LE SILENCE
d'Ingmar Bergman
Suède
1963
avec Ingrid Thulin, Gunnel Lindblom
91 minutes
Chronique intimiste
Synopsis :
A bord d'un train revenant de Suède, deux
soeurs, Ester et Anna ainsi qu'un garçonnet d'une dizaine d'années, Johann,
fils de l'une d'entre elles, descendent prématurément dans une gare, suite à un
malaise aigü d'Ester, qui semble faire une crise de tétanie...
Ils se réfugient dans un luxueux hôtel où
Ester reste alitée, la ville où ils se trouvent semble être sous le joug d'un
couvre-feu, des chars défilant dans les rues de cette dernière...
Anna semble poussée par un mystérieux appétit
sexuel et se rend dans un cinéma où elle voit un couple copuler dans une pièce
sombre, isolée...
Pendant ce temps, Johann fait la connaissance
d'artistes nains, probablement appartenant à un cirque...
Les crises d'Ester s'amplifient via un refus
de s'alimenter et une surdose d'alcool...
Anna lui fait alors part de ses conquêtes, ce
qui la rend folle de jalousie !
Dans un dédale névrotique, les deux soeurs
vont régler leurs comptes, juxtaposant les repères de Johann qui semble
étranger à toute cette pantomime, l'issue semble délétère et la pathologie
d'Ester n'arrangera rien...
Mon avis :
"Le silence" est l'un des films les
plus ambitieux de Bergman, l'un des plus flous également puisqu'il intègre
plusieurs thématiques en les confrontant à la maladie, qui semble être un
vecteur obsessionnel, fil rouge de la trame scénaristique, loin devant les
personnages...
Cette maladie qui ronge le corps et l'esprit
d'Ester, par des refoulements psychologiques et une perte de l'acuité à
appréhender la réalité...
Cet alitement quasi permanent renforce dès
lors le malaise et la sensation d'"étouffement" tout comme les
couloirs de cet hôtel dont les protagonistes sont pratiquement les seuls
occupants !
Guerre dehors avec ces chars qui circulent et
guerre des nerfs à l'intérieur avec cette névrose obnubilante qui gagne bientôt
tout le monde...
La déchéance d'Ester se complexifie par
l'alcool et des hallucinations dissimulées par Bergman mais qu'il laisse
supposer au spectateur...
Bergman fait travailler l'imaginaire en se
servant de plans étudiés au cordeau comme leviers pour approfondir le
malaise/mal être d'Ester qui semble incurable et sa soeur prend un malin
plaisir à la déstabiliser en lui renvoyant ses propres pulsions paranoiaques en
plein visage !
Un érotisme feutré rafraîchit une ambiance
lourde mais ne semble pas être le propos premier de Bergman qui, ici, laisse
filer l'atmosphère qu'il a génialement créée pour s'attarder sur une direction
d'acteurs imparable et d'une tension dramatique presque surnaturelle...
Exceptionnel dans sa mise en images, "Le
silence" fait exploser les intérieurs avec une pudeur manifeste, ce qui
provoque une impression de vécu plus dense, car plus proche de la réalité,
déclinée par une série d'images qui graveront à jamais l'imaginaire du septième
art, bousculant les codifications du cinéma pour appuyer le sien, Bergman
révolutionne la manière de raconter une histoire...
Il va sans dire que tout cinéphile adepte de
films d'auteurs ou expérimentaux se doit de visionner "Le silence"...
Note : 9/10
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