dimanche 11 août 2013

La soif du mal d'Orson Welles, 1957


LA SOIF DU MAL

aka Touch of evil

de Orson Welles

Etats Unis

1957

avec Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Marlène Dietrich, Zsa Zsa Gabor

Polar très noir révolutionnaire

106 minutes

Musique de Henry Mancini

Synopsis :

Une ville juste à la frontière américano mexicaine, dans les années 50...

Hank Quinlan, un inspecteur de police est chargé de retrouver le coupable d'un attentat à la bombe...

Vargas, un diplomate travaillant au consul et sa femme Susan se retrouvent mêlés à l'enquête...

Quinlan est un ancien alcoolique qui a pour habitude d'aller chez Tania, une bohémienne cartomancienne...

De fil en aiguille, Vargas laisse son épouse se réfugier dans un motel perdu appelé le Mirador...

Grandy s'avère être le coupable idéal selon les investigations de Quinlan mais Vargas découvre qu'il s'agit d'un coup monté, Quinlan "fabriquant" des preuves pour l'inculper...

Une course contre la montre est dès lors engagée, alors que Susan est en danger au motel, des voyous du clan Grandy l'ayant droguée et agressée !

Vargas sauvera t-il son épouse ?

Quinlan sera t-il stoppé dans sa course folle ?

La justice et la vérité triompheront elles de la fourberie et de la machination ?

Mon avis :

Dès le début du film avec un plan séquence hors normes, le spectateur mesure le niveau et l'immense talent de Welles qui signe ici un véritable tour de force cinématographique, leçon de cinéma à chaque plan et chef d'oeuvre intemporel ultra maîtrisé, revigorant le film noir américain avec brio et fascination...

Pratiquement sans cesse tourné la nuit et doté d'un dynamisme et d'un mouvement perpétuel calibré au millimètre près, "La soif du mal" dispose d'une grâce, d'un sens de l'intrigue jamais vus auparavant...

Tous les acteurs sont monumentaux et même les petits rôles s'avèrent légendaires (comme Marlène Dietrich à la beauté sublimée ou le veilleur de nuit qui relève de l'autisme), la caméra virevolte en tourbillonnant avec maestria, Welles insufflant une dimension mythique et mystique à son histoire, faisant une articulation avec un scénario imparable et presque chirurgical...

Le titre du film se justifie doublement, à la fois pour le rapport à l'alcool de Quinlan mais aussi pour sa perversité maladive à faire condamner des innocents, comme "assoiffé" par ce mal qui le ronge au plus profond, comme une pathologie névrotique (certains passages font penser à un cauchemar en live, notamment le mort qui surplombe les barreaux du lit ou le visage de la femme aveugle), Welles ne ménage personne et prend un malin plaisir certain à déstabiliser le spectateur afin de mieux (des)servir le propos d'une intrigue à la cadence infernale...

A la mise en scène ciselée à l'extrême et à la mise en images flamboyante et divine, "La soif du mal" est le témoignage d'un renouveau pour le polar des années 50 d'outre Atlantique et il est indispensable de l'avoir visionné pour comprendre et réfléchir sur l'influence qu'il a pu donner sur le septième art, impactant tout un pan des réalisateurs hollywoodiens et sublimé par une modernité encore inégalée à ce jour...

Note : 10/10







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