Après
une longue attente insupportable pour les fans de trois ans (!), le dernier
album éponyme en date datait de 2010, la bande à Waters revient en très grande
forme avec ce "Feast" de haute volée, du Annihilator pur sucre avec
toujours l'incroyable Dave Padden au chant et à la guitare...
Le
tabassage est de nouveau au rendez vous et ça fait très mal !
Dès
le premier morceau "Deadlock" le ton est donné, on n'est pas là pour
rigoler mais pour tout annihiler sur place, le rentre dedans étant la priorité
!
Mis
à part "Perfect angel eyes" (resucée ultra efficace de "The
One"), ça n'arrête pas !
Les
batteries martèlent comme des missiles, Waters nous gratifie de nouveaux soli
toujours incroyables et "Feast" possède une grande originalité, un
peu à l'instar de "Schizo deluxe" avec un morceau qui se détache du
reste, "No surrender" et son intro dantesque à la basse !
Le
plaisir est toujours au rendez vous et l'album passe comme une lettre à la
Poste et rend addict dès la première écoute, comme toujours chez Annihilator !
Dans
l'édition limitée il y a même un CD bonus des standards réenregistrés pour
l'occasion avec un son neuf et Padden au chant, reprenant toutes les époques du
groupe, initiative à saluer et véritable aubaine pour les fans !
Un
des meilleurs albums de 2013 et je vais aller les voir en concert bientôt !
Groupe
phare de la scène metal hexagonale avec son leader ultra charismatique et
incontournable SAS de l'Argilière aka Philippe Courtois, Misanthrope a gravi
les échelons à force d'une grande persévérance pour s'imposer comme LE groupe
majeur d'extrême metal en France...
Avec
une discographie impressionnante comportant de véritables chefs d'oeuvre,
Misanthrope brille par son talent et surtout son originalité, ne faisant rien
comme les autres et ne pompant personne, ils se singularisent par leur style et
leur virtuosité dans les compositions, toutes très complexes mais bien
reconnaissables entre mille pour autant...
Ils
atteignent le firmament avec "Aenigma Mystica" sorti cette année et
nous offrent un coffret avec DVD de toute beauté, comportant 8 titres live et un
making of de l'album ainsi que deux video clips, une pièce de choix, référence
pour leurs fans...
La
sincérité de ce groupe en fait son attachement et les musiciens talentueux qui
le composent permettent d'accentuer l'intérêt que l'on peut porter à
Misanthrope, qui peaufinera au fur et à mesure des années le genre qu'il
perpétue, à savoir le metal extrême avec une touche heavy death mélodique...
Les
textes sont également très maîtrisés et originaux, faisant référence au
satanisme, à Molière et à son théâtre, à la religion et au domaine épicurien...
Imprimant
de leur touche indélébile le panorama du heavy metal français, Misanthrope
délivre une musique aboutie, très riche et percutante...
Longue
vie à Misanthrope ! ("Long live the Misanthrope" !)
avec
Francis Huster, Jean François Balmer, André Pousse
Film
de gangsters
Dialogues
de Michel Audiard
107
minutes
Synopsis
:
Albert
Spaggiari est un photographe qui tient un magasin à Nice, dans les années 70...
Avec
l'aide de gangsters corses et marseillais, il fait des repérages pour dévaliser
une banque en traversant les sous sols, c'est à dire en passant par les
égouts...
Le
film raconte son parcours, des préliminaires jusqu'au "casse" et bien
plus encore !
Relations
avec le "milieu", trahisons... le film passe au crible cet aventure
hors du commun qui défraya la chronique, eu égard à un culot impressionnant et
une minutie incroyable dans la préparation du délit effectué "sans armes,
ni haine, ni violence" comme se plaira à l'écrire Spaggiari lui même sur
le mur de la salle des coffres...
