samedi 23 août 2014

LE DERNIER EMPEREUR de Bernardo Bertolucci, 1987

LE DERNIER EMPEREUR
de Bernardo Bertolucci
France/Italie/Chine/Grande Bretagne
1987
aka The last emperor
avec John Lone, Peter O'Toole, Dennis Dun, Joan Chen, Victor Wong
Fresque historique
9 oscars en 1988, César du meilleur film étranger en 1988
Budget : 23,8 millions de dollars
160 minutes
Synopsis :
Puyi est né en 1905, il fait partie de la dynastie des Qing, en 1908 il accède au trône à l'âge de 3 ans et il est vénéré comme une quasi divinité...
Le film raconte sa vie, à la fois mouvementée et hors du commun, ses tumultes avec les eunuques, à la base ses serviteurs soumis, ses deux épouses, Wan Rong et Wen Xiu et l'arrivée de Johnston, le précepteur venu d'Ecosse qu'il nommera lors des "réformes" qu'il entreprendra tout le long de son règne...
En 1935, les Japonais le placent à la tête du Mandchoukouo, mais le trahissent, cherchant à piller les ressources minières du Mandchourie...
Il sera arrêté par les Soviétiques en 1945 alors qu'il fuyait vers le Japon, puis envoyé dans une "prison de rééducation" en Chine, loin de la cité interdite où il vécut...
Il décèdera en 1967, les vestiges de sa gouvernance restent dans un musée à la vue des touristes...
Mon avis :
Habitué aux productions fastueuses, Bernardo Bertolucci délivre ici avec "Le dernier empereur" un film qui a nécessité des moyens logistiques colossaux et en même temps une réflexion sur le pouvoir et la déchéance via un destin hors du commun, reconstitué ici avec une précision exemplaire...
Tout est grandiose que ce soit les trouvailles de plans, les mouvements amples de caméras qui captent l'environnement dans lequel Puyi vit ou l'avènement de son déclin, retranscrit avec pudeur et retenue, sans la moindre esbroufe complaisante...
La séquence de l'alcôve avec ses corps entrelacés sous les draps de soie satinée, la récurrence des portes du palais qui s'ouvrent pour enchaîner sur le plan suivant, l'interprétation de John Lone habité par son personnage ou l'imparable prestation d'un Peter O'Toole, tous ces éléments amènent à dire que Bertolucci a fait preuve d'une rigueur totale dans sa mise en scène...
L'évolution de l'histoire avec ses bouleversements incessants amèneront Puyi vers un déclin inévitable, précipitant les événements tel un tsunami et la magnification de cette grande aventure humaine basée sur le faste et l'opulence se déclinera de façon fluide et linéaire, avec finesse et sans parti pris, Bertolucci relatant son histoire avec la plus grande objectivité...
Puyi n'est ni un héros ni un monstre mais bien un être HUMAIN qui réagit suivant les difficultés situationnelles qu'il devra surmonter...
La symbolique du criquet retrouvé dans la boîte peut signifier l'immortalité ou du moins l'empreinte laissée par les grands de ce monde, il y a toute une allégorie d'une force et d'une intelligence dans "le dernier empereur" qui amène à douter de l'humanité, entraînée par la corruption et l'avidité du pouvoir...
Magnifiquement appliqué et doté d'une efficience commune au budget dont il bénéficie, le film de Bertolucci se visionne avec passion et délectation et on ne voit pas les deux heures quarante passer...
Les récompenses raflées autour du globe sont la confirmation de l'importance phénoménale de ce métrage, à avoir vu au moins une fois dans sa vie, une leçon de maître, un cinéma de très haut niveau, au même rang qu'un Kubrick ou qu'un Kurosawa...

Note : 10/10






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