L’ANTECHRIST
d’Alberto
de Martino
1974
Italie
avec Carla Gravina, Mel Ferrer,
Anita Strindberg, Alida Valli, Arthur Kennedy, George Coulouris
Horreur/film
de possession
107
minutes (version intégrale)
aka L’antichristo
aka The antichrist
Photographie
de Joe d’Amato
Musique
en binôme d’Ennio Morricone et Bruno Nicolai
Edité
en DVD chez Le chat qui fume
Synopsis :
Rome,
début des années soixante-dix, Ippolita Oderisi est invalide depuis un grave
accident de la route où sa mère a été tuée, elle est paralysée des deux jambes ;
Massimo, son père, l’emmène lors d’une procession de fidèles dans un lieu
ecclésiastique, espérant qu’un miracle opère et qu’elle retrouve l’usage de sa
motricité…
Rien
n’y fait !
Ippolita
est frustrée de ne pas avoir de relations sexuelles et se retrouve possédée par
le démon à la suite d’une expérience établie par un psychiatre parapsychologue ;
Ippolita est en fait la réincarnation d’une sorcière et un évêque de sa famille
(son oncle), se révèle impuissant à endiguer son penchant satanique…
Ippolita
est jalouse de Greta, la maitresse de son père, et sombre dans la démence ;
elle parvient momentanément à recouvrer l’usage de ses jambes, mais ses crises
deviennent de plus violentes !
Seul
le père Mittner, un illustre prêtre exorciseur, pourra la tirer d’affaire ;
un combat dantesque entre le bien et le mal va avoir lieu dans la demeure des Oderisi !
Mon
avis :
Débutant
par une scène paroxystique, « L’antéchrist » est un film qui met le
spectateur tout de suite dans l’ambiance, et cela ne faiblira nullement, nous
sommes dans une déclinaison du film de possession à la sauce italienne, qui
apporte son outrance et sa gouleyance, servie par des acteurs convaincants et,
en tête, une Carla Gravina habitée (c’est le cas de le dire !) par son
rôle ; l’habileté de son réalisateur réside justement dans le physique de
ce personnage d’Ippolita, agréable mais pas trop canonique, ce qui renforce la
crédibilité de cette femme, possédée par le démon, mais à la prestance à la
fois charismatique et plausible…
Un
film atroce par certains moments mais toujours classieux dans les décors, De
Martino fait preuve d’une application digne des plus grands (Fellini ou Leone)
et les points communs avec « L’exorciste » de Friedkin se voient plus
dans le fond de l’histoire que dans la forme (les moyens visuels employés, avec
notamment D’amato himself responsable de la photo)…
La
séquence de la vision des enfers avec le Diable fantasmé par Ippolita restera
un grand moment de cinéma, surréaliste et onirique et il est certain que les
peintures de Jérome Bosch auront surement influencé cette débauche de baroque
absolument hystérique, à l’instar des malades titubant et vociférant lors de l’entame
avec la procession…
Les
personnages convulsent, le spectateur aussi, pris dans un tournoiement de
passages effrayants et même plus efficaces que les plans de l’homologue
américain réalisé par Friedkin…
C’est
ce qui explique l’immense succès de « L’antéchrist » au box-office
lors de sa sortie, il est la version latine et chaude de « L’exorciste »
avec un côté sexué et sexuel beaucoup plus appuyé et recentré sur la pathologie
d’Ippolita, vrai personnage principal du film et point d’orgue de toutes les
attentions…
Elle
quitte la demeure familiale, contrairement à Regan qui restait cloitrée dans sa
chambre, et fait figure d’envolées scénaristiques inédites (l’étudiant dans les
catacombes, proie sexuelle idéale) ou de trouvailles très intéressantes qui
relancent l’intrigue (l’adultère incestueux avec le frère –hors champ-, la
liaison du père, Massimo, avec une superbe femme de trente années sa cadette,
boostant le côté vicieux déjà inhérent au film)…
L’arrivée
du père Mittner, symbolisant le Messie, et tout ce qui suit derrière (il va en
chier des ronds de chapeaux) pour sauver Ippolita donne un aspect épique voire
jusqu’au-boutiste au dénouement du métrage, la ville de Rome, que ce soit de
jour comme de nuit, est exploitée par De Martino de façon prodigieuse…
La
musique en binôme d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai est époustouflante et
hyper stressante et colle parfaitement à l’esprit du film, à la fois torturé et
anxiogène…
Le
DVD du Chat qui fume est monumental et nous offre la version intégrale d’une
heure quarante- sept et il faut saluer le travail de l’immense David Didelot
dans la partie des bonus qui décortique le film comme personne et qui connaît absolument
tout sur le bout des doigts…
Bref,
du travail d’orfèvre et un must have absolu pour tout fan de films fantastiques
italiens esthétisés et empreints de viscéralité…
« L’antéchrist »
est un film d’une rigueur exemplaire qui marque à jamais quiconque l’aura vu…
Une
grande réussite, LE film de possession italien par excellence…
Note :
10/10
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