L’AVENTURE
C’EST L’AVENTURE
de Claude
Lelouch
1972
France
avec
Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Gérard, Aldo Maccione, Charles Denner,
Nicole Courcel, Prudence Harrington, Johnny Hallyday, Yves Robert, Juan Luis
Bunuel
120
minutes
Comédie
parodique déjantée
Chanson
originale de Johnny Hallyday
Présenté
en ouverture au festival de Cannes en 1972
Synopsis :
Paris
et un pays de l’est de l’Afrique, début des années soixante-dix…
Lino
Massaro, Jacques, Aldo, Simon Duroc et Charles dit Charlot sont cinq gangsters
dont le procès se tient dans un tribunal parisien, ils n’ont jamais commis de
crimes mais s’avèrent régulièrement pris dans des situations invraisemblables
où ils passent pour des potaches ; nous sommes juste après mai 1968 et le
quintet a pris la décision de changer de stratégie pour leurs forfaits en
faisant de la politique, ou du moins en acceptant de revendiquer des causes
sociétales…
Nicole,
une leader d’un mouvement féministe souhaitant la légalisation de la
prostitution, Armand Herbert, ambassadeur de Suisse ou le général Juarez, dictateur
d’un pays d’Amérique du sud, serviront aux cinq gaillards pour alimenter leurs
causes, soit par des kidnappings soit avec l’accord de leurs victimes, ainsi
Johnny Hallyday himself se fera enlever afin que son rapt fasse parler de lui
et faire vendre encore plus de ses disques…
Aldo,
l’un des membres de la bande, inculque à ses acolytes une façon de marcher pour
séduire les filles et les régale avec sa recette de spaghettis à la tomate !
Dans
une succession de scènes dantesques et délirantes, les joyeux drilles finiront
même par kidnapper le pape ( !) et seront acclamés comme des héros lors de
leur exil africain par une foule en liesse !
Lelouch
par l’intermédiaire d’une voix off nous conte leurs pérégrinations avec humour
et dérision…
Mon
avis :
Film
jubilatoire au plus haut niveau, « L’aventure, c’est l’aventure » est
d’abord un film de copains, de potes, il n’y a aucune prétention, tout le monde
s’amuse, à commencer par le spectateur et Lelouch réussit là un de ses meilleurs
films, il nous livre une leçon de cinéma par des cadrages d’une technique
insensée (lorsque Denner blesse au fusil un homme, son reflet à l’envers apparaît
sur une vitrine, prodigieux !) et il n’y a aucune méchanceté (les
gangsters ne tuent jamais !), on assiste à un délire complet mais qui fait
mouche par la symbiose du jeu des acteurs (la scène du barrage policier, tout
en italien, avec Aldo et Lino est monumentale), on voit tout de suite la
COMPLICITE entre Jacques Brel et Lino Ventura, super potes dans la vie, et
Lelouch retranscrit cette amitié sur pellicule pour un rendu magnifique…
Lelouch
avait des moyens financiers conséquents et depuis le succès planétaire d’ »Un
homme et une femme », les producteurs lui accordaient pleine confiance,
donc il était LIBRE de faire SON cinéma, un septième art que seul lui maitrise,
quelques fois un peu trop personnel mais toujours SINCERE !
On
jubile complètement lorsqu’apparaît la chanson thème du film « L’aventure
c’est l’aventure » chantée par un Johnny survolté et au firmament, les
passages où les héros mangent sont bourrés d’authenticité, on a l’impression d’être
assis à table, à côté d’eux, « L’aventure c’est l’aventure » est un
film qui dégage une sympathie unique en son genre, tout est prétexte à la déconnade,
à la dérision…
On
ne croit pas une seule seconde au réalisme du scénario, on est là pour jubiler
sur une accumulation de plans séquences tout droit sortis de l’imagination de
Lelouch, il met ses idées délirantes au service de la comédie, de son style de
comédie, et le spectateur embraye complètement avec lui et ce, pour son plus
grand bonheur !
Doté
de cascades vrombissantes et de seconds rôles parfaits (Nicole Courcel en
prostituée revendicative ou Juan Luis Bunuel en dictateur et même Yves Robert
avec sa robe d’avocat), tout dans « L’aventure c’est l’aventure » n’a
qu’une ambition : nous divertir, et le pari audacieux de Lelouch est
réussi haut la main, les deux heures passent avec un rythme effréné et l’on
savoure la qualité de son cinéma avec délectation, dès le prologue avec le
coucher de soleil, on comprend aisément qu’on a affaire à un film iconoclaste,
à part de tous les autres !
Témoignage
d’une époque opulente (la France des années soixante-dix) et du registre de haut
niveau des acteurs de l’époque (Ventura, Denner, Brel, Gérard et la révélation
Maccione !), « L’aventure c’est l’aventure » est un film que l’on
ne pourrait refaire de nos jours, en 2016 ; il y a une prise de risque et
une mentalité hyper décomplexée qu’aucun producteur ne se risquerait à financer
de nos jours, avec le cinéma formaté des comédies actuelles (« Camping »
et consorts), et pourtant c’est bien des œuvres comme « L’aventure c’est l’aventure »
qui rendent honneur au cinéma hexagonal !
A
voir et revoir sans difficulté !
GENIAL
Note :
10/10
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