lundi 28 décembre 2015

Faux semblants de David Cronenberg, 1988

FAUX SEMBLANTS
de David Cronenberg
1988
aka Dead Ringers
Canada/Etats-Unis
Avec Jeremy Irons, Genevieve Bujold, Heidi von Paleske, Stephen Lack, Shirley Douglas, Barbara Gordon
Fantastique métaphysique
110 minutes
Budget : 9 000 000 dollars
Grand prix du festival d’Avoriaz 1989
Synopsis :
Toronto, Canada, 1988…
Beverly et Elliot Mantle sont deux jumeaux parfaits d’une trentaine d’années, ils sont tous deux gynécologues obstétriciens et travaillent comme responsables d’un institut renommé dans tout le pays où de nombreuses femmes se bousculent sur une liste d’attente pour être consultés par les deux hommes…
Bizarrement, Beverly et Elliot vivent dans le même appartement et partagent quasiment tout, y compris leurs conquêtes féminines !
Claire Niveau, une actrice, se prend d’affection pour l’un d’eux, ce qui va déboussoler leur quotidien, Anders Wolleck, un artiste s’inspire pour une de ses créations d’un instrument chirurgical ressemblant à celui qu’utilisent les deux frères…
Lors d’un congrès où sont réunis tous les confrères éminents des Mantle, Elliot arrive complètement saoul et perturbe l’assemblée…
D’autres événements troublants se produisent, notamment dus à la prise intempestive de médicaments, le fait que Claire n’arrive pas à entamer une grossesse joue négativement dans sa relation avec Beverly…
Petit à petit, les jumeaux sombrent dans la névrose, puis la psychose pour finir dans une folie irréversible…
Mon avis :
« Faux semblants » est sans nul doute l’un des films les plus ambitieux de Cronenberg, un des moins faciles d’accès également, il délaisse l’horreur organique propre à ses précédents métrages pour solidifier une intrigue claire et étouffante en même temps, très peu de coloris dans les décors mais plutôt une atmosphère austère proche de la névrose intérieure des protagonistes…
La thématique de la gémellité se combine avec la pathologie de la schizophrénie, le tout accentué par le mal être omniprésent et la prise excessive de médicaments, on assiste à des séquences qui mettent très mal à l’aise…
La performance de Jeremy Irons est sidérante et la technique utilisée pour rendre crédible cette dernière sans failles, Bujold et les seconds rôles aux visages peu communs confèrent également à la qualité du film, tour de force pour Cronenberg qui démontre une nouvelle fois son talent et justifie sa réputation de réalisateur culte…
D’une grande richesse aussi bien sur l’interprétation, les décors et l’ambiance, « Faux semblants » joue sur les peurs viscérales mais amplifiées par la perte de repères due à la folie mentale, à l’instar de « Frissons » ou « Rage » c’est une nouvelle fois un « film malade » mais suffisamment intelligemment maitrisé pour que le rendu de Cronenberg soit efficient et touche son but…
Par une intrigue touffue et chargée par un labyrinthe de situations glauques et perturbantes, Cronenberg nous emmène dans un monde insolite, SON monde et sa définition du cinéma, le résultat est sans appel et collapsant, se clôturant par un final assourdissant, « Faux semblants » va plus loin qu’un simple film fantastique, il prolonge l’intrigue et laisse imaginer au spectateur des tas de possibilités, l’impact est dès lors immense, il y a peu de metteurs en scène qui peuvent se le permettre…
Du très grand Cronenberg, original, grave et empreint d’une grande solennité…
A voir pour comprendre sa démarche cinématographique et pour capter l’immensité de son imagination à faire retranscrire ses obsessions sur pellicule…

Note : 10/10





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire