JE
SUIS VIVANT !
d’Aldo
Lado
1971
Italie/Allemagne/Yougoslavie
avec Jean Sorel, Mario Adorf, Ingrid Thulin, Barbara
Bach, José Quaglio
Giallo
fantastique
96
minutes
DVD
édité chez Neopublishing
Blu
ray édité chez Le chat qui fume
Musique
d’Ennio Morricone et Bruno Nicolai
aka
Malastrana
aka
La corta notte delle bambole di vetro
Synopsis :
Prague,
au début des années soixante-dix…
Un
homme gisant au sol et à priori décédé est découvert par un cantonnier, ce
dernier prévient la police…
Il
s’agit de Gregory Moore, un journaliste américain ; il est envoyé à la
morgue de l’hôpital local en vue d’être examiné pour éventuellement une autopsie…
L’homme,
Gregory Moore, revoit des flashbacks d’avant sa mort supposé, en fait il est en
état de catalepsie…
Il
se souvient de Mira Svoboda, une très belle jeune femme qu’il a côtoyée et qui
a subitement disparu…
Gregory
est parti à sa recherche et commence à perdre la raison ; Jessica, une
amie de Gregory, et Jacques Versain vont prêter main forte à Greg…
Ses
pérégrinations l’amènent à entrer dans le Klub 99, un endroit où les riches
notables de la ville assistent à des concerts de musique classique…
Mais
en fait le Klub 99 est le repaire d’une secte qui pratique la magie noire et
qui kidnappe des jeunes filles en vue de les faire procréer afin de créer une
nouvelle race, un peu comme les nazis avec la race aryenne !
Alors
que Gregory découvre que Mira a été assassinée, c’est là que son calvaire
débute !
Jacques
est lui aussi tué lorsqu’il surveillait Gregory devant le club…
Considéré
comme mort, Gregory doit faire l’objet d’une dissection lors d’un cours à la faculté
de médecine de la ville !
C’est
juste à ce moment là qui commence à revenir à lui mais les professeurs de
médecine sont de mèche avec la secte…
Gregory
se voit alors condamné à une issue atroce ; dans son inconscient il ne cesse de
dire « Je suis vivant ! » « Je suis vivant ! »…
Mon
avis :
Alors
qu’il était avant tout scénariste de plusieurs films italiens, notamment avec
Salvatore Samperi, Aldo Lado se voit confier la réalisation de son premier
métrage « Je suis vivant ! » en 1971 ; le producteur lui
alloue des moyens conséquents et Lado ruse en tournant certaines séquences à
Zagreb (faisant croire qu’il s’agit de Prague dans l’intrigue du film) sans la
moindre autorisation !
Le
film en lui-même révolutionne complètement les codes du giallo et brise
littéralement ces derniers puisqu’Aldo Lado insère une grande touche de
fantastique dans l’histoire de « Je suis vivant ! »…
La
mise en scène est labyrinthique, le film est parfois déconcertant et difficile
à suivre (il faut deux visionnages pour tout saisir) mais n’en demeure pas
moins extrêmement intéressant…
Unique
en son genre « Je suis vivant ! » tient la dragée haute aux
autre gialli de l’époque, les comédiens sont magistraux (Jean Sorel dans le
rôle principal est habité par le personnage de Gregory, Barbara Bach tient un
rôle fugace mais est d’une beauté à tomber par terre, Ingrid Thulin et Mario
Adorf en second plan sont prodigieux), les décors sont impressionnants et la
musique d’Ennio Morricone, orchestrée par Bruno Nicolai est envoûtante et
parfois bien flippante !
L’idée
du « Klub 99 », ce repaire de nantis partouzeurs en fait criminels met
vraiment la trouille et Lado a exploité cette trouvaille scénaristique de main
de maitre !
« Je
suis vivant ! » est un film basé sur l’alchimie (le corbeau qui
symbolise la mort, les papillons qui font figure de fuite, comme pour celle de
Mira/Barbara Bach), Lado utilise les symboliques pour appuyer les propos de son
film et ça marche, le spectateur est bluffé !
Même
s’il ne s’agit pas de son meilleur film (on lui préfèrera « La bête tue de
sang froid », mieux structuré), « Je suis vivant ! » est un
pur coup de maitre pour Lado et le faisait rentrer de plein pied dans la
légende et la catégorie très fermée des réalisateurs de gialli sur lesquels on
pouvait compter ; ça se vérifie puisque l’année suivante (en 1972) il
signe une pièce maitresse du genre « Qui l’a vue mourir ? », un des
dix plus grands gialli de tous les temps !
Avec
« Je suis vivant ! » on est dans l’élite du giallo, à la limite
du film d’auteur mais qui reste très effrayant et angoissant, Aldo Lado n’oublie
pas de faire peur au public friand de sensations fortes…
L’édition
Blu ray du Chat qui fume est, une nouvelle fois, somptueuse et c’est l’occasion
de redécouvrir le film avec des conditions idéales, les bonus sont nombreux et
on retiendra celui avec Lado lui-même qui nous parle de ses débuts dans le
cinéma et de la génèse de « Je suis vivant ! », c’est très
instructif et le metteur en scène nous parle des galères qu’il a vécues et du
subterfuge pour les scènes tournées à Zagreb…
Il
va de soi que tout cinéphile fan de giallo se doit de posséder cette édition,
elle est immanquable !
« Je
suis vivant ! » c’est du cinéma élitiste, pas facile d’accès mais
pourtant essentiel dans l’histoire œcuménique du cinéma italien, les plus « open »
se régaleront !
Note :
9.5/10
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