Mon
avis :
Ce
qui frappe dans la réalisation de ce film, c'est sa méthodologie, on suit tout
en "live" sur le casse de la banque et on finit plus par s'attacher
aux personnages qu'au fait que la banque sera dévalisée, car la mise en scène
de José Giovanni nous les rend sympathiques voire communs et abordables comme dans
la vie de tous les jours...
Hormis
le personnage joué par André Pousse, tous ces braqueurs n'inspirent ni la peur
ni le dégoût, c'est ce qui fait la singularité du métrage...
Huster
est parfait et aurait mérité un César surtout dans la scène où il se lève et
monte sur la table en vociférant, il s'agit d'un très grand numéro d'acteur,
peu donné aux novices....
Giovanni
rafle la mise aussi bien pour les décors (on se demande si les égouts ont été
reconstitués ou s'ils sont réels, ce qui parait improbable vus les rats et
l'odeur pestilentielle des excréments !), quoiqu'il en soit tout est bien
conçu, réaliste pour nous faire croire à cette aventure !
La
performance des second rôles (Balmer et les autres) est à la hauteur de ce
grand film de gangsters pacifiques qui volent mais sans tuer personne, ce qui
reste rare dans le panorama du polar hexagonal de l'époque...
On a
également la primeur des dialogues ciselés d'un Audiard en grande forme, ce qui
rehausse encore plus la qualité de l'oeuvre, déjà bien fournie et
passionnante...
Bref,
un excellent film qui vous fera passer un bon moment malgré qu'il soit
légèrement daté et témoignant d'une époque révolue, sans caméras de
surveillance comme maintenant où le casse présenté dans le film aurait été
impossible de nos jours !
A
regarder donc, un verre et une cigarette à la main, du cinéma de Papa, efficace
et simple, se rapprochant de l'époque bénie des Verneuil and co.
Pierre
travaille dans une usine de Saint Gobain, spécialisée dans la conception de
bouteilles de verre...
Sa
femme, Carole, cherche ardemment un travail dans le domaine du commercial et
son fils, un garçonnet d'une douzaine d'années prénommé Victor étudie au
collège local...
Alors
que tout pourrait apparemment bien se passer, il s'avère qu'un des collègues de
Pierre, Fred, va commencer à le harceler, à lui faire des crasses...
A
répétition, il l'humilie, le frappe ou lui fait les pires méchancetés !
Pierre
ne sait plus trop comment réagir et commence à perdre pied...
Fred
est tenace dans son harcèlement de tous les instants et souffre d'une
psychopathie qui n'arrange pas les choses, bien au contraire !
Jusqu'au
jour où Pierre craque et provoque l'irréparable !
Mon
avis :
Film
choc sur le harcèlement au travail, "Trois Huit" explore un sujet
rarement employé au cinéma et grâce à une réalisation fluide et réaliste,
explique bien le déroulement et les tenants/aboutissants de cette gangrène,
trop souvent hélas présente en milieu professionnel...
Les
acteurs sont remarquables et l'ensemble devient vite glauque pour le personnage
de Pierre, en souffrance complète face à un Fred impressionnant de méchanceté
et de froideur...
Carole,
l'épouse de Pierre, d'abord absente de la souffrance de Pierre, va fortuitement
se rendre compte de l'abomination subit...
Le
fils, Victor, en plein début de crise d'adolescence, commence lui aussi à
perdre ses repères et petit à petit, à refuser l'autorité du père, qu'il sent
déstabilisé et en perte de force et de confiance en lui...
C'est
là que le film bascule vraiment dans l'aspect dramatique et révèle des émotions
qui ont comme vecteur central, le harcèlement subi par Pierre...
L'ambiguïté
malsaine de Fred réside dans le fait qu'il est mythomane et
menteur/manipulateur s'inventant une vie familiale parallèle inexistante lui
permettant de gagner/garder la "confiance" apparente de Pierre qui
ira même jusqu'à lui prêter de l'argent !
"Trois
huit" est conçu par tous ces petits détails qui font la souffrance au
quotidien, une perte de confiance de tous les instants qui s'avèreront
catastrophiques, bouleversant la vie d'un homme, à priori résistant et fort...
