LITTLE
BIG MAN
d'Arthur
Penn
Etats
Unis
1970
avec
Dustin Hoffman, Faye Dunaway
Fresque
historique biographique
135
minutes
Synopsis
:
Jack
Crabb est un vieillard âgé de 121 ans (!) qui a eu un parcours hors normes et
une vie dense, il raconte à un journaliste ses pérégrinations, de son
enlèvement par des indiens alors qu'il était tout petit jusqu'à son entrée dans
la cavalerie régie par Mac Cluster, sa rencontre avec Louise Pendrake, ses
diverses éducations (religieuses ou de la vie) et ses malheurs (l'alcoolisme),
tout est passé au crible et raconté en voix off par Crabb, qui fut surnommé par
la tribu qui l'adopta, le "Grand petit homme" ("Little Big
Man")...
Sur
fond de génocide barbare mais aussi avec tendresse et humour, l'existence de
Little big man restera un témoignage de toute une histoire des Etats Unis...
Arthur
Penn décide de nous la raconter ici...
Mon
avis :
Film
monumental en tous points, "Little Big Man" aborde des thématiques
d'une richesse imparable et frôle la perfection, aussi bien dans sa mise en
images que dans son déroulé scénaristique...
Attention,
il ne s'agit pas d'un western mais d'un film beaucoup plus subtil !
Par
le biais du personnage vecteur de Little Big Man, Arthur Penn égratigne
copieusement un pan de l'histoire des Etats Unis et renvoie dos à dos religion
et politique de l'époque au rang d'abjections, le tout non sans humour et avec
des passages à la fois aigres et tendres, touchants ou hilarants...
La
composition de Dustin Hofmann est sidérante de justesse et confond un personnage
frêle et fort en même temps, disciple et régisseur, passant d'un camp à l'autre
sans encombres et avec une facilité déconcertante...
La
mise en scène de Penn privilégie les grands espaces, une caméra fluide et un
montage minutieux permettent de renforcer l'intérêt que le spectateur a pour
une intrigue très dense mais Penn opte pour un évitement des redondances, ce
qui maintient l'attention...
Dès
l'entame du métrage, on comprend aisément que l'on a affaire à une oeuvre
intelligente, mais pas ennuyeuse, qui évite le piège de "donner des
leçons" et qui refuse le parti pris d'un camp pour l'autre, on suit
l'histoire avec délectation et le talent du cinéaste suit derrière, amplifiée
par des thèses métaphoriques très appuyées (la religion, la politique, les
génocides et leurs conséquences, l'avance inexorable vers la mort...)...
Les
personnages cocasses pullulent dans "Little Big Man" mais tout est
étudié pour qu'ils demeurent des clins d'oeil (l'indien homosexuel, la mort de Wild Bill Hickok, la
bataille de Little Big Horn), la préoccupation première de Penn étant le
personnage de Crabb qui sera le levier et le point angulaire de tout son film,
à la fois "repère" pour le réalisateur et pour le spectateur...
Restant très tonique et d'un dynamisme omniprésent, "Little Big Man"
a le mérite rare de divertir tout en faisant réfléchir, d'aborder des
thématiques qui s'articulent avec l'histoire contemporaine et de mettre en
lumière les bases d'un humanisme qui fut souvent bafoué...
D'une
précision ciselée et d'une beauté dans son propos encore très moderne (le film
a 43 ans !), "Little Big Man" est un immense chef d'oeuvre qu'il faut
avoir visionné impérativement pour comprendre l'étendue et la puissance de sa
portée universelle, car il pourrait s'appliquer sur bien d'autres supports ou
exemples, autres que ceux du folklore inhérent au far west...
Note
: 10/10
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