LA
FILLE DE DRACULA
de Jess
Franco
1972
France/Portugal
avec
Britt Nichols, Howard Vernon, Anne Libert, Jess Franco, Daniel White
Film
érotique fantastique
Blu
ray sorti chez Artus films
aka A
filha de Dracula
82
minutes
Synopsis :
Une
ville du Portugal, au début des années soixante-dix…
Luisa,
une très jolie jeune femme, est l’héritière de la dynastie des Karlstein ;
sa grand –mère est mourante et Luisa se rend à son chevet ; la baronne
Karlstein, avant de décéder, l’informe que son grand-père repose dans une
crypte souterraine et qu’il n’est autre que le vampire descendant du comte
Dracula ; la grand- mère prévient Luisa qu’il faut absolument éviter que
le comte agresse d’autres personnes et ne se régénère par le sang de ses
potentielles victimes…
Luisa
se rend alors dans la crypte et constate que les dires de sa grand –mère s’avéraient
réels !
Hélas,
Luisa, happée par le vampire, devient une succube vampire à son tour, elle
prend goût à la luxure et au vampirisme…
Karine,
une jeune femme habitant dans la bourgade, va se livrer à des jeux saphiques
avec Luisa, qui va multiplier les meurtres un peu partout !
L’inspecteur
Ptuschko, un policier chargé d’élucider tous ces mystérieux crimes, fait appel
à Cyril Jefferson, un témoin crucial, qui prétend savoir où se trouve la clef
de cette énigme…
L’enquête
sera rude et tous les éléments concordants n’amènent pas l’inspecteur vers
Luisa, qui parvient à chaque fois à passer entre les mailles du filet…
Karine,
la compagne du jeu lesbien avec Luisa, finit par être tuée, le cou ensanglanté
par une morsure vampirique de Luisa…
Jusqu’au
jour où tout bascule ! Ptuschko et Cyril Jefferson découvrent le pot aux
roses en se rendant dans la crypte familiale…
Ils
y découvrent non pas un, mais deux cercueils !
Mon
avis :
On
est clairement en plein dans la période bordélique de Jess Franco, celle où il
se permettait tout et bafouait les codes du fantastique en s’appropriant à sa
sauce les grands personnages des Classics monsters (Frankenstein en fit aussi
les frais) ici quasi pas de vampirisme (un pauvre Howard Vernon raide comme un
balai dans sa tombe qui apparait quatre fois dans le film toujours dans la même
posture !) mais des scènes de broute minou à n’en plus finir (dont une de
dix minutes), on se croirait chez Kechiche dans
« La vie d’Adèle » et pourtant, oui on pourrait difficilement
le croire, « La fille de Dracula » est un film très réussi !
D’abord
parce que Franco est très malin et sait nous tenir en haleine tout le long des
une heure vingt de son métrage ; il développe même certains codes
giallesques qui seront repris plus tard par les plus grands (l’œil en gros plan
comme l’a fait Argento pour son « Ténèbres »), il rembarre tous les à
priori du cinéma fantastique pour développer une attitude totalement freestyle,
certes les scènes érotiques sont interminables mais au fait est-ce vraiment le
plus important ?
Franco
se paye le luxe d’interpréter un personnage (le plus intéressant du film, Cyril
Jefferson) et au bout de vingt minutes de bobine, le spectateur est pris dans l’intrigue
jusqu’à la fin et n’en démord plus (sans jeu de mot facile !)…
La
musique de Daniel White est envoûtante, tout comme les décors et l’architecture ;
le charme de Britt Nichols relègue toutes les pin-ups de l’époque au rang de
potiches et Nichols magnifie par sa prestance bon nombre de séquences,
érotiques ou non…
Certes,
comme toujours chez Franco, le sexe est omniprésent mais c’est pour mieux
apaiser la violence des passages de meurtres, on est dans du très haut niveau
de cinéma populaire d’exploitation, les prémices du grindhouse, en somme…
Certes
les puristes de la Hammer hurleront, mais les gars on n’est pas là pour voir
Christopher Lee ou Peter Cushing, on a affaire à du cinéma latin, pas plus bête
qu’un autre et je dirais même du cinéma élitiste, comme nul autre, à part Jess
Franco, ne savait réaliser dans ce genre (l’érotico-vampirique), alors
savourons ce film qui, même s’il est loin d’être parfait, amène une plongée
dans l’ésotérisme et l’insolite…
Donné
pour les plus ouverts des cinéphiles, « La fille de Dracula », outre
ses défauts, recèle aussi de qualités et de passages immersifs avec un scénario
bancal mais totalement imprégnant…
Pour
tout curieux du cinéma ibérique franquiste, « La fille de Dracula »
est une perle, une œuvre indémodable et qui n’a pas pris une ride, Franco
savait déployer une très grande modernité dans sa façon de filmer et maitrisait
son style (ce n’est pas pour rien qu’il fut assistant d’Orson Welles !)…
Avec
« Le miroir obscène », « La fille de Dracula » est un des
meilleurs métrages du Maitre…
Maintenant
qu’Artus films nous l’a sorti dans un blu ray impeccable, il n’y a plus aucune
excuse pour zapper ce film !
Une
grande découverte pour ce film à part et à visionner impérativement !
Note :
9/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire