FAUX
SEMBLANTS
de David
Cronenberg
1988
aka Dead
Ringers
Canada/Etats-Unis
Avec Jeremy Irons, Genevieve Bujold,
Heidi von Paleske, Stephen Lack, Shirley Douglas, Barbara Gordon
Fantastique
métaphysique
110
minutes
Budget :
9 000 000 dollars
Grand
prix du festival d’Avoriaz 1989
Synopsis :
Toronto,
Canada, 1988…
Beverly
et Elliot Mantle sont deux jumeaux parfaits d’une trentaine d’années, ils sont
tous deux gynécologues obstétriciens et travaillent comme responsables d’un
institut renommé dans tout le pays où de nombreuses femmes se bousculent sur
une liste d’attente pour être consultés par les deux hommes…
Bizarrement,
Beverly et Elliot vivent dans le même appartement et partagent quasiment tout,
y compris leurs conquêtes féminines !
Claire
Niveau, une actrice, se prend d’affection pour l’un d’eux, ce qui va
déboussoler leur quotidien, Anders Wolleck, un artiste s’inspire pour une de
ses créations d’un instrument chirurgical ressemblant à celui qu’utilisent les
deux frères…
Lors
d’un congrès où sont réunis tous les confrères éminents des Mantle, Elliot
arrive complètement saoul et perturbe l’assemblée…
D’autres
événements troublants se produisent, notamment dus à la prise intempestive de
médicaments, le fait que Claire n’arrive pas à entamer une grossesse joue
négativement dans sa relation avec Beverly…
Petit
à petit, les jumeaux sombrent dans la névrose, puis la psychose pour finir dans
une folie irréversible…
Mon
avis :
« Faux
semblants » est sans nul doute l’un des films les plus ambitieux de
Cronenberg, un des moins faciles d’accès également, il délaisse l’horreur
organique propre à ses précédents métrages pour solidifier une intrigue claire
et étouffante en même temps, très peu de coloris dans les décors mais plutôt
une atmosphère austère proche de la névrose intérieure des protagonistes…
La
thématique de la gémellité se combine avec la pathologie de la schizophrénie,
le tout accentué par le mal être omniprésent et la prise excessive de
médicaments, on assiste à des séquences qui mettent très mal à l’aise…
La
performance de Jeremy Irons est sidérante et la technique utilisée pour rendre crédible
cette dernière sans failles, Bujold et les seconds rôles aux visages peu
communs confèrent également à la qualité du film, tour de force pour Cronenberg
qui démontre une nouvelle fois son talent et justifie sa réputation de
réalisateur culte…
D’une
grande richesse aussi bien sur l’interprétation, les décors et l’ambiance, « Faux
semblants » joue sur les peurs viscérales mais amplifiées par la perte de
repères due à la folie mentale, à l’instar de « Frissons » ou « Rage »
c’est une nouvelle fois un « film malade » mais suffisamment
intelligemment maitrisé pour que le rendu de Cronenberg soit efficient et
touche son but…
Par
une intrigue touffue et chargée par un labyrinthe de situations glauques et
perturbantes, Cronenberg nous emmène dans un monde insolite, SON monde et sa
définition du cinéma, le résultat est sans appel et collapsant, se clôturant
par un final assourdissant, « Faux semblants » va plus loin qu’un
simple film fantastique, il prolonge l’intrigue et laisse imaginer au
spectateur des tas de possibilités, l’impact est dès lors immense, il y a peu
de metteurs en scène qui peuvent se le permettre…
Du
très grand Cronenberg, original, grave et empreint d’une grande solennité…
A
voir pour comprendre sa démarche cinématographique et pour capter l’immensité
de son imagination à faire retranscrire ses obsessions sur pellicule…
Note : 10/10
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