LA SŒUR
D’URSULA
d’Enzo
Milioni
1978
avec
Barbara Magnolfi, Stefania d’Amario, Vanni Materassi, Marc Porel, Anna Zinnemann,
Antiniska Nemour
95
minutes
Giallo
aka La
sorella di Ursula
Blu
ray édité chez le Chat qui fume
Synopsis :
Un
village côtier italien, au bord de la mer thyrénéenne, fin des années
soixante-dix…
Ursula
et Dagmar Beyne, deux sœurs venues d’Autriche, effectuent quelques jours de repos et veulent profiter
de leurs vacances pour se détendre ; Dagmar dite « Daggie »
veille sur sa sœur Ursula, une jeune femme qui souffre d’une névrose et qui est
victime de crises psychotiques récurrentes ; la jeune femme est asociale
et jalouse inconsciemment sa sœur qui a un franc succès auprès des hommes et
qui utilise son charme volcanique pour assouvir sa libido très demandeuse…
Robeto
Delleri, le gérant de l’hôtel où séjourne les deux jeunes femmes, semble être
de toutes les attentions vis-à-vis d’elles et les convie souvent à assister à
un show musical, chaque soir, animé par Stella Shining, une chanteuse de pop…
Filippo
Andrei, un jeune homme brun à la beauté ténébreuse, essaie de séduire Ursula
mais cette dernière, eu égard à sa pathologie, refuse ses avances…
C’est
alors qu’un maniaque sexuel trucide une prostituée de manière sauvage, il
pratique une « mise en scène » avant chacun de ses crimes et
terrorise les filles volages, dont il fait des proies et des victimes idéales…
Un
couple de jeunes adolescents est lui aussi sauvagement assassiné, dans les
combles de l’hôtel, la police piétine et les soupçons vont vers Delleri, le
responsable du gite…
Dagmar
révèle alors à Filippo qu’un lourd secret familial est la cause de la maladie
mentale d’Ursula, son père étant devenu impuissant a fini par se suicider…
Mon
avis :
Totalement
inédit en France, « La sœur d’Ursula » est un giallo très atypique
qui se démarque des autres par la crudité appuyée des scènes de sexe (Milioni a
mis le paquet et nous gratifie de moult séquences quasiment pornographiques !),
de plus « La sœur d’Ursula » lorgne de manière frontale sur le « film
de demeures » et l’architecture de l’hôtel et de ses multiples recoins est
mise en valeur de façon très rigoureuse, ce lieu fait partie intégrante de l’histoire…
L’intrigue
avec le binôme des deux sœurs, toutes deux antinomiques (l’une réservée et
bipolaire, l’autre ouverte sur le monde et à la limite de la nymphomanie) forme
un duo qui donne de multiples interrogations au spectateur et brouille les
pistes (Daggie semble vouloir « protéger » Ursula mais adopte une
attitude qui la perturbe sans arrêt)…
Le
modus operandi du tueur est très original avec l’ombre de ce qui semble être
son sexe en érection et qui apparaît régulièrement avant chaque meurtre,
meurtre qui préfigure quatre années avant ceux que Fulci a mis en exergue dans
son « Eventreur de New York », du moins la sauvagerie employée fait
penser au film du Maestro…
Enzo
Milioni s’est particulièrement appliqué dans les cadrages de son film, il
adopte un style atypique et avant-gardiste proche des techniques utilisées dans
le cinéma d’auteur ; la plastique des actrices est sidérante et seule la
belle Barbara Magnolfi a refusé de dévoiler sa nudité, quant aux autres
comédiennes elles se sont montrées peu avare de leurs charmes (à peine le film
démarré, déjà à la troisième minute, on a droit à une scène de nudité
intégrale, et ça n’arrête pas !), ce qui fait de « La sœur d’Ursula »
un film proche de l’extrême et qui n’est pas à montrer à tous les publics…
Ce
côté grivois n’est pas pour autant gratuit et permet de servir de levier pour rehausser
l’intrigue où Enzo Milioni nous balade complètement, il parvient à éclater les
codes giallesques pour se concentrer sur un scénario très habile et alambiqué
axé sur la névrose d’une femme, en l’occurrence Ursula (Barbara Magnolfi tient
ici LE rôle de sa carrière, la jeune femme est remarquable et très crédible)…
Au
fur et à mesure, la mosaïque scénaristique se reconstitue jusqu’à un final
effrayant et qui floue tout le monde, les interrogations multiples trouvent
enfin des réponses et la terreur est au rendez-vous de manière imparable !
Exhumé
miraculeusement par les éditions du Chat qui fume, « La sœur d’Ursula »,
outre ses qualités innovantes indéniables, est l’exemple typique de la
recherche de renouveler un genre qui semblait en perte de vitesse (on est en
1978) à l’orée des années quatre- vingts, Enzo Milioni moins connu que ses
illustres homologues Lenzi, Martino et autres Dallamano s’est plutôt bien
débrouillé et s’en sort honorablement, avec « La sœur d’Ursula » il n’a
copié personne et signe un des avatars les plus extrêmes du genre, que tout
cinéphile fanatique de gialli se doit d’avoir visionné, ne serait- ce que pour
sa REELLE originalité et son application visuelle, sa recherche de se démarquer
des codifications instaurées auparavant…
« La
sœur d’Ursula » est un film très intéressant qui ravira les cinéphiles
curieux et ouverts à toutes les nouveautés…
Note :
9/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire