de
Denys Arcand
2003
Québec/France
avec
Marie-Josée Croze, Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman, Louise
Portal
Drame
99
minutes
Budget :
5 000 000 dollars canadiens
César
2004 du meilleur film et du meilleur réalisateur
Cannes
2003 prix du meilleur scénario
Oscar
2004 du meilleur film étranger
Synopsis :
Montréal,
début des années deux-mille…
Rémy,
un homme d’une cinquantaine d’années, est hospitalisé pour un cancer, l’hôpital
dans lequel il est soigné souffre d’un manque de moyens et les malades des
urgences dorment dans des couloirs, Rémy, quant à lui, partage sa chambre avec
d’autres patients…
Son
ex- femme, Louise, est au début, la seule à son chevet, mais devant la
progression de sa maladie, elle prévient en urgence son fils Sébastien, un riche
ingénieur expatrié en Grande Bretagne, qui accoure voir son pauvre père ;
les deux hommes étaient fâchés et ne s’adressaient guère la parole, mais là,
devant la situation bien particulière, des liens se retissent entre eux…
La maladie
progresse inexorablement et c’est maintenant les métastases qui atteignent le
cerveau de Rémy ; Sébastien donne des pots de vins à des infirmiers et des
membres syndicalistes des services techniques de l’hôpital pour qu’on aménage à
Rémy une chambre seule, neuve, à l’étage inférieur où il se trouvait…
Puis
c’est Pierre, Dominique, Claude et les autres amis de Rémy qui lui rendent
visite, ils se remémorent les souvenirs de moments joyeux passés
ensemble ; Rémy ironise sur ses multiples conquêtes féminines, ses amis
lui apportent de bons petits plats…
La
souffrance due à la maladie est telle que Sébastien parvient à se procurer de
l’héroïne et la fait fumer à Rémy pour atténuer ses douleurs…
En
phase terminale de son cancer, Rémy décide de finir ses jours dans sa maison de
campagne, entouré de ses plus fidèles amis et de sa famille…
Un
voyage sans retour vers le ciel le guette…
Mon
avis :
Second
film d’un triptyque initié par le célèbre « Déclin de l’empire
américain », « Les invasions barbares » est un film à la
tonalité mélancolique souvent désamorcée par des moments de gaité et servie par
de très grands comédiens qui jouent juste, Denys Arcand ne prend jamais le
parti pris du pathos ou du larmoyant mielleux et choisit plutôt de nous montrer une « tranche de
vie » par le biais d’un homme atteint d’une grave maladie…
Arcand
mêle des thématiques comme les conflits intergénérationnels (la relation
difficile père/fils), la vie en hôpital, la franche amitié et les soins
palliatifs face au cancer ; le metteur en scène joue sur la corde avec
justesse malgré un élément scénaristique impossible et pas du tout crédible
(l’homme malade, Rémy, est en phase terminale d’un cancer, il devrait être
amaigri, dénutri et au teint malade, or, dans le film il n’en est rien !
l’acteur est de forte corpulence, parle distinctement, rigole avec ses amis,
c’est une erreur grave de la part d’Arcand car cette incongruité dessert
complètement son film !)…
Si
l’on passe outre ce gros problème de
crédibilité, on peut se laisser porter par ces « Invasions
barbares », le titre fait référence aux terroristes du 11 septembre 2001
et on peut aussi voir dans le terme « invasion » celle du cancer qui
ronge le corps de Rémy avec pour seule issue possible, la mort…
Le
personnage du fils incarné par Stéphane Rousseau est bouleversant, il fait des
pieds et des mains pour « améliorer » le confort de son père et ce,
dans un climat difficile ; le fils ira même jusqu’à braver la loi pour
trouver de l’héroïne à son père afin que celle-ci atténue ses souffrances dues
à la maladie…
« Les
invasions barbares » est un très beau film, Denys Arcand sait manier sa
caméra (le début est sidérant avec cette entrée dans les couloirs des urgences
de l’hôpital) et la poésie ambiante règne tout le long du métrage (Arcand
choisit de nous montrer le ciel pour nous faire deviner la mort de Rémy, ce
plan est magnifique !)…
Joué
de façon juste et au déroulement des plans très fluide et assez courts (Arcand
utilise beaucoup de fondus au noir), « Les invasions barbares » nous
laisse un sentiment rassérénant et ému, Denys Arcand choisit la manière
frontale dans la comédie dramatique mais refuse de choquer le spectateur comme
beaucoup d’autres réalisateurs auraient pu tomber dans ce piège…
Sur
un sujet hyper casse gueule, Denys Arcand s’en sort parfaitement et son film
est une petite merveille ; il a obtenu beaucoup de récompenses (Oscar,
Césars) et fit sensation au festival de Cannes en 2003, ces distinctions sont
amplement méritées…
Quasiment
un film d’auteur, « Les invasions barbares », outre la qualité
cinématographique qu’il déploie, séduira facilement les cinéphiles fans de
beaux films ou le public habitué aux comédies dramatiques qui évitent la
vulgarité, dans l’ensemble, on a là une des meilleures productions que le cinéma
québecois nous ait offerts depuis des lustres, les films venant de ce pays sont
tout de même plutôt rares donc il ne faut pas bouder « Les invasions
barbares », c’est un film immense à encourager fortement !
Note : 9/10
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