LE
SEPTIEME JURE
de Georges
Lautner
1962
France
avec
Bernard Blier, Danièle Delorme, Robert Dalban, Francis Blanche, Françoise Giret,
Maurice Biraud, Jacques Riberolles
Policier/Chronique
sociale
95
minutes
Synopsis :
Ville
de Pontarlier, Franche- Comté, début des années soixante…
Au
bord d’un lac et après un déjeuner copieux et arrosé, Grégoire Duval, un
notable pharmacien connu de toute la population et ayant pignon sur rue, se
promène et découvre une jeune femme, Catherine
Nortier, qui prend un bain de soleil les seins nus ; Duval est pris d’une
pulsion et tente de l’embrasser sur la bouche, Catherine résiste et se met à
crier, c’est alors que Grégoire l’étrangle et la malheureuse décède sur le coup !
Sylvain
Sautral, le petit ami de Catherine, s’était absenté durant le meurtre alors que
Duval avait regagné sa place, ni vu ni connu, puisque la seule personne
attablée avec lui faisait la sieste, Duval était donc supposé être resté avec
lui !
La
nouvelle du crime fait l’effet d’un coup de tonnerre dans la petite ville et
tous les journaux en parlent ! Un procès retentissant doit avoir lieu,
Sautral semblant être le coupable idéal, tous les mobiles convergent vers lui !
Geneviève,
la femme de Grégoire, continue à mener une vie normale, leurs deux enfants
également…
C’est
alors que Grégoire apprend, de par sa fonction bien sous tous rapports, qu’il
sera juré lors du procès…
Mon
avis :
Lautner
est un réalisateur très méticuleux et le spectateur le constate dès l’ouverture
avec des plans magnifiques, Lautner n’a jamais caché ses références à Kurosawa
ou Orson Welles chez qui il « emprunte » des trouvailles graphiques
de toute beauté…
Avec
« Le septième juré » nous nous régalons donc aussi bien sur le FOND
que sur la FORME, la satire de la société qui est vue par Lautner fait de son
film moins un polar qu’une chronique de mœurs, une étude sociale…
Blier
est savoureux et extraordinaire dans son personnage de pharmacien
insoupçonnable et nul n’aurait l’idée de le penser coupable du crime ; il
s’évertue à défendre Sautral lors du procès sachant dans son fore intérieur que
celui-ci est innocent, mais personne ne semble prêter attention à ses dires,
pourtant calibrés de manière implacable et juste…
Lautner
se sert de tout ce microcosme qui gravite autour de Grégoire (la famille, les
amis du club de bridge, les confrères) pour appuyer sa « souffrance »
à ne pas être cru ou reconnu « légitimement coupable », « Le
septième juré » est donc un métrage extrêmement original dans sa
conception de voir les situations, il bouscule totalement les codes du cinéma
français d’alors et laisse un goût amer…
Osé
comme les seins nus de l’actrice victime, à l’époque très peu de films se
permettaient de tels écarts avec la nudité, « Le septième juré »
donne une mesure sur la qualité de grands metteurs en scène comme Georges
Lautner, et tourné simultanément avec « Les tontons flingueurs » il
en est l’antithèse total, ici pas d’humour ni de second degré, tout est perçu
par le spectateur de façon frontale et brute…
La
technique utilisée est bluffante (le reflet des jantes de la voiture, la caméra
mouvante sur des personnages statiques, la contre-plongée visage en gros plan
en bas de l’écran/personnage coupé en retrait, le girophare de l’ambulance lors
de la scène finale…), « Le septième juré » est une œuvre très
atypique et qui a pris une grande importance au fil des années dans le panorama
du septième art hexagonal…
A la
réalisation flamboyante et se démarquant de tout ce qui a été entrepris auparavant,
« Le septième juré » est devenu incontournable plus de cinquante ans
après sa sortie et se doit d’être visionné pour comprendre la démarche de
Lautner…
Immanquable !
Note :
10/10
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