LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES
de Marlon Brando
Etats Unis
1961
aka One
eyed Jacks
avec Marlon
Brando, Karl Malden, Katy Jurado, Pina Pellicer
141 minutes
Western
anticonformiste
Synopsis :
Une petite ville du Mexique, 1880...
Dad Landworth et Rio, deux malfrats, braquent
une banque et s'échappent juste après...
Repérés, ils sont poursuivis par une dizaine
de guerilleros jusque dans les collines adjacentes...
Leur cheval étant en fin de vie, ils tirent à
pile ou face pour savoir lequel des deux ira chercher une deuxième monture afin
de sauver l'autre et de s'échapper avant l'arrivée des gardes...
Dad est tiré au sort...
Il ne reviendra jamais, laissant Rio se faire
capturer...
Ce dernier passera 5 années en prison !
S'échappant de sa geôle, il jure de retrouver
Dad Landworth et de lui faire payer sa traîtrise...
A peine revenu dans sa ville d'origine, il
apprend que Dad est devenu le shériff local...
Après des retrouvailles plutôt tendues, Rio
rencontre la famille de Dad...
Il tombe fou amoureux de sa belle fille, la
jeune Louisa !
Mon avis :
"La vengeance aux deux visages" est
un film exceptionnel à plus d'un titre, il faut savoir qu'à la base il était
réalisé par Kubrick qui passa 26 semaines de son temps sur le projet et que le
scénario original était de Sam Peckinpah !
Suite à divers différends sur la production,
c'est Marlon Brando qui reprit entièrement les rênes pour accoucher dans la
douleur de ce film magnifique !
Totalement en contre courant des westerns
habituels et prenant le contre-pied des autres (alors que le genre était
balbutiant avec l'arrivée des westerns spaghetti de Sergio Leone), Brando opte
pour une vision oedipienne et masochiste via son héros (qu'il incarne avec une
grâce et une fluidité rares) confronté au sadisme d'un shériff sans complaisance,
aveuglé par la vanité et l'obsession de faire régner l'ordre, fut ce au prix de
mensonges et de trahisons...
Brando y greffe une histoire d'amour fou,
sensorielle et passionnée, servant alors de levier pour appuyer l'originalité
du métrage et transcendant ainsi une banale histoire de vengeance en lyrisme
viscéral doté d'une puissance plutôt gonflée pour un film qui se catalogue
comme un western alors qu'il explose tous les codes de ce genre...
Le film n'en oublie pas d'être très captivant
mais s'axe moins sur la surenchère que sur la psychologie de ses protagonistes,
renflouant le prévisible pour atteindre un niveau très alambiqué, jonglant
entre duels, confrontation avec l'autorité paternelle et vengeance subtile qui
se mange glacée...
Ne reculant devant aucun stratagème, Brando
fait preuve d'une grande habileté dans les choix de ses décors (la mer et les
vagues sont omniprésentes) et renvoie dos à dos tout ce qui a été vu auparavant
dans le genre, créant ainsi une articulation entre le western classique et le
cinéma moderne, presque "d'auteur"...
Le dernier quart d'heure est un modèle de
suspense et le final rend aisément honneur à la justice puisqu'il s'agira d'une
happy end !
"La vengeance aux deux visages" est
un film magnifique qui se doit d'être vu, pas seulement pour les fans puristes
de westerns mais également pour le public lambda, il y est démontré une
nouvelle fois les énormes capacités de Brando et met en lumière le génie de cet
homme, à la fois charismatique et omniprésent tout le long...
Note : 10/10
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