L'épilogue
malheureux provoquera une trace indélébile dans la vie de Pierre et il s'en
sortira avec de nombreuses séquelles aussi bien morales qu'affectives, mais
Philippe Le Guay choisit la pudeur et la retenue et évite les soubresauts ou
les scènes chocs malgré quelques passages à vide assez difficiles pour le
spectateur si ce dernier est sensible (la scène des douches avec le vomi au sol
est particulièrement éprouvante !)...
Le
sujet est si rare au septième art que l'intérêt pour ce film en sort grandi et
il convient de voir ce film, délicat et simple (mais pas schématique), pour
mesurer l'impact du harcèlement moral professionnel sur la vie d'un homme...
avec Josh Randall, Brianna Brown,
Nick Searcy, Beth Broderick
96
minutes
Production
EuropaCorp
Mi slasher mi torture porn
Synopsis :
Michael
et Sheryl, un couple de jeunes campeurs décide de faire une randonnée dans un
superbe endroit forestier des Etats Unis...
Alors
qu'ils s'apprêtaient à faire l'amour, ils se font surprendre par une bande de
jeunes du coin...
Finalement
et après quelques railleries ces derniers les laissent partir...
Le
garde forestier leur conseille un itinéraire idéal et approprié pour ce qu'ils
recherchent mais la rencontre inopinée avec une dame prénommée Ida va les faire
bifurquer sur le sentier, soi disant sécurisé et à la vue imprenable, de
Timberfalls...
L'horreur
les attend et va frapper méthodiquement et sournoisement !
Mon
avis :
Honnête
dans son traitement mais à l'intrigue archi vue et revue,
"Timberfalls" vaut plus par sa forme que par son fond...
En
effet, ici peu d'esbroufe et les effets chocs sont réservées à minima et
arrivent de manière foudroyante, "Timberfalls" est un anti
"Détour mortel" ou "I spit on your grave", il se rapproche
plus de films comme "Eden Lake" et on constate une intelligence
scénaristique indéniable sur un pitch prévisible certes, mais bien orchestré...
Le
fait d'intégrer "l'ultra religion" du côté des tortionnaires met un
levier dans leurs délires psychopathiques et relève la sauce dans les diverses
tortures infligées aux malheureux innocents avec un but pour le moins inédit et
saugrenu, que je ne vous dévoilerai pas pour ne pas spoiler, mais qui est
vraiment original pour un film de ce genre...
Le
cadre est très bien filmé et là l'image Blu ray rend bien et vaut vraiment le
coup !
Le
charme de Brianna Brown est pour beaucoup dans l'intérêt du métrage et la musculature
imposante de Josh Randall rend crédible ses tentatives de fuites où il n'hésite
pas à (ab)user de sa force herculéenne en cognant sur tout ce qui bouge !
Au
niveau violence, "Timberfalls" réserve une dizaine d'effets gore pas
trop mauvais (une décapitation, des gunblastages, des mains cloués...) mais ne
se polarise pas principalement sur la brutalité car il aime bien prendre son
temps, le temps qu'il faut, pour insérer le spectateur dans un climat de peur
latente, ce qui est tout à son honneur...
Vous
l'aurez compris, ça ne bourrine pas énormément dans "Timberfalls" et
c'est ce qui en fait la principale qualité...
Certains
jugeront la dernière seconde du film quelque peu grotesque, en tout cas, elle
m'a fait sursauté !
Sympathique
et oubliable au bout de quelques jours, "Timberfalls" se regarde pour
se changer les idées et finalement on passe un moment agréable car le film a
été calibré et fait tout pour être plaisant et nous apporter ce qu'on lui
demande...
Victime
d'un traumatisme crânien après une tentative de suicide (il s'est jeté d'une
falaise), Benedetto Parisi tombe dans un coma profond...
