SERIE NOIRE
D’Alain Corneau
France
1979
avec Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Bernard Blier, Myriam Boyer
110’
Synopsis :
Banlieue parisienne, fin des années 70.
Franck Poupard, un représentant de commerce va se retrouver plongé dans une sordide histoire suite à un déclenchement d’amour fou avec une très jeune femme, prostituée malgré elle par sa vieille tante…
Très vite, les choses vont se précipiter et la névrose ambiante va prendre le dessus sur les divers protagonistes mêlés de près ou de loin à cet embrouillamini…
Jusqu’à l’inconcevable irréversible qui fera de Poupard un assassin qui, dans un élan de fureur désespérée, perdra totalement pied et se noiera dans l’irraisonné…
Mon avis :
Légendaire métrage du très grand Alain Corneau, ce « Série Noire » de haute volée met en exergue, via des personnages démentiels et écorchés vifs, deux pathologies : le syndrome de Gilles de la Tourette (Dewaere, hallucinant) et une forme autistique (Marie Trintignant, habitée littéralement par son rôle)…
Ce mélange détonnant auquel est rajouté une noirceur et un aspect glauque proche de la dépression ou de la psychose, donne au final un des métrages les plus déprimants de tous les temps…
Mais qui n’en oublie pas pour autant d’être impitoyablement rigoureux dans son traitement scénaristique, englobant ainsi une galerie de personnages tous plus barrés et disjonctés les uns que les autres…
La force imparable de « Série Noire » est qu’à aucun instant il ne juge ou cautionne les méfaits de Poupard ou des autres, Corneau délivre un constat fluide, sans un seul parti pris…
Il laisse filer sa caméra gracile dans une succession de plans séquences d’anthologie, proche d’un art surréaliste voire dadaïste, reprenant des décors adaptés à des situations de tous les jours, mais transcendées par le malaise absolu qui suinte de façon atmosphérique et maladive…
Corneau enrichit son film par des moments de catharsis ponctués peu après par des instants d’apaisements, comme si un malade venait de prendre son traitement médical et se sentait soulagé…
Dewaere est le parfait exemple de ce ressenti, démonstration d’une démence psychanalytique, portant le film à 100 % à bras le corps, pour une issue que l’on ne sera pas près d’occulter…
Blier et Boyer sont également parfaits en seconds rôles, respectivement patron vénal et épouse désoeuvrée et malheureuse…
Le genre de film qui peut rebuter si l’on est formaté à un cinéma traditionnel mais que l’on peut savourer sans distinction si l’on est fan de films déviants et de cinéma « à part »…
On est à la limite du film fantastique…
Note : 10/10
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