jeudi 31 décembre 2015

Kids return de Takeshi Kitano, 1996

KIDS RETURN
de Takeshi Kitano
1996
Japon
avec Masanobu Ando, Ken Kaneko, Susumu Terajima, Ryo Ishibashi, Leo Morimoto
Chronique de moeurs
107 minutes
Sorti en DVD chez studiocanal
Synopsis :
Une petite ville de l’archipel japonais, milieu des années quatre- vingt dix…
Masaru et Shinji sont deux étudiants qui font souvent l’école buissonnière, ils sèchent les cours et ridiculisent leurs enseignants lors de pitreries orchestrées avec habileté (une marionnette géante hissée du toit du collège leur vaudra un renvoi immédiat !)…
Leur vie semble sans le moindre avenir, multipliant les larcins ou allant jusqu’à racketter leurs camarades…
Les deux jeunes garçons s’inscrivent dans un club de boxe et Shinji y trouve de réelles prédispositions, contrairement à Masaru qui refuse de se plier aux réglementations inhérentes au sport (ni boire d’alcool ni fumer)…
Dans un restaurant, Masaru se lie d’amitié avec des yakusas locaux qui le prennent sous leur houlette…
Refoulés à l’entrée d’un cinéma de quartier, Masaru et Shinji se déguisent en adultes et finissent par y rentrer, leur quotidien est ponctué par le sport, les bêtises et l’argent facile sans travail…
Ils végètent sans le moindre but, prenant les jours qui viennent de façon insouciante et calculée en même temps…
Mon avis :
« Kids return » est un film à part dans la filmographie de Takeshi Kitano, loin des violences ou des histoires de gangsters qui firent son style, il s’agit ici d’une chronique sociale, une histoire sobre mais pas simpliste, avec pour schéma le désarroi de la jeunesse japonaise, livrée à elle-même et à l’avenir peu reluisant…
Le duo Masaru/Shinji devient attachant et le spectateur suit leur parcours avec facilité, la mise en scène de Kitano restant fluide malgré quelques plans répétitifs (la cour de l’école, la salle de classe, l’entrée du cinéma) et le montage très tonique retient l’attention…
Le levier de la boxe est mis en avant mais ce n’est pas le principal intérêt pour les deux jeunes gens, qui ne semblent pas trop souffrir, prenant les choses avec résignation  malgré une paupérisation omniprésente…
Désoeuvrés, les protagonistes sont imbriqués dans des histoires émouvantes et exotiques pour un cinéma intelligent et exigeant, Kitano sait parfaitement retranscrire les émotions qu’il veut montrer, appuyé par une viscéralité peu commune et que l’on ne retrouve que dans le cinéma asiatique, il en est le fer de lance…
Ponctué de foudroiements (les passages à tabac lors des rackets, les matchs de boxe, l’influence néfaste des yakusas, l’incompréhension des équations lors des cours de mathématiques), « Kids return » est le témoignage d’une jeunesse qui gravite entre l’éducation obligatoire et la tentation d’une liberté permanente mais liée à l’autonomie par l’argent, très dure à obtenir…
Avec un immense talent et un sens réel de l’humanisme, Kitano nous conte une belle histoire, pleine de charme et emplie du plus grand réalisme…
Sincère dans son approche, « Kids return » offre une perspective au cinéma asiatique de revigorer le teen movie, loin des codes d’outre Atlantique vues précédemment (les films de John Hughes), ici on est à cent lieues de « Breakfast club » ou de la « Guerre des boutons », la déclinaison se fait en rapport avec les codes sociétaux, c’est ce qui fait sa singularité…
Laissant son empreinte avec une manière fine et percutante, « Kids return » est un film à voir, frère cadet de « Violent cop » et se rapprochant plus de « Hana bi », il prouve que Kitano sait faire de beaux métrages et qu’il déploie toute son humanité dans ses œuvres, ce qui est tout à son honneur…

Note : 8/10





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