LES
INASSOUVIES
de Jess
Franco
Espagne/Allemagne/Etats
unis
1969
avec
Christopher Lee, Marie Liljedahl, Maria Rohm, Jack Taylor, Anney Kaplan, Paul
Muller, Ingrid Swenson
85
minutes
Film
érotique
DVD
édité chez Artus films
Musique
de Bruno Nicolai
D’après
l’œuvre du Marquis de Sade « Philosophie de boudoir »
Synopsis :
L’ile
de Madère, 1969…
Eugénie
de Mistival est une très jeune et superbe femme au sex appeal incendiaire, elle
vit avec ses parents et a des rapports souvent conflictuels avec ces derniers,
Eugénie aimerait s’émanciper et quitter son cocon familial qui lui pèse énormément,
étant fliquée en permanence pour le moindre appel téléphonique par sa mère…
Un
jour, Eugénie est contactée par Madame Saint Ange pour un séjour en
villégiature dans une demeure luxueuse, sur l’ile de Madère…
Elle
fait la connaissance du frère de son hôte, Mirvel, ainsi que d’Augustin et de Thérèse,
la femme de chambre sourde et muette ; très vite Madame Saint Ange va
pratiquer une « éducation sexuelle » à Eugénie, d’abord par des jeux
saphiques, puis par l’entremise de Mirvel, des rapports de soumission et de
domination par des parties carrées teintées de sadomasochisme…
Eugénie
perd alors pied avec la réalité et a des visions cauchemardesques récurrentes,
dans ses fantasmes oniriques elle se voit battue et fouettée brutalement par un
homme, Dolmance, et sa horde, une bande de pirates dépravés…
Mirvel
fait preuve de sadisme et de malveillance avec Eugénie, abusant d’elle, alors
qu’un sombre complot semble se dessiner…
Eugénie
serait-elle un prétexte au jeu incestueux entre Madame Saint Ange et Mirvel ?
Le
personnage de Dolmance serait-il au final bien réel ?
Mon
avis :
« Les
inassouvies » est un des multiples métrages de la période « Sadienne »
de Franco ; il s’approprie le mythe et les codes créés par le Marquis de Sade
pour décliner ses obsessions et là, tout y passe : fétichisme (Franco
filme comme personne les jambes de ses actrices), nudité appuyée et
décomplexée, sadomasochisme, inceste (les deux protagonistes sont frère et sœur !),
humiliations en tous genres, nous sommes en présence d’un film relativement
extrême !
Le
charme et l’aura dégagés par les deux actrices principales, Maria Rohm et Marie
Liljedahl (une comédienne suédoise, Franco sait y faire pour le casting !),
contribuent à la crédibilité du film et apportent un intérêt certain à cette
histoire, où Franco a eu des moyens financiers beaucoup plus conséquents qu’à l’accoutumée,
le résultat est net et l’originalité des « Inassouvies » se fait
sentir dès le début, Franco nous gratifie de séquences « pop art »
avec un rouge sanguin qui imprègne l’écran, renforçant le côté latin et « chaud »
du film…
Avec
une grande application, Jess Franco nous fait dérouler une trame fluide sur la
lente descente aux enfers d’une jeune femme, il brise sa juvénilité pour en
faire une victime, une femme souillée par la perversité à l’innocence qui vole
en éclat, Franco ne prend aucun parti pris, ni pour les bourreaux ni pour la
martyre, il reste neutre et la magie de son cinéma opère de telle sorte que le
spectateur n’est ni pour ni contre les personnages, il essaie de comprendre
jusqu’à un dénouement clair comme de l’eau de roche, l’explication finale est
limpide et même amorale, puisque les « méchants » recommencent leurs
forfaits…
La
musique de Bruno Nicolai colle parfaitement à l’aspect vintage du film et nous
transporte dans un environnement fait de luxe et de luxure, de stupre et de
déviances…
Christopher
Lee joue un rôle en dilettante et Franco, assez malin il faut l’avouer, l’a
dupé puisque Lee refusait de jouer dans des films de nudité, le montage habile
du film a fait le reste et on n’y voit que du feu, pensant que l’illustre
acteur participe aux scènes de copulations ! Ce procédé n’est pas très
honnête de la part de Franco et Lee lui en voulut très longtemps !
Quoiqu’il
en soit, « Les inassouvies » est une grande réussite et un des
meilleurs films de Franco, le rythme est alerte, les filles superbes et l’ambiance
qui règne rappelle celle des meilleures productions érotico-horrifiques
européennes où Jess Franco allait se spécialiser plus tard, en faisant son
fonds de commerce…
Le
DVD d’Artus films est encore une fois impeccable avec une très belle jaquette
et des bonus où nous avons le plaisir de retrouver les très érudit Alain Petit
qui nous apprend une mine d’or d’informations, connaissant la carrière de Jess
Franco sur le bout des doigts…
En
somme, du très bon travail pour un film inoubliable et qui fera date…
Une
seule réserve cependant, un film à réserver aux personnes majeures à cause de
son côté « extrême »…
Note :
10/10