Durant
cette période, il se remémore certaines étapes de son existence, notamment son
enfance où il était élevé par sa tante ou sa vie d'adulte dans un monastère...
Lors
de sa communion il fut auteur d'un miracle et érigé au rang de personnage culte
par une partie des religieux qui furent témoins de son aventure...
Cette
relation avec la religion va le conduire vers une inhibition totale et
notamment sur sa position avec l'amour et les femmes...
Seule
Giovanna, la fille d'un vieux pharmacien ami de Benedetto, tombera éperdument
folle amoureuse de lui, même si la belle famille ne cautionnera guère cette
attitude...
Il y
aura plusieurs miracles et le tout est raconté avec tendresse et vivacité et
non sans émotion...
Mon
avis :
Satire
féroce voire acide de toute la religion et de ce qui gravite autour,
"Miracle à l'italienne" (honteusement inédit en DVD dans l'hexagone)
est un chef d'oeuvre d'émotivité porté par des acteurs fantastiques (Nino
Manfredi en tête) et qui restera inoubliable une fois visionné...
Empli
de métaphores que l'on peut facilement discerner (la scène du serpent renvoie
au mythe d'Adam et Eve, l'hypocrisie et la méchanceté du clergé lorsqu'il
interdit à Benedetto de vendre de la lingerie, la catin qui vient en douce pour
en acheter en pleine nuit...), cette caricature pas si caricaturale que ça,
ramène aux vieux démons et à tout ce qui touche de loin ou de près à cette
religion, comme lors des pèlerinages à Lourdes où les croyants se voilent la
face, refusant de voir la réalité, s'enfermant dans un déni absurde et
mythomane...
Il y
a même une schizophrénie sourde et qui ne veut pas dire son nom dans le
comportement inavouable de Benedetto, comme atteint d'une timidité maladive,
contraint de se "bloquer" dans son rapport avec les femmes...
Beaucoup
de tendresse également lors de ses bêtises, alors qu'il était minot,
franchement désopilantes et dignes des plus grands classiques du cinéma
transalpin comme seul un Comencini ou un Risi savaient en faire...
Des
cadrages lumineux et une exploitation des décors naturels parviennent à
amplifier ce "conte moral" teinté d'érotisme et qui s'avèrera
grinçant car décomplexé sur le sujet tabou et intouchable de la sacro sainte
religion, sauf que là Manfredi rentre dans le lard de cette institution en
déflorant la bêtise par un humour vivace et tranchant comme la lame d'un rasoir...
Delia
Boccardo est par ailleurs magnifique et fait passer un fluide salvateur pour
Benedetto qui mérite bien un répit après tous les malheurs qu'il a vécu...
Au final,
un très grand film, abouti au maximum et qui doit être réhabilité absolument,
témoignage d'un cinéma italien alors en pleine expansion et empreint d'une
grande liberté de ton...
avec Donald Sutherland, Elliott
Gould, Robert Duvall, Fred Williamson, Sally Kellerman
111
minutes
Comédie
burlesque
Palme
d'or Festival de Cannes 1970
Synopsis
:
Sur
une base médicale militaire américaine, alors que la guerre de Corée fait
rage...
Le
flot de blessés est incessant, ils sont, pour la plupart, acheminés par
hélicoptère et opérés directement et en urgence par une équipe de chirurgiens
chevronnés...
Sans
doute blasés par un travail stressant et prenant, ces derniers choisissent de
tout prendre à la rigolade, multipliant les plaisanteries (le plus souvent
graveleuses et axées sur le sexe) et n'hésitent pas à défier leur hiérarchie,
ils sont même capables d'insubordination....
L'arrivée
d'une nouvelle infirmière va mettre le feu aux poudres, cette superbe blonde
volcanique se prend d'affection pour un des militaires réputé prude et
"curotin"...
Les
deux plus éminents médecins sont amenés à venir soigner un enfant et arrivent
en tenue de golfeurs sur les lieux, ce qui provoque un mini incident
diplomatique !
