LES
PIEDS DANS LE TAPIS
de Nader
Takmil Homayoun
2015
France/Iran
avec
Babak Hamidian, Golab Adineh, Michel Vuillermoz, Aurélia Petit
Comédie
satirique
91
minutes
Téléfilm
diffusé sur Arte
Synopsis :
Brive
La Gaillarde, Téhéran, 2015…
Sader
Farshtchi est un très grand industriel iranien qui a fait fortune dans la
tapisserie, ses employés se retrouvent non payés suite à des chèques en bois de
la majorité de ses clients, l’entreprise a une activité qui semble compromise…
Parvaneh,
sa femme et Morteza, son fils, apprennent son décès dans un lieu pour le moins
étonnant : Sader a fait un arrêt cardiaque dans le restaurant « Chez
Francis » situé en Corrèze à Brive La Gaillarde !
Shirine,
la femme de Morteza, communique avec son époux par SMS, alors que ce dernier et
sa mère, devenue veuve, décident de se rendre en France pour rapatrier le corps
du défunt…
Lors
de leurs pérégrinations, ils font connaissance d’Aurore Rousseau, une éducatrice
d’un centre pour autistes, et l’administration, particulièrement tatillonne,
refuse de céder le corps de Sader à sa famille, sous prétexte de l’embargo
entre l’Iran et la France…
Morteza
se débrouille comme il peut et trouve une interprète asiatique qui pourrait l’aider
dans ses démarches, celle-ci essaie de le séduire…
Un
viticulteur de renom va dénouer ce problème car il est le frère du maire de la ville…
Parvaneh
et Morteza parviendront-ils à rapatrier le corps du patriarche en Iran ?
Le
couple Morteza/Shirine patira t-il de ces déboires administratifs et de la
confiance entachée après l’escapade hexagonale de Morteza ?
Mon
avis :
Auréolé
de récompenses multiples au festival de Luchon en 2016, « Les pieds dans le
tapis » est un téléfilm à part et à contre- courant des productions
télévisuelles classiques, il se démarque de ses homologues par une finesse dans
son scénario très subtil qui met en corrélation moult thématiques sur un ton
humoristique et intelligent, évitant les clichés et les gags lourdingues pour
se consacrer sur une trame inédite, un peu comme un pamphlet sur les rouages de
l’administration et l’impossibilité à communiquer correctement…
Les
acteurs (aussi bien iraniens que français) jouent à merveille et la bonhommie
constante de l’histoire se suit avec le plus grand intérêt, nous assistons aux
aventures d’une mère iranienne et de son fils venus en France avec un but
précis (rapatrier le corps du père décédé) mais confrontés sans arrêt à des
problématiques quasiment kafkaiennes, ici pas de violence, pas de racisme, mais
un constat vu sur le ton de l’humour…
Nader
Takmil Homayoun fait tourner son film à
cent à l’heure mais dégage une finesse de propos, une combinaison de situations
qui rendent « Les pieds dans la tapis » proprement irrésistible, on
rit de bon cœur devant ce déploiement de séquences jamais grossières et au final
très touchantes…
L’administration
française et ses contradictions et législations débiles en prend pour son grade
avec une caricature des « mille feuilles » administratifs et Parvaneh
et Morteza semblent bien démunis au départ pour établir une démarche, à priori
banale, mais qui va se compliquer du fait du soi-disant « embargo »
sur l’Iran, Homayoun joue de la bêtise de ces lois et codes administratifs et s’en
sert de levier pour appuyer son humour qui évite la causticité et reste
toutefois poli (ça aurait pu facilement partir en vrille !)…
Le
personnage d’Aurore, l’éducatrice pour autistes, apporte une seconde jeunesse
au film et donne un plus grand intérêt à l’aspect familial et au personnage du
père qui s’exilait régulièrement en Corrèze…
Les
scènes de pleurs des iraniens sont touchantes et justes mais ne virent jamais
dans le pathos, pas de voyeurisme, personne ne surjoue, tout est crédible et
réaliste…
Apportant
une immense fraîcheur au panorama des téléfilms actuels, « Les pieds dans
le tapis » est une grande réussite, œuvre intelligente, ouverte et sincère,
il est rare d’avoir affaire à un téléfilm de cette qualité et de ce niveau à la
télévision de nos jours…
A
voir absolument…
Note :
9/10
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