LA
FILLE QUI EN SAVAIT TROP
de
Mario Bava
1963
Italie
avec
Leticia Roman, John Saxon, Valentina Cortese, Mario Serandrei, Gianni di
Benedettto, Milo Quesada
Thriller/giallo/film
policier
92
minutes
Musique
de Roberto Nicolosi
Blu
ray édité chez Sidonis Calysta
aka
La ragazza che sapeva troppo
Synopsis :
L'Américaine Nora Davis arrive à Rome pour passer des vacances.
Mais dès son atterrissage à l'aéroport, les
choses prennent une tournure désagréable : son voisin dans l'avion, avec
qui elle avait fait connaissance, est arrêté pour trafic
de drogue.
Elle rejoint alors sa tante malade où elle va
loger durant son séjour.
Celle-ci est soignée par le Dr Marcello Bassi.
La tante de Nora décède le premier soir de sa
visite et Nora se rend à pied à l'hôpital voisin pour prévenir le Dr Bassi.
En chemin, elle est agressée et assommée sur l'escalier de la Trinité-des-Monts
(source :
Wikipedia)
Mon
avis :
Historiquement
et authentiquement, « La fille qui en savait trop » est le premier
giallo au monde, c’est le premier film qui créée ce genre au cinéma et Bava a inventé
tous les codes dans son métrage qui seront repris par la quasi-totalité des
réalisateurs italiens, qu’on le veuille ou non c’est un film précurseur qui
allait ouvrir de nouvelles portes dans le septième art !
Bava
prend le canevas de Hitchcock (le titre se réfère à « l’homme qui en savait
trop ») mais il nous met en scène un film à énigmes, à tiroir, comme des
poupées russes (une énigme en amène aussitôt une autre et ainsi de suite…)…
La
réalisation est très tonique et chargée en densité ; la sublime Leticia
Roman, dont c’est quasiment l’unique rôle au cinéma, est ultra charismatique et
possède un regard proche de l’hypnotique, le film comporte même des passages
effrayants, très vite désamorcés par un ton humoristique, on sent que Bava s’amuse
et qu’il fait ce qu’il veut avec ses spectateurs, on peut parler de chef d’œuvre
absolu et de pilier pour l’histoire du cinéma italien, à ce stade, aucun autre
réalisateur n’avait osé exploser les
conventions et improviser un tel style, qui sera la génèse de dizaines, de
centaines de films après, dans la période d’une vingtaine d’années (entre 1963
et 1983, et même bien après !), « La fille qui en savait trop »
est une REVOLUTION !
De
plus, au niveau qualitatif, « La fille qui en savait trop » est un
modèle de thriller et de film policier, une femme assiste à un meurtre et se
retrouve imbriquée dans une histoire rocambolesque, un canevas connu au cinéma,
mais magnifié par un sens de la mise en scène propre à Bava, à la fois
rigoureux, divertissant et insolite…
Comme
toujours, les décors ont une place prépondérante chez Bava et « La fille
qui en savait trop » ne déroge pas à cette règle ; au niveau
architectural, le film est hyper dense avec même un côté « carte postale »
(il ne faut pas oublier que Nora Davis est avant tout une touriste et vient des
Etats-Unis pour visiter Rome)…
Bava
montre déjà qu’il sait y faire pour distiller à doses progressives l’angoisse
et l’étonnement, certains plans séquences provoquent l’effroi, ces trouvailles
se répercuteront sur d’autres réalisateurs (Dario Argento, surtout, avec « Profondo
rosso » qui « pique » certaines idées du film de Bava ; et
un hommage certain dans « Ténèbres » tourné vingt ans plus tard,
toujours avec John Saxon et se déroulant à Rome, comment ne pas y voir une
similitude ?)…
Bava
en finira avec le noir et blanc après « La fille qui en savait trop »,
c’est une œuvre charnière dans sa filmographie, un « passage », une « étape »
qui lui permit d’accéder au rang de cinéaste culte, lui ouvrant les portes vers
d’autres domaines de créations (tout le monde sait que sa marque de fabrique, c’est
le travail des couleurs dans ses films)…
La
musique de Roberto Nicolosi est parfaite et permet d’amplifier les scènes, déjà
très amples, le charme de Leticia Roman est également à 70 % dans la réussite
du film, on regrettera que la belle n’ait pas pu faire carrière, elle possédait
un fort potentiel et un charisme exceptionnel…
L’édition
blu ray sortie chez Sidonis Calysta est fabuleuse et on a la chance de
retrouver Bruno Terrier dans les bonus qui explique très méthodiquement les
différences de montages entre la version américaine et la version européenne,
ainsi qu’une présentation du film par Olivier Père d’Arte, cette édition est
indispensable pour tout cinéphile et a même le montage américain disponible !
En
outre, « La fille qui en savait trop » est un métrage à découvrir ou
redécouvrir en priorité, ce n’est pas le meilleur film de Bava, mais sans
doute, un de ses plus importants car il a élaboré tout ce qui fit un genre par
la suite, par des dizaines d’autres metteurs en scène, Bava was the FIRST !
il ne faut jamais oublier ça !
« La
fille qui en savait trop » est essentiel pour comprendre la démarche de
Bava par rapport à la façon avec laquelle il appréhende le cinéma ; pour
les non cinéphiles, c’est un très agréable moment à passer, aucune prétention
de la part de Bava, il crée son style mais aussi respecte totalement la volonté
de dépaysement que chacun demande lorsqu’il visionne un film…
Must
have absolu !
Note :
10/10
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