duo Campan/Carré et possède le pouvoir d’être
inoubliable, que ce soit au niveau de la sensibilité de l’histoire qu’au
courage avec lequel le film est traité…
Sensible,
touchant mais en aucun cas, « Se souvenir des belles choses » ne
tombe dans le pathos ou l’incongru et ça c’est un très bon point pour Zabou
Breitman qui a eu l’intelligence de faire sonner juste son film…
Très
peu de films traitant de la dépression ou de la maladie d’Alzheimer n’ont vu le
jour dans le cinéma hexagonal, il faut donc saluer cette initiative…
« Se
souvenir des belles choses » est donc un film à voir et le sujet traité
est accessible à tous les publics, contrairement à des films comme « 37.2
le matin », les cinéphiles comme le public fanatique de films dramatiques y
trouveront immanquablement leur compte…
Note :
9/10
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