MONSTER
de Patty Jenkins
Etats Unis
2003
avec Charlize Theron, Christina Ricci, Bruce
Dern
109 minutes
Polar/Etude sociale
Synopsis :
Etats Unis, au début des années 90...
Aileen, une prostituée depuis l'adolescence,
rêve de se sortir du marasme dans lequel elle vit...
Elle sillonne les bars mal famés et enchaîne
les passes sordides le plus souvent dans des voitures d'hommes d'un certain âge
et sans scrupules...
Un soir elle fait la connaissance de Selby,
une jeune femme de 18 ans et c'est, l'alcool aidant, le coup de foudre !
Décidant de se ranger définitivement de la
prostitution, Aileen plaque tout pour vivre avec Selby mais son lourd passé
reprend le dessus...
Un client désaxé fera basculer l'histoire, ce
dernier frappant violemment Aileen, celle ci sera contrainte de l'abattre !
Prenant goût à l'argent facile de ses
victimes trucidées, Aileen va ainsi entraîner Selby dans une spirale
irréversible de violence...
Mon avis :
A la fois histoire d'amour et biographie
policière romancée, "Monster" tient surtout l'intérêt pour les
formidables performances des deux actrices principales, Charlize Theron et
Christina Ricci, et pour un scénario solide appuyé par une mise en scène sèche
et sans compromis...
Réaliste et n'épargnant quasiment rien au
spectateur, ce dernier se retrouve plongé dans un monde sordide et trash, où la
perversion, qui est légion, s'articule avec l'argent, où la misère côtoie
l'alcoolisme et où tout semble sans la moindre issue...
C'est le revers de la médaille et le titre du
film fait référence à une grande roue de fête foraine appelée
"Monster" qu'on a envie de gravir mais d'où l'on sort sonné et
vomissant ses tripes, un peu comme un mythe moderne de Sisyphe où le déni
détache de la réalité, avec soit la prison soit la chaise électrique au bout...
L'aspect lesbien et saphique du film
transcende la relation entre les deux femmes pour les faire se fusionner, comme
un couple traditionnel, poussé à l'extrême mais avec la plus grande pudeur,
permettant de garder une certaine retenue même si les trois quarts des
personnages masculins sont montrés comme des êtres immondes...
Le christianisme omniprésent des parents de
Selby propose une caricature d'une certaine Amérique bien pensante et par la
même hypra hypocrite, où la jeune fille n'y trouve pas/plus son compte
préférant la vie de bohème et le risque avec la rencontre d'Aileen...
Portrait appuyé du déclin sociétal et de la
misère d'une population, "Monster" aborde de nombreuses thématiques
comme le féminisme et la place des femmes dans la société, mais en même temps,
ne cautionne pas à 100 % les actes répréhensibles d'Aileen, évitant de la
"glorifier", ce qui aurait été trop facile...
La mise en scène de Patty Jenkins se contente
de délivrer un constat abrupt et plus dense qu'il n'y parait sur le parcours
d'une écorchée vive, magnifiée par une Charlize Theron enlaidie et
méconnaissable...
Ayant raflé nombre de prix et de distinctions
lors de festivals internationaux, "Monster" est un excellent
témoignage du cinéma des années 2000 et prouve que l'on peut encore se
démarquer du cinéma traditionnel en tournant des oeuvres sincères et dénuées de
complaisance, malgré un sujet scabreux...
A voir absolument !
Note : 9/10
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