lundi 28 mars 2016

Intervista de Federico Fellini, 1987

INTERVISTA
de Federico Fellini
1987
Italie
avec Federico Fellini, Marcello Mastroianni, Anita Ekberg, Christian Borromeo, Sergio Rubini, Antonella Ponziani, Eva Grimaldi
Film hommage
105 minutes
Prix du jury au festival de Cannes en 1987
Synopsis :
Italie, studios de Cinécitta, années quatre-vingts…
L’adaptation du roman de Franz Kafka « L’Amérique » est en préparation et c’est Federico Fellini lui-même qui doit la tourner, des journalistes japonais suivent ses pérégrinations de manière assidue et ne le quittent pas d’une semelle durant tous ses repérages…
Fellini est nostalgique et se remémore tous ses précédents tournages lorsqu’il parcourt les lieux des studios, il fait participer des personnes aux physiques singuliers et particuliers lors de castings hors du commun, jusqu’à ce qu’il retrouve le couple fétiche qu’il avait dirigé pour « La dolce vita », Anita Ekberg et Marcello Mastroianni…
Anita Ekberg convie ses invités à son domicile, une riche demeure gardée par des molosses, Mastroianni se grime en magicien (Mandrake) et fait renaitre sur un simple drap les passages cultes de « La dolce vita »…
Plus tard, les techniciens et acteurs de Fellini se réfugient sous une grande tente lors d’une pluie diluvienne, le lendemain matin, ils sont attaqués par une tribu d’indiens qui portent comme étendards des antennes de télévision…
Fellini se voit vieillissant et commence à douter de l’avenir, les médias modernes prennent le pas sur le vrai cinéma, l’authenticité se perd et le côté fade de la télévision prend davantage de place par rapport aux grands classiques du septième art que Fellini affectionnait plus que tout…
Mon avis :
Avant dernier film de Fellini, « Intervista » est une invitation à un voyage de la part de Fellini, lui qui connut mieux que quiconque les studios de Cinécitta, il est fou amoureux de cette petite ville où furent tournés une grande partie des classiques du cinéma italien, « Intervista » sonne comme un hommage mais aussi comme une veillée funèbre de tout un pan du septième art, les studios étant sur le point de fermer et donc… de mourir, entrainant avec eux tous les souvenirs, une partie de la vie de metteurs en scène dont Fellini fit partie…
Le film en lui-même est enjoué et mouvementé, tout n’y est que vie et vitalité, ça parle sans arrêt, les décors sont dans un mouvement incessant, on se croirait dans une cour de récréation, les protagonistes sont toniques et le tout converge vers un maelström orchestré avec jubilation par un Maestro qui prend plaisir à nous conter son histoire…
Le passage du périple avec le funiculaire est purement magique et l’envers du décor se dévoile avec les éléphants en carton ou la scène surplombant les figurants avec la belle divinité ultra maquillée et peinturlurée, trônant et attirant les foudres du réalisateur irascible suite au retard de son arrivée…
Le caméo Ekberg/Mastroianni déclenche l’émotion et vient appuyer le discours fellinien, rappelant à tout le monde que Fellini savait faire transcender son cinéma auprès des spectateurs, il contait et racontait des histoires d’amour à la fois flamboyantes et atypiques, ce qui l’inscrivait dans la catégorie très fermée des réalisateurs lyriques et populaires, grâce à une sincérité et un respect envers son public que peu d’autres metteurs en scène possédait…
Chant du désespoir, « Intervista » ne se veut pas défaitiste et Fellini y apporte une conclusion rassérénante, le clap de fin n’étant pas forcément un clap d’adieu mais une vision qui doit être conservée…
Combinant tous les codes de la cinéphilie de manière tantôt baroque tantôt mélancolique, Fellini glisse un discours et interpelle les spectateurs mais n’oublie pas de les divertir en même temps…
Il y a une grâce dans « Intervista » qui en fait un de ses plus beaux films…

Note : 10/10




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