Le
film suit leurs parcours, leur quotidien et va se conclure par un gigantesque
match de football où tout le monde pourra lâcher ses envies, un véritable
exutoire où tout ce qui était amorcé auparavant va pouvoir exploser dans des
délires improbables !
Mon
avis :
MASH
est sans conteste le film le plus décomplexé sur un sujet grave : la guerre...
Altman
prend le parti pris risqué et courageux de tout tourner en dérision et dès le
début du métrage on comprend bien que tout va être du même tonneau jusqu'à
l'issue du film, multipliant les gags avec brio et baignant sans cesse dans un
délire, que ce soit au niveau des répliques (cinglantes) que de l'histoire
racontée (loufoque)...
Mais
attention ! Altman est très malin et adopte un traitement résolument
intelligent pour nous faire rire ! A aucun moment le film n'est vulgaire ou
méchant...
Il
se dégage même une finesse d'esprit, un peu à la Desproges, qui se révèlera
savoureuse et unique, car hors des conventions du cinéma humoristique d'outre
Atlantique...
Avec
un ton complètement décalé, Altman nous fait rire de bon coeur mais ne prend
pas le contre-pied de son idée première, tourner tout à la dérision certes,
mais avec une grande habileté et surtout une maîtrise totale de son sujet...
Les
militaires s'extasient sur la plastique des infirmières mais celà ne prend pas
une tournure sexiste ou libidineuse, on sent qu'Altman s'en sert comme levier
pour amplifier son humour, chaque personnage restant dans la place qui lui
incombe et demeurant juste, tout sonne de manière cadrée dans "MASH",
rien n'est laissé au hasard !
Certes
les personnes aigries auront quelque peu de difficultés à saisir cet humour, ce
qui en fait un peu les limites de l'oeuvre, s'adressant à un public déconneur
de nature et rigolard...
Autrement,
sur l'aspect technique, pas grand chose à dire, c'est du très beau travail,
Altman développe une intrigue sur des plans très dynamiques et fouillés, un
véritable régal !
Extrêmement
sympathique dans sa démarche, "MASH" a le double avantage de détendre
le spectateur mais également de révolutionner du cinéma américain par un culot
plutôt atypique pour l'époque !
Sous
une pluie torrentielle, trois individus trouvent refuge sous le porche d'un
bâtiment, il s'agit d'un bonze, d'un bûcheron père de famille et d'un passant qui se
trouvait là à ce moment...
L'un
des hommes semble bouleversé, il raconte ce qu'il a vu il y a trois jours...
Il a
découvert le corps d'une femme dans une forêt...
Le
film va retranscrire les événements perçus à la fois par le tueur guerrier, par
la femme agressée sexuellement et par son époux...
Comme
dans un tribunal, mais avec le spectateur comme principal juge, les versions
sont données par chacun des protagonistes et s'avèrent toutes différentes les
unes des autres, partant du principe que chaque personne, suivant sa propre
expérience et selon sa faculté d'analyser les événements, n'a pas la même
appréhension des faits...
Mon
avis :
Si
l'on recadre le film dans son contexte, on peut aisément dire que
"Rashomon" fit découvrir le cinéma Japonais au monde entier, et par
ce biais le cinéma de Kurosawa, exotique et atypique par rapport aux
productions d'alors...
Il y
a une mise en scène superbe dans cette oeuvre et un découpage de plans vraiment
révolutionnaire au cinéma, créant, recréant et inventant des trouvailles qui
seront reprises bien plus tard par d'autres réalisateurs (le soleil brillant à
travers les arbres, les mouvements de caméra très fluides et étonnamment
dynamiques)...
Il y
a des pulsions dans le guerrier qui veut souiller l'innocence de la fille en la
violant mais pas non plus de voyeurisme graveleux, celà s'effectuant presque
comme une danse ou un ballet lorsque Kurosawa choisit de filmer l'agression, on
ne ressent pas de malaise mais plutôt une grande admiration eu égard à la
technique narrative employée par le metteur en scène...
