dimanche 5 août 2018

La fille de Dracula de Jess Franco, 1972


LA FILLE DE DRACULA
de Jess Franco
1972
France/Portugal
avec Britt Nichols, Howard Vernon, Anne Libert, Jess Franco, Daniel White
Film érotique fantastique
Blu ray sorti chez Artus films
aka A filha de Dracula
82 minutes
Synopsis :
Une ville du Portugal, au début des années soixante-dix…
Luisa, une très jolie jeune femme, est l’héritière de la dynastie des Karlstein ; sa grand –mère est mourante et Luisa se rend à son chevet ; la baronne Karlstein, avant de décéder, l’informe que son grand-père repose dans une crypte souterraine et qu’il n’est autre que le vampire descendant du comte Dracula ; la grand- mère prévient Luisa qu’il faut absolument éviter que le comte agresse d’autres personnes et ne se régénère par le sang de ses potentielles victimes…
Luisa se rend alors dans la crypte et constate que les dires de sa grand –mère s’avéraient réels !
Hélas, Luisa, happée par le vampire, devient une succube vampire à son tour, elle prend goût à la luxure et au vampirisme…
Karine, une jeune femme habitant dans la bourgade, va se livrer à des jeux saphiques avec Luisa, qui va multiplier les meurtres un peu partout !
L’inspecteur Ptuschko, un policier chargé d’élucider tous ces mystérieux crimes, fait appel à Cyril Jefferson, un témoin crucial, qui prétend savoir où se trouve la clef de cette énigme…
L’enquête sera rude et tous les éléments concordants n’amènent pas l’inspecteur vers Luisa, qui parvient à chaque fois à passer entre les mailles du filet…
Karine, la compagne du jeu lesbien avec Luisa, finit par être tuée, le cou ensanglanté par une morsure vampirique de Luisa…
Jusqu’au jour où tout bascule ! Ptuschko et Cyril Jefferson découvrent le pot aux roses en se rendant dans la crypte familiale…
Ils y découvrent non pas un, mais deux cercueils !
Mon avis :
On est clairement en plein dans la période bordélique de Jess Franco, celle où il se permettait tout et bafouait les codes du fantastique en s’appropriant à sa sauce les grands personnages des Classics monsters (Frankenstein en fit aussi les frais) ici quasi pas de vampirisme (un pauvre Howard Vernon raide comme un balai dans sa tombe qui apparait quatre fois dans le film toujours dans la même posture !) mais des scènes de broute minou à n’en plus finir (dont une de dix minutes), on se croirait chez Kechiche dans  « La vie d’Adèle » et pourtant, oui on pourrait difficilement le croire, « La fille de Dracula » est un film très réussi !
D’abord parce que Franco est très malin et sait nous tenir en haleine tout le long des une heure vingt de son métrage ; il développe même certains codes giallesques qui seront repris plus tard par les plus grands (l’œil en gros plan comme l’a fait Argento pour son « Ténèbres »), il rembarre tous les à priori du cinéma fantastique pour développer une attitude totalement freestyle, certes les scènes érotiques sont interminables mais au fait est-ce vraiment le plus important ?
Franco se paye le luxe d’interpréter un personnage (le plus intéressant du film, Cyril Jefferson) et au bout de vingt minutes de bobine, le spectateur est pris dans l’intrigue jusqu’à la fin et n’en démord plus (sans jeu de mot facile !)…
La musique de Daniel White est envoûtante, tout comme les décors et l’architecture ; le charme de Britt Nichols relègue toutes les pin-ups de l’époque au rang de potiches et Nichols magnifie par sa prestance bon nombre de séquences, érotiques ou non…
Certes, comme toujours chez Franco, le sexe est omniprésent mais c’est pour mieux apaiser la violence des passages de meurtres, on est dans du très haut niveau de cinéma populaire d’exploitation, les prémices du grindhouse, en somme…
Certes les puristes de la Hammer hurleront, mais les gars on n’est pas là pour voir Christopher Lee ou Peter Cushing, on a affaire à du cinéma latin, pas plus bête qu’un autre et je dirais même du cinéma élitiste, comme nul autre, à part Jess Franco, ne savait réaliser dans ce genre (l’érotico-vampirique), alors savourons ce film qui, même s’il est loin d’être parfait, amène une plongée dans l’ésotérisme et l’insolite…
Donné pour les plus ouverts des cinéphiles, « La fille de Dracula », outre ses défauts, recèle aussi de qualités et de passages immersifs avec un scénario bancal mais totalement imprégnant…
Pour tout curieux du cinéma ibérique franquiste, « La fille de Dracula » est une perle, une œuvre indémodable et qui n’a pas pris une ride, Franco savait déployer une très grande modernité dans sa façon de filmer et maitrisait son style (ce n’est pas pour rien qu’il fut assistant d’Orson Welles !)…
Avec « Le miroir obscène », « La fille de Dracula » est un des meilleurs métrages du Maitre…
Maintenant qu’Artus films nous l’a sorti dans un blu ray impeccable, il n’y a plus aucune excuse pour zapper ce film !
Une grande découverte pour ce film à part et à visionner impérativement !
Note : 9/10










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