OXYGEN
de Richard
Shepard
1999
avec
Maura Tierney, Adrien Brody, James Naughton, Laila Robins, Terry Kinney
Polar
thriller
87
minutes
Edité
en DVD chez TF1 vidéo
Synopsis :
Ville
de New York, Etats-Unis, fin des années quatre- vingt dix…
Madeline
Foster, une commandante de police, a du mal à décrocher avec son addiction à l’alcool,
elle est mal dans sa peau à cause d’un travail éprouvant et se brûle les avant-bras
avec des cigarettes, étant masochiste ; Tim Foster, son supérieur
capitaine de police, est également son compagnon et l’aide lors d’une
interpellation musclée…
Harry,
un psychopathe d’une vingtaine d’années, kidnappe Frances Hannon, la femme d’un
riche collectionneur d’œuvres d’art, en pleine rue…
Madeline
est chargée de l’enquête ; la situation se complique lorsque la police
comprend, grâce à une cassette vidéo envoyée par Harry à Clark Hannon, que Frances
a été enterrée vivante dans un bois à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu
du rapt…
Tim
Foster et Madeline tendent un piège à Harry lorsque celui-ci se rend dans un
cimetière pour récupérer la rançon d’un million de dollars des mains de Clark
Hannon…
L’opération
tourne au vinaigre et s’ensuit une course poursuite entre Madeline et Harry,
qui finit par être interpelé…
Dans
les locaux de la police, Harry refuse de parler à qui que ce soit, sauf à
Madeline !
Une
relation étrange s’installe entre le psychopathe et la policière ; pendant
ce temps, Frances perd de l’oxygène et risque à tout moment de mourir par
asphyxie…
Mon
avis :
Tourné
quasiment une décennie après le mythique « Silence des agneaux », « Oxygen »
est un polar sombre qui emprunte certains codes de son illustre prédécesseur,
sans le plagier, comme cette pathologie et ce trauma que subit Madeline
(excellente Maura Tierney) avec son alcoolisme qui n’est pas sans rappeler la
psychose de Clarice Starling avec ses visions de brebis égorgées…
« Oxygen »
est un métrage qui démarre à fond la caisse et qui met direct dans l’ambiance,
le film sera sous tension permanente, que ce soit pour les héros ou pour le
spectateur et Adrien Brody (dont c’est l’une des premières compositions au
cinéma) est terrifiant dans son rôle de psychopathe ravagé qui nargue sans
cesse la police et qui défie Madeline par le biais de plans libidineux, il est
très intelligent, sur intelligent même et semble bluffer tout le monde avec une
aisance et une désinvolture sidérantes…
Bourré
d’action (la poursuite du début dans le métro, filmée caméra sur l’épaule
rappelle celle de « French connection » de Friedkin) et doté d’une
grande tonicité dans son montage, « Oxygen » est un film qui se suit
très facilement et qui tient en haleine
mais seul bémol (et de taille !), la fin n’est pas du tout crédible !
Shepard
veut nous faire avaler des couleuvres
grosses comme des boas et l’épilogue ne tient pas la route, plombé par
une grandiloquence proche du ridicule et hors sujet par rapport à ce que nous
avions vu auparavant…
La
manipulation dont fait preuve Harry vis-à-vis des policiers n’est pas réaliste
mais sert à dynamiser l’intrigue, qui commençait à s’essouffler ; reste de
bons moments de polar des années 90 et une interprétation juste pour tout le
monde (mention à Laila Robins en victime terrorisée qui hurle à tue- tête),
Brody entame sa carrière par un personnage fulgurant et après avoir vu sa
prestation, on comprend bien qu’il est un immense acteur et cinq années après
il obtiendra un Oscar pour le film de Polanski « Le pianiste » ;
dans « Oxygen » il dévoile la facette de son talent et son potentiel
est énorme !
Pour
en revenir au « Silence des agneaux », c’est dire si ce film a dû
marquer Richard Shepard puisqu’il reprend presque plan par plan LA scène du
film (SPOILER) lorsque les agents du FBI découvrent le chien dans le trou
creusé avec en parallèle (joies du montage alterné) lorsque Madeline et son
équipier rentrent dans la chambre du motel pour découvrir l’acolyte de Harry,
mort allongé sur le lit (FIN DU SPOILER) qui rappelle celle de l’arrivée de
Clarice Starling chez le psychopathe…
Ceci
étant, et en faisant abstraction du final peu convaincant, « Oxygen »
est une bonne tentative de revigorer le genre, à l’instar de films comme « Se7en »
de Fincher ou « Copycat », et Shepard semble ne rien avoir laissé au
hasard, usant de tous les procédés possibles pour mettre mal à l’aise celui qui
visionne le film, cela lui vaudra une interdiction aux moins de seize ans…
Aux
frontières entre le cinéma hollywoodien et le film indépendant, « Oxygen »
met en valeur une héroïne solide malgré sa psychose et son alcoolisme et offre
une confrontation entre elle et un tueur beau gosse hyper dangereux et pervers,
le résultat est détonnant, hormis la carence scénaristique et l’improbabilité
flagrante des dix dernières minutes…
A
voir tout de même comme une performance sincère de la part de Shepard et aussi
pour se faire une idée de ce que pouvait être le polar américain dans les
années 90…
Note :
8/10