samedi 2 août 2014

Coeurs perdus en Atlantide de Scott Hicks, 2001

COEURS PERDUS EN ATLANTIDE
de Scott Hicks
Etats Unis
2001
aka Hearts in Atlantis
avec Anthony Hopkins, Anton Yelchin, Hope Davis, Mika Boorem
Drame métaphysique
97 minutes
d'après le recueil de nouvelles écrit par Stephen King
Synopsis :
Une petite bourgade des Etats Unis, 1960...
Ted Brautigan, un homme d'un âge mur prend possession d'un logement situé au dessus de l'endroit où vivent Bobby Garfield et sa mère Liz...
Bobby a perdu son père alors qu'il était petit, il a 11 ans et son amie, Carol, lui fait oublier le fait de sa morne existence...
Sa mère travaille comme secrétaire et n'arrive que difficilement à joindre les deux bouts, vivant chichement et ne pouvant même pas offrir à son fils la bicyclette de ses rêves pour son anniversaire...
Brautigan propose à Bobby de lui donner un dollar chaque semaine si en contrepartie le jeune garçon lui lit les nouvelles du journal...
Très vite, une grande complicité se lie entre eux...
Brautigan est doté d'un don de clairvoyance et le met à profit pour Bobby, lui inculquant sa capacité d'hypersensibilité en vue  que ce dernier l'exploite dans son quotidien...
Un jour, de jeunes garnements prennent à partie Bobby et Carol et commencent à les violenter...
Mon avis :
Il est toujours très difficile d'adapter au cinéma un roman de Stephen King tant la complexité de cet auteur est évidente et il faut rester fidèle à son écriture tout en respectant le format du septième art, différent de celui de la lecture...
Soyons nets, "Coeurs perdus en Atlantide" est une claire réussite, oscillant au carrefour de la chronique sociale, du fantastique et de la comédie dramatique, le tout filmé avec un sens de l'esthétique appuyé (les plans des deux portes qui scindent l'image, les miroirs omniprésents, le flashback particulièrement rigoureux au niveau des décors) et transporté par l'immense Anthony Hopkins, ici au firmament de son charisme...
Les jeunes comédiens sont particulièrement attachants, Anton Yelchin en tête, et apportent une originalité à un récit bouleversant mais nullement misérabiliste...
Occultant cependant le mielleux ou le larmoyant, Scott Hicks apporte énormément de matière à un métrage très riche et dense, piochant vers la bipolarité ou l'autisme (les crises proches d'une tétanie ou d'une paralysie de Ted, très impressionnantes malgré qu'elles soient statiques!) et les liaisons dans les événements, ces points communs ou ces paradoxes situationnels qui servent de levier à Ted pour les affronter voire pour renverser la conjuration du mauvais sort (les "hommes de l'ombre" apportent moult symboliques et sont les piliers du film !)...
Il n'est pas le seul à être énigmatique et semble bien être le moins "fou" (ce mot est relatif dans l'absolu) lorsqu'on voit les mensonges permanents dont fait preuve Liz, la mère, qui paiera très cher son "séminaire", Brautigan cernant absolument tout de son comportement et du déni dans lequel elle s'est plongée, corps et âme...
L'aspect poétique n'est pas en reste dans "Coeurs perdus en Atlantide" et rien n'est laissé au hasard, comme ses affiches placardées faisant présence d'un "signe" auquel seuls certains peuvent être sensibles et déchiffrer leur signification...
Il faut un "passeport mental" pour comprendre et analyser ces "codes" qui finissent par faire figure de tremplin pour affronter les difficultés et les surmonter...
Baignant dans la tranquillité et le repos, "Coeurs perdus en Atlantide" se savoure sereinement via une empathie berceuse et bienveillante (on pourrait presque parler de mysticisme avec le personnage de Ted Brautigan) et laisse un souvenir anesthésiant de la violence et la fureur qui se déchaîne dans les films hollywoodiens traditionnels...
C'est un moment gracile, transportant le spectateur dans un endroit fermé, un peu comme un EDEN...
Magnifiquement interprété et bénéficiant d'une mise en scène scintillante qui n'en duplique aucune autre, "Coeurs perdus en Atlantide" est un bijou, un petit chef d'oeuvre, qui fera date dans les adaptations de Stephen King au septième art...
Dédié à Pierre

Note : 9/10





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