MARTYRS
De Pascal Laugier
France / Canada
2008
99’
avec Mylène Jampanoi, Morjana Alaoui
Effets spéciaux de Benoit Lestang (RIP)
Synopsis :
Lucie fait irruption dans la résidence champêtre d'une famille bourgeoise et abat tous ses occupants, qui l'auraient séquestrée et torturée pendant des semaines lorsqu'elle était enfant. Le méfait accompli, la jeune femme est rejointe par Anna, son amie et ex-consoeur d'orphelinat, qui l'aide à tout nettoyer. Mais peu après, Lucie, en proie aux attaques d'une effroyable créature surgie de son imagination, se suicide. Restée seule, Anna découvre dans la maison un passage secret qui mène à une cave où sont aménagées de nombreuses cellules. Surgit peu après un petit groupe armé qui capture la jeune femme. Commence alors pour cette dernière une longue série de tortures, ordonnée par une digne dame âgée à la tête d'une étrange secte mystique.
Ce que j’en pense :
Véritable film « coup de poing », « Martyrs » réconcilie avec le cinéma de genre tricolore, jusqu’ici bien moribond…
Laugier parvient à capter la viscéralité de ses personnages de façon si dense et habile que l’on ne peut qu’éprouver une immense empathie pour ces derniers.
Des plans-séquences d’une fluidité hors du commun confèrent à instaurer une grâce rarement atteinte jusqu’alors…
Un vrai électrochoc, mais parfaitement mesuré et exempt du moindre voyeurisme, ici on fonctionne sans parti pris ni scènes outrancières mais bien dans la beauté du décharnement, dans l’accomplissement de deux destinées que tout oppose et sépare, jusqu’à une conciliation du fait des événements, tenants et aboutissants d’une vengeance ancrée à postériori…
Lucie et Anna (jouées magistralement par Mylène Jampanoi et Morjana Alaoui) sont des filles perdues à jamais, confrontées dans une spirale dédalesque où l’issue ne peut qu’être funeste et la souffrance omniprésente…
Mesurant cet aspect de ses personnages, Laugier a pris le choix de jouer la carte de l’émotionnel et le tout fonctionne de façon sidérante !
Il faut y voir un immense professionnalisme de sa part et une originalité s’articulant avec une histoire super casse gueule si on l’appréhende sans talent…
Mais Laugier a su insuffler la grâce par le biais de sa direction d’acteurs, précise et méticuleuse, et par une approche mystique justifiant le dénouement du métrage, bluffant le spectateur par son culot et l’aspect novateur qu’elle procure au genre…
Il n’y a pratiquement rien à redire devant cette maestria cinéphilique, humaine, juste et d’un aspect certes perturbant pour certains, mais qui restera une pierre angulaire du cinéma contemporain, dont on sort « collapsé » et bizarrement, rassuré et vidé…
Une vision expérimentale du septième art en quelque sorte mais en tous points maitrisé via une réalisation épurée et des passage très marquants qui vous hanteront à jamais…
Morjana si un jour tu lis ces lignes, « Je t’aime »…
10/10
Dédicacé à Pierre Jean, Loic, Alain Schlockoff et Bruno
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