INTERVISTA
de Federico
Fellini
1987
Italie
avec Federico Fellini, Marcello
Mastroianni, Anita Ekberg, Christian Borromeo, Sergio Rubini, Antonella
Ponziani, Eva Grimaldi
Film
hommage
105
minutes
Prix
du jury au festival de Cannes en 1987
Synopsis :
Italie,
studios de Cinécitta, années quatre-vingts…
L’adaptation
du roman de Franz Kafka « L’Amérique » est en préparation et c’est
Federico Fellini lui-même qui doit la tourner, des journalistes japonais
suivent ses pérégrinations de manière assidue et ne le quittent pas d’une
semelle durant tous ses repérages…
Fellini
est nostalgique et se remémore tous ses précédents tournages lorsqu’il parcourt
les lieux des studios, il fait participer des personnes aux physiques singuliers
et particuliers lors de castings hors du commun, jusqu’à ce qu’il retrouve le
couple fétiche qu’il avait dirigé pour « La dolce vita », Anita
Ekberg et Marcello Mastroianni…
Anita
Ekberg convie ses invités à son domicile, une riche demeure gardée par des
molosses, Mastroianni se grime en magicien (Mandrake) et fait renaitre sur un
simple drap les passages cultes de « La dolce vita »…
Plus
tard, les techniciens et acteurs de Fellini se réfugient sous une grande tente
lors d’une pluie diluvienne, le lendemain matin, ils sont attaqués par une
tribu d’indiens qui portent comme étendards des antennes de télévision…
Fellini
se voit vieillissant et commence à douter de l’avenir, les médias modernes
prennent le pas sur le vrai cinéma, l’authenticité se perd et le côté fade de
la télévision prend davantage de place par rapport aux grands classiques du
septième art que Fellini affectionnait plus que tout…
Mon
avis :
Avant
dernier film de Fellini, « Intervista » est une invitation à un
voyage de la part de Fellini, lui qui connut mieux que quiconque les studios de
Cinécitta, il est fou amoureux de cette petite ville où furent tournés une
grande partie des classiques du cinéma italien, « Intervista » sonne
comme un hommage mais aussi comme une veillée funèbre de tout un pan du
septième art, les studios étant sur le point de fermer et donc… de mourir,
entrainant avec eux tous les souvenirs, une partie de la vie de metteurs en
scène dont Fellini fit partie…
Le
film en lui-même est enjoué et mouvementé, tout n’y est que vie et vitalité, ça
parle sans arrêt, les décors sont dans un mouvement incessant, on se croirait
dans une cour de récréation, les protagonistes sont toniques et le tout
converge vers un maelström orchestré avec jubilation par un Maestro qui prend
plaisir à nous conter son histoire…
Le
passage du périple avec le funiculaire est purement magique et l’envers du
décor se dévoile avec les éléphants en carton ou la scène surplombant les
figurants avec la belle divinité ultra maquillée et peinturlurée, trônant et
attirant les foudres du réalisateur irascible suite au retard de son arrivée…
Le
caméo Ekberg/Mastroianni déclenche l’émotion et vient appuyer le discours fellinien,
rappelant à tout le monde que Fellini savait faire transcender son cinéma
auprès des spectateurs, il contait et racontait des histoires d’amour à la fois
flamboyantes et atypiques, ce qui l’inscrivait dans la catégorie très fermée
des réalisateurs lyriques et populaires, grâce à une sincérité et un respect
envers son public que peu d’autres metteurs en scène possédait…
Chant
du désespoir, « Intervista » ne se veut pas défaitiste et Fellini y
apporte une conclusion rassérénante, le clap de fin n’étant pas forcément un
clap d’adieu mais une vision qui doit être conservée…
Combinant
tous les codes de la cinéphilie de manière tantôt baroque tantôt mélancolique,
Fellini glisse un discours et interpelle les spectateurs mais n’oublie pas de
les divertir en même temps…
Il y
a une grâce dans « Intervista » qui en fait un de ses plus beaux
films…
Note :
10/10