SPRING BREAKERS
de Harmony Korine
Etats Unis
2012
avec Vanessa Hudgens, James Franco, Selena
Gomez, Ashley Benson, Rachel Korine
94 minutes
Polar décalé/étude de moeurs
Synopsis :
Quatre jeunes femmes à peine sorties de
l'adolescence mènent une vie d'universitaires désabusées et insouciantes...
Elles font volontiers la fête à outrance,
mêlant sexe, drogues douces et dures et éthylisme poussé à maxima lors d'orgies
avec leurs amis...
Alors qu'elles se retrouvent sans un dollar
en poche, elles commettent un braquage dans un restaurant...
Parties en villégiature sur la côte de la
Floride, elles se font appréhender par la police...
Al dit "Alien" un dealer notoire
assiste à leur procès...
Après les avoir fait libérer en payant leur
caution, il les prend sous sa protection et va leur enseigner son
"business"...
Sur les quatre filles une rentrera au bercail
(Faith), les trois autres seront embrigadées de plein gré dans les combines
d'Alien et vont connaître un enfer sans billet de retour !
Mon avis :
"Spring breakers" est avant tout un
film choc, bien plus malin et intelligent qu'il pourrait paraître...
Un piège se referme sur les jeunes filles,
aussi bien que sur le spectateur, appâtées par le gain et le sexe, pensant se
"trouver" alors qu'au final elles se "perdent"...
Le folklore du gangster à la Tony Montana est
de nouveau perpétré dans le film avec un côté moins viscéral que fun, doublé
par l'inconscience de personnes désoeuvrées et paumées dans l'âme, ne pouvant
qu'observer une issue funeste d'une noirceur absolue...
Il y a un côté pathétique et touchant en même
temps dans "Spring breakers" au carrefour du polar moderne et de
l'étude de moeurs ciselée, où s'articulent des thématiques comme la
consommation de produits addictifs (la drogue, l'alcool mais aussi la vénalité
et la perversion sexuelle) et la désespérance d'une jeunesse prise entre le
marteau de l'intégration et l'enclume de la tentation d'une vie festive...
D'une réalisation fluide et rapide mais
parfaitement lisible, "Spring breakers" est un métrage hybride, à mi
chemin entre film expérimental et traditionnel, doté de comédiens en roue libre
qui semblent ""vivre" leurs rôles comme dans le réel...
Cauchemar crédibilisé par l'émotion des trois
héroïnes qui perdent pied rapidement et se "réfugient" dans la
violence comme d'autres trouveraient un exutoire afin de pallier à leurs
angoisses, Korine trouve la force nécessaire pour insuffler de l'innocence à
ces créatures qui en sont dépourvues, sorties de l'adolescence et en mutation
transitoire entre l'âge adulte affirmé et les repères éclatés, se cherchant et
pensant se trouver dans cette vie anarchique et superficielle, que leur propose
Alien...
A la fois axé sur la tentation et le
délabrement, il manquerait juste un côté initiatique au film, il est exempt de
la moindre rédemption vis à vis des
héroïnes, ce qui accentue et amplifie de fait le malaise provoqué chez le
spectateur et fait ressortir ce dernier collapsé à la fin du visionnage...
"Spring breakers" est assurément un
grand film qui laisse une empreinte, qui s'ancre bien dans son époque et qui
ose toutes les transgressions pour appuyer son propos de manière très
rigoureuse...
Une belle réussite !
Note : 9/10
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