RASHOMON
d'Akira
Kurosawa
Japon
1950
Drame
avec
Toshiro Mifune
94
minutes
Synopsis
:
La
ville de Kyoto, au onzième siècle...
Sous
une pluie torrentielle, trois individus trouvent refuge sous le porche d'un
bâtiment, il s'agit d'un bonze, d'un bûcheron père de famille et d'un passant qui se
trouvait là à ce moment...
L'un
des hommes semble bouleversé, il raconte ce qu'il a vu il y a trois jours...
Il a
découvert le corps d'une femme dans une forêt...
Le
film va retranscrire les événements perçus à la fois par le tueur guerrier, par
la femme agressée sexuellement et par son époux...
Comme
dans un tribunal, mais avec le spectateur comme principal juge, les versions
sont données par chacun des protagonistes et s'avèrent toutes différentes les
unes des autres, partant du principe que chaque personne, suivant sa propre
expérience et selon sa faculté d'analyser les événements, n'a pas la même
appréhension des faits...
Mon
avis :
Si
l'on recadre le film dans son contexte, on peut aisément dire que
"Rashomon" fit découvrir le cinéma Japonais au monde entier, et par
ce biais le cinéma de Kurosawa, exotique et atypique par rapport aux
productions d'alors...
Il y
a une mise en scène superbe dans cette oeuvre et un découpage de plans vraiment
révolutionnaire au cinéma, créant, recréant et inventant des trouvailles qui
seront reprises bien plus tard par d'autres réalisateurs (le soleil brillant à
travers les arbres, les mouvements de caméra très fluides et étonnamment
dynamiques)...
Il y
a des pulsions dans le guerrier qui veut souiller l'innocence de la fille en la
violant mais pas non plus de voyeurisme graveleux, celà s'effectuant presque
comme une danse ou un ballet lorsque Kurosawa choisit de filmer l'agression, on
ne ressent pas de malaise mais plutôt une grande admiration eu égard à la
technique narrative employée par le metteur en scène...
Ce
qui frappe aussi c'est la musique, un thème lancinant qui reprend note pour
note près le Boléro de Ravel, astucieuse idée pour maintenir un aspect lyrique
à un film qui transgresse le drame ou le film d'investigation pour se révéler
avant tout émotionnel...
Les
paysages semblent être le théâtre d'un combat victime/bourreau et Kurosawa a su
exploiter avec brio les décors naturels de la forêt, nous faisant profiter de
ses moindres recoins, n'importe qui pouvant s'y dissimuler comme dans un refuge
de l'inconscient ou au contraire un endroit "exutoire" où tout est
permis car loin de la ville, de la
civilisation et de l'ordre représenté la police...
Des
plans fixes ponctuent métronomiquement "Rashomon" comme la pluie
diluvienne qui s'abat sur les toits du temple ou ces personnages assis au sol
pendant plusieurs minutes qui déroulent sciemment leurs histoires...
On
se trouve plongé dans du très grand cinéma qui sera l'amorce de la gloire pour Kurosawa
et lui permettra de continuer sa carrière, après un tel succès, pour aller au
bout dans sa recherche graphique et dans son exploration narrative...
Magnifiquement
mis en scène, "Rashomon" recèle de nombre de qualités et se doit
d'être visionné pour tout cinéphile curieux et surouvert sur tous les types de
cinémas...
Note
: 10/10
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