GREEN
BOOK SUR LES ROUTES DU SUD
de Peter Farrelly
2018
Etats-Unis
avec
Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Nick Vallelonga, Linda Cardellini
Etude
sociale/chronique de mœurs/road movie
130
minutes
Oscar
du meilleur film
Synopsis :
L'histoire se déroule aux États-Unis en 1962.
Frank
Vallelonga, surnommé « Tony la tchatche », un videur italo-américain de New
York, cherche un emploi après la fermeture pour rénovation du Copacabana, la boîte
de nuit où il travaillait.
Il est invité à un entretien par le docteur Don
Shirley, un excentrique pianiste noir d'origine jamaïcaine, qui cherche un chauffeur pour une tournée de huit semaines à travers le Midwest et le Sud
profond.
Don engage Tony grâce à ses références.
Ils partent et prévoient de revenir à New York
pour le réveillon de Noël
(source :
Wikipedia)
Mon
avis :
Quel
film ! quelle performance ! « Green book sur les routes du sud »
m’a complètement scotché ! c’est un film incroyable, d’une énorme intelligence
et qui traite d’un sujet grave : la ségrégation envers le peuple noir aux Etats-Unis
au début des années soixante, c’est une réelle histoire qui s’est véritablement
produite et les deux personnages principaux ont réellement existé ! les
faits relatés ne sont pas du tout exagérés, cela s’est déroulé comme ça à cette
(sombre) époque et Peter Farrelly a mis au point « Green book » de
manière réaliste avec des passages touchants voire révoltants sur des mœurs déplacés
mais qui semblaient anodins à ce moment donné…
Viggo
Mortensen est incroyable mais Mahershala Ali lui volerait presque la vedette,
il compose un rôle très difficile à jouer (un pianiste noir virtuose victime de
racisme, harcelé à de nombreuses reprises uniquement à cause de sa couleur de
peau) et certaines séquences font mal alors que d’autres procurent un espoir,
une bonté d’esprit qui font bien plaisir à voir…
A
noter que la bouffe a une énorme place dans « Green book », Viggo
Mortensen est tout le temps en train de manger et le passage du poulet frit
dans la voiture a un rôle fédérateur lorsque Don Shirley finit par accepter de « goûter »
sa portion de poulet, on a également plein de scènes de restaurants ou de
nourriture sur le pouce (Mortensen a pris du poids pour rendre crédible son
personnage) et Shirley est un homme très raffiné et d’une honnêteté sans faille
(la scène du caillou) mais parfois il se retrouve dans des situations
difficiles (le tabassage au bar du Kentucky, contrée réputée très raciste) mais
heureusement Tony le sauve in extremis et à maintes reprises sans quoi Shirley
serait sans doute mort !
Farrelly
fait défiler son film par des scènes
fluides et balade le spectateur en même temps que les deux protagonistes sur le
périple des concerts donnés par Don Shirley (il est bluffant à son piano et
finit par convaincre Tony, d’abord réticent et lui-même raciste -il jette à la
poubelle deux verres parce que deux plombiers noirs avaient bu dedans- !)…
La
police est également stigmatisée avec des fonctionnaires zélés et racistes qui
font l’enfer à Tony et Shirley MAIS Farrelly a la grande intelligence de
montrer un flic bienveillant envers eux qui les aide à changer une roue défectueuse
de leur voiture ! TOUT N’EST PAS PERDU et « Green book », malgré
des scènes assez dures, est un film bourré d’espoir et d’espérances multiples,
l’humanité reste le maitre mot et la connivence entre les deux acteurs fait
plaisir à voir !
« Green
book sur les routes du sud » est finalement un film bienveillant avec un
final magnifique où tout le monde se retrouve et se réunit, c’est une belle
histoire malgré les bémols sur la connerie des comportements de certains
américains racistes mais Mahershala Ali et Viggo Mortensen sont fabuleux et
parviennent à insuffler une crédibilité à l’histoire, on peut même dire qu’une
amitié se noue dans leur relation et Tony, malgré son caractère bourrin, finit
par rallier la cause de Don Shirley et le défend en toutes occasions (pas
uniquement parce qu’il est payé pour ça) mais par humanisme et une grande loyauté !
Il
y a aussi de l’humour dans « Green book » et une absence de
misérabilisme, Peter Farrelly opte pour un grand réalisme et ne se voile pas la
face, il ne choisit pas la facilité tout en évitant le scabreux, il ne se
censure rien et délivre un film frontal, ponctué de séquences révoltantes sur
le racisme (le refus de laisser Don Shirley essayer son costume, le fait qu’il
soit interdit de manger dans la salle du restaurant) mais Tony/Viggo Mortensen
posera ses conditions pour défendre et accréditer Don Shirley !
La
scène du commissariat avec l’appel téléphonique est revigorante et Shirley nous
avait dit qu’il avait joué du piano à la Maison blanche précédemment, les flics
se prennent une avoine par le frère de Kennedy !
« Green
book » est un film truffé de séquences mémorables, la technique et les
mouvements de caméras sont virtuoses (le début rappelle « Les affranchis »)
et je ne vois pas ce que l’on pourrait reprocher à ce film, Peter Farrelly nous
raconte une belle histoire, un pamphlet sur une partie de l’histoire américaine
(pas la plus glorieuse) mais sans meurtres et avec un aspect rassérénant qui
oublie d’être sot, le film est exempt des stéréotypes stériles et son propos
est toujours décliné avec une grande intelligence, et ça FAIT DU BIEN de voir
ça !
Bref,
« Green book » est un métrage magnifique, bon par sa réalisation et
bon par la bienveillance qu’il exploite tout son long, je vous recommande
chaudement de visionner ce film, multi oscarisé et récompensé, c’est un chef d’œuvre
du genre !
Note :
10/10
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