DERSOU
OUZALA
d’Akira
Kurosawa
1975
Japon/Russie
avec
Maksim Mounzouk, Youri Solomine, Suimenkul Chokmorov, Svetlana Danilchenko,
Mikhail Bychkov
Fable
humaniste
141
minutes
Oscar
du meilleur film étranger
Edité
en DVD chez MK2
Synopsis :
Dans
une contrée de Sibérie, la Taïga, proche de la frontière chinoise, au début du
vingtième siècle…
Vladimir
Arseniev, un officier, est chargé de faire des recherches sur l’environnement
auquel il se trouve confronté, il est capitaine et dirige une quinzaine d’hommes,
ces derniers doivent affronter une nature hostile à la météo peu clémente et l’écosystème
de la Taïga peut leur réserver des mauvaises surprises, comme des fauves
dangereux…
Une
nuit, alors qu’ils se posent pour bivouaquer, surgit un mystérieux homme, Dersou
Ouzala, un Hehzen sibérien, très vite les officiers se rendent compte qu’il n’est
pas dangereux mais que ses facultés et son intelligence vont pouvoir leur
servir dans leur tâche…
Vladimir
se prend vite d’affection et d’amitié pour Dersou et les deux hommes
partent en barque sur une rivière puis en reconnaissance alors qu’il neige et
que le sol est glacé ; Dersou sauvera la vie de Vladimir lors d’une
tempête, son ingéniosité lui permet de construire une hutte à la va-vite…
Cinq
années plus tard, Vladimir, après avoir quitté Dersou, le retrouve fortuitement
lors d’une excursion, les deux hommes sont heureux de ce rapprochement, ils n’ont
rien perdu de leur amitié…
Lorsque
Dersou blesse un tigre, c’est le choc ! pour le vieil homme c’est un
mauvais signe, la présence du mauvais œil ; dès lors Dersou change d’attitude
et devient irritable, agressif et irascible vis-à-vis de Vladimir et des autres
hommes…
Sa
vue baisse et Vladimir, ayant achevé sa mission, lui propose de venir chez lui,
dans la ville de Khabarovsk, pour se
reposer…
Dersou
a du mal à s’acclimater à la vie citadine, un jour il est arrêté par la police…
Mon
avis :
Formidable
aventure humaine et avant tout très belle histoire d’amitié entre deux hommes
qu’à priori tout oppose, « Dersou Ouzala » met en valeur des paysages
naturels magnifiques et un canevas scénaristique à la simplicité cristalline,
il n’y a rien de très ou trop spectaculaire mais le film suit les
pérégrinations des deux héros (Vladimir et Dersou) de manière posée, sans
aucune grandiloquence ; Kurosawa s’attache surtout à leur relation amicale
d’abord, puis affective de fil en aiguille, ce qui rend son œuvre très
touchante et loin des clichés habituels des films d’aventures traditionnels…
La
nature est omniprésente dans « Dersou Ouzala », Dersou semble la connaître
mieux que quiconque et transmet ses astuces aux officiers et à Vladimir afin d’éviter
à ces derniers nombre de déconvenues (il va même sauver des vies) ; « Dersou
Ouzala » est donc un film sur la « différence » et une leçon de
tolérance sur ce que chacun peut apporter par ses expériences aux autres pour
bonifier et tonifier cette humanité souvent remplie de préjugés quant à l’inconnu
ou à « l’étranger »…
Ce
qui fait la grande force de « Dersou Ouzala », c’est la manière dont
Kurosawa raconte les choses, SIMPLEMENT, TRANQUILLEMENT, il prend son temps
pour établir ses personnages puis exploite leur potentiel pour finalement
transcender leur humanité par des situations à priori anodines, mais qui vont
jouer énormément sur le côté solidaire qu’ils peuvent avoir ou transmettre…
C’est
cet aspect mutuel, cette transmission de connaissances que chacun a qui va
forger et souder la relation affective entre Dersou et Vladimir…
Bien
sûr, la mise en scène de Kurosawa est un délice technique avec des plans
inoubliables (les trois hommes autour du feu, la vue plongeante de la colline
sur la forêt, la scène de la tempête de neige) et le jeu des acteurs est
fabuleux (Maksim Mounzouk a un fort charisme et joue un rôle unique, que lui
seul pouvait interpréter)…
Film
assez rare, « Dersou Ouzala » est une œuvre très intéressante dans la
carrière de Kurosawa, il délaisse temporairement les chambarras qui firent sa
gloire pour se concentrer sur un film d’aventures qui n’en est pas un, mais
plutôt sur une chronique de mœurs habilement et subtilement mise en scène,
mettant en relief les relations et les conditions humaines…
Du
très grand cinéma !
Note :
10/10
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