dimanche 25 novembre 2018

Lèvres de sang de Jean Rollin, 1975


LEVRES DE SANG
de Jean Rollin
1975
France
avec Annie Belle, Jean Loup Philippe, Marie Pierre Castel, Claudine Beccarie, Jean Rollin, Natalie Perrey, Catherine Castel
Film fantastique vampirique
88 minutes
Blu ray édité chez Redemption vidéo
aka Lips of blood
Synopsis :
Paris, au milieu des années soixante-dix…
Frédéric est un jeune homme qui fréquente les milieux huppés de la capitale, il est un peu artiste ; lors d’une soirée privée qui lance un parfum sur le marché, Frédéric est l’un des invités ; il est entouré de jeunes femmes toutes plus ravissantes les unes que les autres ; lorsque la mère de Frédéric lui demande de lui servir un verre, Frédéric semble distant et décontenancé ; en effet, il est intrigué et fasciné par une photographie de publicité du fameux parfum, qui montre un bâtiment en ruines…
Pris d’une pulsion, Frédéric veut absolument savoir l’endroit où a été prise cette photo…
Il fait des recherches et atterrit chez Claudine, une photographe lors d’une séance avec un mannequin…
D’abord réticente, Claudine finit par révéler le nom de l’endroit où a été prise cette photo…
Frédéric est hanté depuis son enfance par le lieu !
En fait, lorsqu’il était petit, Frédéric s’était perdu et rencontra une très belle jeune femme appelée Jennifer dans cet endroit, c’était la nuit et Frédéric dormit avec Jennifer à ses côtés…
Etait-ce un rêve ou la réalité ?
Toujours est-il que Frédéric revoit Jennifer partout lors de flashs spectraux et fantomatiques…
Pris pour un fou par sa mère, Frédéric, lors d’une sortie de son domicile, est emmené de force par des infirmiers dans une clinique psychiatrique !
Alors que le psychiatre s’apprêtait à lui administrer une séance d’électrochocs, deux infirmières blondes le délivrent et vampirisent le psychiatre !
Frédéric comprend que Jennifer était en fait la « chef » d’une horde de vampires et de succubes et que, de plus, ses frères et sœurs avaient été tués par Jennifer alors qu’il était enfant !
Mais Frédéric voit le comportement de Jennifer comme un jeu érotique, il est en fait fou amoureux d’elle !
Frédéric et Jennifer se retrouvent tous les deux, totalement nus, sur une plage et s’enferment dans un cercueil en bois ; les vagues emportent alors le cercueil au large !
Mon avis :
Tourné en  trois semaines, « Lèvres de sang » est un film que Jean Rollin affectionne particulièrement et il dira même que c’est son œuvre la plus réussie au niveau du script ; c’est vrai car l’histoire est très travaillée, il y a énormément de décors, de rebondissements et de personnages, Rollin signe un film de vampires différent de ceux auxquels il nous avait habitués, il mêle l’onirisme, la psychiatrie, les hallucinations et une « love story » de main de maitre et prouve qu’il sait faire autre chose que des plans de nus dans un cimetière, il a déployé son talent et maitrise son art et sa technique cinématographique avec une facilité hors du commun…
En plus, on retrouve alors qu’elle est très jeune, la belle actrice Annie Belle, bien connue des cinéphiles puisqu’elle jouera cinq années plus tard dans le film de Deodato « La maison au fond du parc », ainsi que dans « Absurd » de Joe d’Amato, une super actrice très impliquée dans ses rôles et qui dégage une grande classe, très bon choix de Rollin pour le rôle de Jennifer…
Jean Loup Philippe dans le rôle principal est, quant à lui, très crédible et on a le bonheur d’avoir les deux jumelles Castel (Marie-Pierre et Catherine) comme vampirettes blondes et sexy, que demande le peuple ?
« Lèvres de sang », c’est donc du très lourd et Rollin, en parallèle, en a fait, en rajoutant des scènes X, un film pornographique ; gardons plutôt en mémoire la version  « softcore » avec cette histoire de femme aux apparitions spectrales qui vient perturber un jeune homme traumatisé par un souvenir de son enfance, l’histoire pondue par Rollin vaut mieux qu’un simple film pornographique, d’ailleurs on se demande pourquoi Rollin a voulu absolument en faire une déclinaison X, sinon pour se plier au marché du porno qui commençait à décoller en France…
Bref, on a une super histoire, des plans séquences mystérieux et énigmatiques, une multitude de décors (mention spéciale aux scènes dans le métro parisien) et une fin ultra poétique (peut être la plus barrée de toute la filmographie du père Rollin), donc il ne faudrait pas bouder son plaisir, Rollin a vraiment réussi son film, aucune fausse note n’est à déplorer !
Rien que le titre « Lèvres de sang », on sait qu’on doit s’attendre à quelques chose de fantastique, de vampirique et avec une connotation sexuelle…
Pour une fois, Jean Rollin n’en fait pas trop et ne se perd pas dans des méandres scénaristiques, il pose les fondations de son histoire et ne dévie pas d’un iota jusqu’au dénouement, avec quelques flashbacks mais toujours une énorme application pour rendre plausible son postulat vis-à-vis du spectateur…
« Lèvres de sang » est donc une œuvre essentielle dans la carrière de Rollin, c’est un film plus accessible que les autres et tout le monde (aussi bien les cinéphiles classiques que les mordus de films déviants) y trouvera son compte…
Du très grand Rollin, à ne louper sous aucun prétexte !
Note : 9/10










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