LE
MIROIR OBSCENE
de Jess
Franco
1973
France/Espagne
Avec
Emma Cohen, Françoise Brion, Howard Vernon, Robert Wood, Philippe Lemaire,
Alice Arno
95
minutes
Edité
en DVD chez Artus films
Erotique
fantastique insolite
Musique
supervisée par Bruno Coquatrix
Montage
espagnol (Al otro lado del espejo) chroniqué (sans Lina Romay !)
Synopsis :
Ile
de Madère, années 70…
Ana,
une prude jeune fille, fait la fierté de son père qui s’occupe de lui avec
conscience et application, veillant à ce qu’elle ait une éducation
irréprochable…
Couvant
sa fille à outrance, dès que celle-ci a un petit ami et entame une relation
sérieuse avec lui, son père ne le supporte pas…
La
demande en mariage insistante du petit ami d’Ana provoque un électrochoc chez
son géniteur, qui se suicide par pendaison !
Ana
quitte le domicile familial et se réfugie en ville, où elle végète avec une
troupe d’artistes musiciens (elle est claviériste), courtisée de toutes parts,
elle entame une relation avec le saxophoniste de l’orchestre…
Peu
de temps après, il est retrouvé poignardé dans un parc !
De
fil en aiguille, Ana est pressentie pour incarner Médée dans une pièce de
théâtre, le réalisateur tombe fou amoureux d’elle, il sera lui aussi assassiné !
Pipo,
un riche industriel qui diffuse une boisson fraîche, rencontre Ana par le biais
d’amis communs… C’est le coup de foudre !
Pipo,
aveugle, ne sait pas qu’il court, lui aussi, un danger immense qui lui sera
fatal !
Mon
avis :
Cinéaste
à la carrière extrêmement prolifique pas toujours heureuse, capable du meilleur
comme du pire, Jess Franco trouve avec « Le miroir obscène » un
terrain d’entente propice à appliquer son style de la meilleure manière qui
soit, aux confins du film érotique, du métrage de possession et du caractère
étrange qui caractérise la majorité de sa filmographie…
L’actrice
Emma Cohen irradie complètement la pellicule par son charme juvénile qui fait
mouche auprès de tous les hommes qu’elle rencontre, mais elle semble désabusée
et comme subissant les assauts sexuels de ses partenaires, ce côté ambivalent
amplifie ainsi son mal être et sa bipolarité, rongée par le souvenir
omniprésent de son père, qui revient lors de flashs atroces et incessants…
C’est
ce levier de la vision du géniteur pendu qui alimente les crimes d’Ana, un peu
comme si son père lui « ordonnait » par son autorité fantôme d’annihiler
tous les hommes susceptibles de charmer la belle…
La
mise en scène est parfaite, notamment sur des plans zoomés de toute beauté sur
les paysages qui apparaissent à l’extérieur des fenêtres pour s’imbriquer sur
les personnages lors de dialogues (technique souvent employée à cette époque),
la vision d’Howard Vernon pendu est réellement terrifiante et sert de point d’orgue
à l’intrigue, autant psychédélique qu’impliquant des protagonistes obsédés et
dépravés…
L’idée
du théâtre avec le personnage de Médée peut rappeler un peu le concept de « L’important
c’est d’aimer » de Zulawski, tourné l’année suivante, la folie ambiante
qui y règne fait référence au cinéma latin dont Jess Franco fait bel et bien
partie…
NB :
sur les conseils d’amis cinéphiles facebookiens, j’ai visionné la version
espagnole, qui diffère totalement de l’histoire de la version française avec
Lina Romay, qui supprimait des parties du scénario original (ce n’est pas le
père mais la sœur d’Ana qui se suicide ! et le miroir, quant à lui, est
bien le vecteur des poussées meurtrières d’Ana)…
Quoiqu’il
en soit, « Le miroir obscène » est une excellente œuvre, qui
doit beaucoup à son atmosphère poisseuse et bien ancrée dans l’opulence et l’insouciance
des années 70 (un côté « peace and love » même avec les artistes et
leur musique groovy et psychédélique) tout en conservant l’aspect déviant
propre aux films de Franco…
Dans
l’ensemble, une grande réussite et un sans faute de la part d’Artus films pour
l’édition double DVD…
Note :
8/10
Bonjour,
RépondreSupprimerJe voudrais savoir qu'elle est la chanson écrite par Bruno Coquatrix qui est interprétée dans la version française de ce film.
Cordialement.