MIRACLE
A L'ITALIENNE
de
et avec Nino Manfredi
Italie
1971
avec
Lionel Stander, Delia Boccardo
Comédie
de moeurs
125
minutes
Synopsis
:
Victime
d'un traumatisme crânien après une tentative de suicide (il s'est jeté d'une
falaise), Benedetto Parisi tombe dans un coma profond...
Durant
cette période, il se remémore certaines étapes de son existence, notamment son
enfance où il était élevé par sa tante ou sa vie d'adulte dans un monastère...
Lors
de sa communion il fut auteur d'un miracle et érigé au rang de personnage culte
par une partie des religieux qui furent témoins de son aventure...
Cette
relation avec la religion va le conduire vers une inhibition totale et
notamment sur sa position avec l'amour et les femmes...
Seule
Giovanna, la fille d'un vieux pharmacien ami de Benedetto, tombera éperdument
folle amoureuse de lui, même si la belle famille ne cautionnera guère cette
attitude...
Il y
aura plusieurs miracles et le tout est raconté avec tendresse et vivacité et
non sans émotion...
Mon
avis :
Satire
féroce voire acide de toute la religion et de ce qui gravite autour,
"Miracle à l'italienne" (honteusement inédit en DVD dans l'hexagone)
est un chef d'oeuvre d'émotivité porté par des acteurs fantastiques (Nino
Manfredi en tête) et qui restera inoubliable une fois visionné...
Empli
de métaphores que l'on peut facilement discerner (la scène du serpent renvoie
au mythe d'Adam et Eve, l'hypocrisie et la méchanceté du clergé lorsqu'il
interdit à Benedetto de vendre de la lingerie, la catin qui vient en douce pour
en acheter en pleine nuit...), cette caricature pas si caricaturale que ça,
ramène aux vieux démons et à tout ce qui touche de loin ou de près à cette
religion, comme lors des pèlerinages à Lourdes où les croyants se voilent la
face, refusant de voir la réalité, s'enfermant dans un déni absurde et
mythomane...
Il y
a même une schizophrénie sourde et qui ne veut pas dire son nom dans le
comportement inavouable de Benedetto, comme atteint d'une timidité maladive,
contraint de se "bloquer" dans son rapport avec les femmes...
Beaucoup
de tendresse également lors de ses bêtises, alors qu'il était minot,
franchement désopilantes et dignes des plus grands classiques du cinéma
transalpin comme seul un Comencini ou un Risi savaient en faire...
Des
cadrages lumineux et une exploitation des décors naturels parviennent à
amplifier ce "conte moral" teinté d'érotisme et qui s'avèrera
grinçant car décomplexé sur le sujet tabou et intouchable de la sacro sainte
religion, sauf que là Manfredi rentre dans le lard de cette institution en
déflorant la bêtise par un humour vivace et tranchant comme la lame d'un rasoir...
Delia
Boccardo est par ailleurs magnifique et fait passer un fluide salvateur pour
Benedetto qui mérite bien un répit après tous les malheurs qu'il a vécu...
Au final,
un très grand film, abouti au maximum et qui doit être réhabilité absolument,
témoignage d'un cinéma italien alors en pleine expansion et empreint d'une
grande liberté de ton...
Note
: 8.5/10
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