Ce
qui frappe aussi c'est la musique, un thème lancinant qui reprend note pour
note près le Boléro de Ravel, astucieuse idée pour maintenir un aspect lyrique
à un film qui transgresse le drame ou le film d'investigation pour se révéler
avant tout émotionnel...
Les
paysages semblent être le théâtre d'un combat victime/bourreau et Kurosawa a su
exploiter avec brio les décors naturels de la forêt, nous faisant profiter de
ses moindres recoins, n'importe qui pouvant s'y dissimuler comme dans un refuge
de l'inconscient ou au contraire un endroit "exutoire" où tout est
permis car loinde la ville, de la
civilisation et de l'ordre représenté la police...
Des
plans fixes ponctuent métronomiquement "Rashomon" comme la pluie
diluvienne qui s'abat sur les toits du temple ou ces personnages assis au sol
pendant plusieurs minutes qui déroulent sciemment leurs histoires...
On
se trouve plongé dans du très grand cinéma qui sera l'amorce de la gloire pour Kurosawa
et lui permettra de continuer sa carrière, après un tel succès, pour aller au
bout dans sa recherche graphique et dans son exploration narrative...
Magnifiquement
mis en scène, "Rashomon" recèle de nombre de qualités et se doit
d'être visionné pour tout cinéphile curieux et surouvert sur tous les types de
cinémas...
avec
Max Von Sydow, Gunnar Bjornstrand, Bibi Andersson, Nils Poppe
Fantastique
métaphysique
94
minutes
Synopsis
:
Au
14ème siècle dans une province suédoise située au bord de mer...
Antonius,
un chevalier et Jöns son écuyer trouvent villégiature sur une plage après avoir
combattu leurs assaillants lors des croisades...
Un
mystérieux personnage, de grande taille et au visage orné d'un masque blanc se
présente auprès d'Antonius comme étant la mort...
Il
propose à ce dernier de jouer à une partie d'échecs qui symbolisera l'échéance
du décès, le vainqueur de ce jeu funeste retardera ainsi son trépas, sachant
que le pays est rongé par la peste...
Dans
un second temps, des saltimbanques membres d'une troupe de théâtre sillonne la
contrée, avec insouciance et gaieté de vivre (ils viennent d'avoir un bébé de
huit mois)...
Un
forgeron victime d'adultère cherche à retrouver un des acteurs qui l'aurait
trompé avec sa femme, Olga...
De
fil en aiguille, les pérégrinations et les rencontres, fortuites ou non, faites
par Antonius vont le faire douter du message de la mort...
Mais
cette dernière se rappelle à lui un soir où il se retrouve dans un château où
il n'était pas allé depuis une décennie...
Une
"danse" macabre et ésotérique s'amorce et ramène Antonius face à ses
propres démons, ses doutes et ses torpeurs...
Mon
avis :
Sans
doute le film le plus ambitieux de son auteur, "Le septième sceau"
poursuit une trajectoire emplie de métaphores sur l'existence, la fascination
religieuse et la crainte de la mort...
Mort
omniprésente dans le métrage que ce soit sous forme physique ou latente (la
peste), Bergman transgresse les réalités par le biais de séquences imagées ou
de sursauts graphiques de toute beauté (comme cet écureuil symbolisant la
réincarnation lors de la chute de l'arbre)...
Bergman
est l'émetteur et le spectateur le récepteur mais les ondes se brouillent de
temps à autre, parasitées par un hermétisme aussi bien scénaristique que dans
la mise en images, particulièrement érudite...
Bref,
il faut s'accrocher mais au final, celà s'avère payant puisque "le
septième sceau" est un régal !
A la
mise en scène atypique et flamboyante, le film regorge de trouvailles
révolutionnaires pour l'époque et l'on est quasi sûr qu'il influencera bon
nombre d'autres cinéastes (je pense à Mario Bava puisque le passage du cheval
sur la plage dans la nuit a été repris dans "le Corps et le fouet" et
dans "Duel au couteau")...
Doté
d'un lyrisme et en même temps d'une modernité graphique, joué par des acteurs
"habités" par leurs rôles, à défaut d'être accessible au plus grand
nombre, " le septième sceau" fait voler en éclats les conventions du
cinéma de l'époque, instaurant de nouveaux codes cinématographiques que peu
d'autres metteurs en scènes ne pourront franchir...
Bergman
"foudroie" le cinéma d'alors et son film fut salué de toutes parts
comme annonciateur d'un nouveau style, à mi chemin entre le drame, le film
fantastique et l'onirisme pur...
En
outre, "Le septième sceau" a le double mérite de faire s'intéresser à
une oeuvre artistique peu commune et de donner une forte leçon de cinéma aussi
bien au spectateur lambda qu'aux puristes esthètes avides de films d'auteur...
Proprement
unique, un film qu'il faut avoir visionné pour idéaliser clairement ce qu'est
le haut niveau au septième art...
avec
Jennifer Ulrich, Max Riemelt, Karoline Herfuhrt, Nina Hoss
Allemagne
2010
Fantastique
vampirique moderne
95
minutes
Synopsis
:
Louise,
une superbe blonde, coordonne deux autres jeunes femmes dans des exactions pour
le moins discutables : il s'agit de vampires !
De
plus elles ont la particularité d'être immortelles et d'avoir énormément
d'argent !
Après
avoir décimé les occupants d'un avion privé, elles organisent des soirées dans
un night club où l'alcool coule à flot et où la musique techno branchée résonne
à fond les bananes !
Léna,
une jeune marginale vivant dans un quartier sordide d'une banlieue germanique,
se rend à une des fêtes par hasard, Louise se sent attirée indiciblement par
elle...
Elle
va en faire une disciple !
Mais
Léna est recherchée par la police pour vol de carte bancaire !
Devenue
succube à son tour, les autorités vont, de fil en aiguille, remonter à Louise
et ses acolytes...
Pendant
ce temps, les carnages se répètent !
Mon
avis :
"Nous
sommes la nuit" est une réussite dans le genre du film de vampires
moderne, les scènes s'enchaînent avec une grande précision, le rythme est
formellement dynamique et le jeu des actrices demeure convaincant...
Relecture
d'une mythologie où les dance floors ont remplacé les châteaux ou les demeures
gothiques, "Nous sommes la nuit" n'oublie pas d'être efficace dans sa
démarche même si le métrage ne fait pas du tout peur...
Le
début est sidérant et on comprend qu'on a affaire à quelque chose qui sera bien
foutu et au budget conséquent...
Habile
dans son traitement, le film se suit avec un certain plaisir et fait référence
à des prédécesseurs parfaitement identifiés mais arrive à se démarquer de ceux
ci grâce à une modernité qui fait figure d'innovation, il ne plagie pas mais
donne plutôt une vision globalement différente du mythe vampirique...
Ici
les succubes sont des trentenaires sexy qui aiment la vitesse et faire du
shopping, elles se révèlent excessives et désireuses de vivre à cent à l'heure
! Et pour cause, les bougresses sont en plus immortelles ! ce qui permet des
libertés scénaristiques bienvenues pour amplifier une histoire qui se vit de
l'intérieur, avec des séquences "en instantané", presque uniques en
leur genre !
L'intrigue
policière sert de levier pour redonner plus d'intérêt au film et rajoute ainsi
un climat d'oppression voire d'étouffement face à des idées parfois saugrenues
(la scène de la piscine, la cigarette dans le restaurant...).
Au
final, Dennis Gansel s'en sort plutôt bien et ravive les braises d'un style qui
peinait à se revigorer, faisant de "Nous sommes la nuit" un
"must have seen" qui ravira aussi bien les jeunes issus de la culture
gothique que les amateurs de sensations fortes au septième art...